Ordre national du Mérite
Hasard de la trajectoire familiale : né à Tunis d'un père nordiste et d'une
mère corse, Eric Obeuf a grandi à Saint-Tropez, dans la fièvre des sixties. Et à
l'heure où les stars, Brigitte Bardot en tête, débarquaient sur la Côte d'Azur, il a
fait ses premières armes professionnelles à l'Hôtel de Paris.
Là encore, le hasard tient sa place puisque le propriétaire était un ami de son
père... qui ne voulait pas le voir rester inactif durant les vacances scolaires. C'est
là qu'il a découvert le métier et attrapé le virus. Là encore que, fou de football,
il a côtoyé les footballeurs de l'Olympique Lyonnais, vainqueurs de la Coupe de France
1964 et invités à Saint-Trop' par Marcel Aubour, gardien de but de l'équipe et fils du
propriétaire de l'hôtel !
Chasseur, bagagiste puis serveur au restaurant, Eric Obeuf ne finirait donc pas
fonctionnaire comme son père le souhaitait. « Il serait heureux de me voir sur ce
podium », déclarait-il l'autre soir, alors que Gérard Pélisson venait tout juste
d'épingler sur sa poitrine la médaille de chevalier de l'Ordre national du Mérite.
Désormais installé à Lyon, où trois de ses quatre enfants sont nés, il y fut de 1976
à 1980 l'adjoint de Lucien Chapat - qui avait fait l'ouverture du Sofitel Lyon-Bellecour
en 1969 -, avant de lui succéder dans le bureau directorial il y a tout juste neuf ans.
Entre temps, une formation à l'hôtel Coburg à Londres, à l'hôtel Excelsior de
Cologne, avant de « participer à l'ouverture » du Byblos à Saint-Tropez, de découvrir
le charme du travail de salle au Plaza Athénée à Paris, de passer par les hôtels
Sofitel de Nantes et de Porticcio où il a côtoyé six ans durant, et avec bonheur, Edgar
Faure qui venait y passer ses vacances.
« J'aime les gens et la chaleur humaine », explique-t-il si l'on s'étonne que
son hôtel figure parmi les mieux fréquentés de la ville. « Vous êtes le premier
hôtelier de Lyon », n'a pas hésité à lui dire Gérard Pélisson avant de lui
confier une seconde direction, celle de l'ex-Holiday Inn qui devrait être rebaptisé
Grand Hôtel Mercure. « Il n'y a aucun secret à la réussite, sinon l'osmose avec un
personnel épanoui et souriant que ressentent et apprécient les clients. On a les gens
que l'on mérite et je n'oublie jamais d'où je viens », dit-il encore, incapable de
distinguer parmi les moments forts d'une carrière où il a côtoyé Alain Delon, Bill
Clinton et Mikhaïl Gorbatchev ; participé à la remise de la Légion d'Honneur d'Alfred
Hitchcock et au mariage de Régine au Plaza Athénée ; dîné avec Robert Maxwell sur son
bateau en Corse ; fait du ski nautique avec Jean-Michel Jarre, du tennis avec Raymond Kopa
et pêché avec Victor Lanoux, celui qui l'a le plus marqué !
J.-F. Mesplède jfmesplede@lhotellerie-restauration.fr
Remise de la médaille par Gérard Pélisson.
L'HÔTELLERIE n° 2590 Hebdo 3 Décembre 1998