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La CGIS cherche à céder son patrimoine hôtelier

La Compagnie générale d'immobilier et de services entend céder son patrimoine hôtelier. Plusieurs candidats seraient en lice parmi lesquels Accor, associé à un partenaire financier.

Depuis l'arrivée de Jean-Marie Messier à la tête de Vivendi (ex- Compagnie générale des eaux), la stratégie du premier employeur privé français est claire et nette. Il s'agit pour cette entreprise de conserver les activités les plus rentables et céder celles qui "plombent" trop lourdement ses comptes. Parmi ces dernières figure en tête de liste l'immobilier. Constitué pour l'essentiel au début des années 90, ce pôle, qui aujourd'hui est inscrit au bilan de la CGIS, (filiale du groupe spécialisée dans l'immobilier et les services), a bien sûr d'ores et déjà subi ces dernières années un régime particulièrement drastique (vente de propriétés pour un montant de 5,5 milliards de francs en 1997). Mais, se définissant comme "un industriel de l'immobilier" et non une foncière destinée à accumuler des actifs, il lui reste encore à élaguer. D'autres cessions devraient ainsi avoir lieu au cours des prochains mois.
Outre un retrait prévu dans de grandes opérations d'aménagement, la filiale de Vivendi s'apprête maintenant également à négocier la vente de ses propriétés hôtelières. Le projet ne date certes pas d'hier. L'embellie apparue ces derniers mois dans l'hôtellerie, notamment en France, fait néanmoins le larron. Pourquoi en effet ne pas profiter du moment opportun pour valoriser un patrimoine et vendre au plus offrant. D'autant qu'il n'existe guère, à l'heure actuelle, d'affaire aussi intéressante en Europe tant sur le plan qualitatif que stratégique.

Un parc essentiellement parisien
Via sa filiale de gestion hôtelière, la CGHS(Compagnie générale d'hôtellerie et de services), l'entreprise française exploite effectivement un très joli parc d'hôtels et de restaurants de charme comprenant deux enseignes distinctes : 42 Libertel (deux et trois étoiles, regroupés en trois catégories selon les aménagements et les services offerts : Libertel Grande Tradition, Libertel Tradition et Libertel) et 8 Westin Demeure Hôtels (quatre étoiles). Soit au total quelque 3 000 chambres dont près de 2 600 se situent exclusivement au cœur de Paris (hormis une unité à Pantin).
A l'exception d'une petite dizaine de contrats de gestion ou d'accords commerciaux (tels les hôtels L'Horset par exemple et le restaurant Le Doyen), la grande majorité de ces établissements avait été achetée par la Compagnie Immobilière Phoenix (CIP) voilà bientôt près de huit ans. Cette aventure hôtelière avait commencé en mai 1990 par le rachat de la chaîne La Parisiane au groupe Jeandet (une vingtaine d'hôtels classés deux et trois étoiles). Quelques mois plus tard (en juillet de la même année), la CIP prenait aussi le contrôle d'un autre groupe parisien baptisé Cidotel (11 unités).
Frappée de boulimie d'achats immobiliers, la Compagnie, alors dirigée par Jean-Marc Oury, n'avait bien sûr pas manqué également d'essaimer hors des frontières nationales en s'installant dans des métropoles telles Londres, Amsterdam, Bruxelles ou bien encore Genève. Des implantations prestigieuses dont la plupart ont été en outre luxueusement décorées et meublées par de grands architectes.

Fonds américains
Considéré par certains experts comme l'oiseau rare de l'hôtellerie française, le pôle hôtelier de Vivendi suscite évidemment de nombreux intérêts. D'autant plus que, sous la houlette de son actuel directeur général, Agnès Bourguignon, les résultats d'exploitation ont semble-t-il fortement progressé au fil du temps. "Le chiffre d'affaires global dégagé par les Westin Demeure Hôtel a progressé de 24 % en 1997. Quant à celui réalisé par les Libertel, il a enregistré une hausse de 11 % l'an dernier avec un taux d'occupation de 75 % et un prix moyen chambre de 523 francs HT, hors petit-déjeuner", indiquait cet été Agnès Bourguignon. Et d'ajouter : "Avec la reprise économique, l'impact de la Coupe du Monde de Football et nos solides équipes commerciales (40 personnes au total), nous devrions réaliser un bon exercice 98."
Des informations qui ont de quoi attiser les appétits des groupes hôteliers notamment internationaux. Selon des sources proches du dossier, Colony Capital - fonds américain spécialisé dans les investissements à contre-cycle dont la moitié du portefeuille est dans l'hôtellerie et le représentant en Europe n'est autre qu'Hervé Bazin (ancien d.g. de l'Immobilière Hôtelière) - aurait d'ailleurs bien failli cet été décrocher la timbale en proposant la somme de 2,7 milliards de francs. Les discussions auraient-elles achoppé pour des raisons financières ? Ou encore parce que Vivendi souhaiterait véritablement conserver son métier de gestionnaire dans le secteur hôtelier ? Pas de réponse concrète pour le moment !
Toujours est-il que d'autres candidats déclarent maintenant être prêts à déposer de nouvelles offres. Parmi eux figure le groupe Accor, associé à un partenaire financier (le nom de Colony Capital est souvent cité). Un partenariat qui permettrait en effet d'alléger l'investissement en capital pour le conglomérat français, tout en gardant la maîtrise industrielle. Autre postulant évident, la banque d'affaires Goldman Sachs, via Westmont Hospitality, qui rachète des établissements hôteliers à tour de bras depuis quelque temps (Alliance Hôtellerie, le Royal Riviera, les résidences Citadines et Orion, l'Ibis Nation, l'ancien hôtel Mercure du boulevard Vincent Auriol, la chaîne Timhôtel, le Montalembert, les unités Queens Moat françaises et belges...).
Du côté de l'Américain Marriott, les porte-parole français restent muets sur le dossier. Quant à Starwood, il lui faudrait trouver beaucoup de cash pour enlever la partie, ce dernier devant digérer ces récentes acquisitions à savoir Sheraton et Westin. Reste la banque d'affaires privée américaine Blackstone. D'après certaines informations, elle étudierait sérieusement l'affaire CHIS. Une attitude qui paraît sensée sachant qu'à travers deux fonds, la banque a acquis en moins de cinq ans quelque 6 000 chambres d'hôtels de luxe. Sans oublier la récente reprise du groupe britannique londonien Savoy.
Sans aller jusqu'à tirer des plans sur la comète, une chose est a priori certaine, ce petit joyau hôtelier ira très probablement au plus offrant.
C. Cosson ccosson@lhotellerie

Parc hôtelier haut de gamme de la Compagnie générale d'hôtellerie et de services (CGHS)

. 8 Westin Demeure Hotels
. Astor, Paris 8e, 134 chambres
. Baltimore, Paris 16e, 105 chambres
. Castille, Paris 1er, 107 chambres
. Marignan-Elysées, Paris 8e, 73 chambres
. Le Parc, Paris 16e, 120 chambres
. 47 Park Street, Londres, 52 suites d'une et deux chambres
. The Grand, Amsterdam, 182 chambres
. Hôtel d'Angleterre, Genève, 45 chambres et suites


L'HÔTELLERIE n° 2590 Hebdo 3 Décembre 1998

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