L'année 1998 aura définitivement été une bonne année pour l'hôtellerie
française. Des résultats que certains n'imaginaient plus possibles depuis longtemps,
s'affichent aujourd'hui sous forme de bilan. Amorcée avec l'augmentation des taux
d'occupation, la reprise s'est vite confirmée et a, dès lors, permis une sensible
évolution des prix moyens. Les clients reprennent le pli, réservent leurs chambres à
l'avance et acceptent déjà de payer plus cher.
Aux hôteliers de savoir au mieux, et au plus vite, maîtriser ce succès. Contraints
plusieurs années de suite à faire d'importants efforts sur les prix pour préserver une
activité, les hôteliers n'ont pu investir dans leur outil de travail comme ils auraient
dû le faire. Et dans bien des cas, aujourd'hui, cette absence d'investissement se voit.
Ceux qui choisiront de continuer sans rénovation afin de mieux reconstituer leurs marges
s'exposeront au danger de la concurrence. En 10 ans, les niveaux d'exigence des clients
ont considérablement évolué : repliés sur eux-mêmes du fait de la crise, ils se sont
davantage investis dans le confort de leur résidence et attendent de l'hôtellerie
qu'elle leur fournisse une prestation, un confort, de qualité équivalente, voire
supérieure à ce qu'ils ont chez eux.
A l'heure où les magasins qui proposent le relookage total des salles de bains des
habitations ne désemplissent pas de clients qui choisissent d'emprunter pour faire de
leurs sanitaires des « salons privés », on voit mal comment certains hôtels pourront
tenir en proposant des décorations qui datent, en matière de salles de bains, des
années 80 ! Les clients se plieront à l'augmentation des tarifs des chambres d'hôtels
mais, tant qu'à payer, ils chercheront les produits les plus modernes, les mieux
rénovés et seront rapides à délaisser certaines adresses. Un choix qui se fera
d'autant plus facilement que dès les débuts de l'année 98, pour mieux profiter de cette
reprise, certains hôtels, en particulier de chaînes, ont préféré devancer le besoin
et ont investi dans la rénovation, creusant encore plus l'écart avec les autres. L'enjeu
est important, il y va de la survie de toute une partie des entreprises. Seuls les réels
entrepreneurs résisteront.
P.A.F.
L'HÔTELLERIE n° 2596 Hebdo 14 Janvier 1999