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Marseille-Provence

Les chefs de Provence et les professionnels du tourisme à la conquête de New York

Du premier au 20 mars, la brigade du Sofitel Marseille-Vieux Port, conduite par son chef, Dominique Frérard, prendra en main le restaurant des Nations Unies à New York et servira ses 300 clients quotidiens, tandis que, dans la mégalopole, plusieurs chefs de la région marseillaise investiront les cuisines de leurs confrères américains, et qu'hôteliers, prestataires de services et agences réceptives rencontreront les tour-opérateurs. Cette vaste opération de promotion touristique et économique de la région provençalo-marseillaise est menée par la CCI de Marseille-Provence sur une initiative de Georges Antoun, le président de la commission tourisme et de Provence Alpes Tourisme International.

C'est la première fois que le restaurant de l'organisation internationale va promouvoir ainsi la cuisine d'une région. Jusqu'à présent en effet, il n'organisait que des semaines gastronomiques au niveau des pays. Mais aux Etats-Unis, la Provence est plus qu'un état : c'est un mythe, et les magasins vendant des produits provençaux, souvent fabriqués ailleurs qu'en France, ont un succès phénoménal. Alors, pourquoi les professionnels de Provence et de Marseille, sa capitale, ne profiteraient-ils pas de cet engouement pour se vendre ?

"La gastronomie et le tourisme ont entraîné les autres secteurs de l'économie..."
Le projet est presque né d'une boutade, alors que Georges Antoun discutait à bâtons rompus avec Bernard Bazot, directeur régional d'Air France : et si des restaurateurs de Marseille et de sa région investissaient le restaurant de l'ONU pour faire découvrir leurs trésors aux New-Yorkais ?
L'idée a fait alors son chemin, convainquant les élus de la CCI de Marseille-Provence, à commencer par son président, Claude Cardella. Tous les partenaires institutionnels (ville, région, département) se sont ensuite mobilisés pour soutenir le dynamisme des professionnels au-delà des clivages politiques, ce qui, à Marseille, n'a de loin pas toujours été le cas...
Du coup, le projet a pris de l'ampleur. Autour de la manifestation gastronomique initiale, qui reste l'opération-phare, se sont greffées d'autres actions dans divers secteurs économiques. Une cinquantaine d'entreprises, de l'agroalimentaire à la technologie avancée en passant par les arts de la table, en profiteront pour aborder le marché américain, sous différentes formes, avec l'aide du Poste d'expansion économique de New York, dirigé par... un ancien Marseillais.
"Le tourisme reste cependant la clef de voûte de l'opération, et cela démontre de manière éclatante le rôle moteur qu'il joue désormais dans l'économie, grâce à son chiffre d'affaires certes, mais aussi grâce à l'image de "bien-vivre" qu'il génère et qui attire les investisseurs et les clients étrangers dans tous les secteurs...", se réjouit Georges Antoun.

Les Maîtres cuisiniers de Provence à l'honneur...
La CCI a choisi le restaurant du Sofitel Marseille-Vieux Port, les Trois Forts, pour représenter aux Nations Unies les couleurs de la Provence car il était le seul à pouvoir assumer le cahier des charges très strict imposé aux organisateurs et à pouvoir se passer pendant un mois d'une brigade entière. Dominique Frérard, Maître cuisinier de France depuis mai dernier, prendra donc les rênes de la cuisine de l'ONU, avec l'aide du chef en exercice, et dirigera une vingtaine de personnes de toutes nationalités.
"La cuisine de Provence sera servie tous les jours à déjeuner, soit sous forme de buffet, soit à la carte, à 300 clients, pour moitié du personnel de l'ONU, et pour moitié du personnel d'entreprises américaines, et je suis très fier de représenter ainsi les professionnels de ma région. C'est un rêve ! Je suis déjà allé en repérage et je sais que tout va bien se passer : la plupart des termes techniques culinaires sont français, et, de toute façon la meilleure manière de parler, c'est de montrer..."
Parallèlement, cinq Maîtres cuisiniers de France provençaux conduits par Francis Robin, délégué régional, Le Mas du Soleil à Salon, s'installeront aux fourneaux de restaurants new-yorkais tenus par leurs homologues américains et une vingtaine d'autres établissements de la mégalopole inséreront un menu provençal dans leur carte habituelle.

Des séminaires avec les tour-opérateurs américains...
Une trentaine d'entreprises du tourisme, dont de nombreux hôteliers, quelques agences de voyages réceptives et quelques prestataires d'activités de loisirs traverseront par ailleurs l'Atlantique avec la CCI pour prospecter le marché américain. Provence Alpes Tourisme International et son partenaire américain, Jet Vacations, ont organisé à leur intention diverses actions de promotion touristique, avec le soutien de Maison de la France, d'Air France et la participation du Comité régional du tourisme Provence-Alpes Côte d'Azur, la ville de Marseille avec son office du tourisme et des congrès.
Au menu : petits-déjeuners séminaires et travelmarts pour rencontrer les TO américains, à New York mais également dans d'autres villes des USA, soirée- VIP tourisme, accueil de la presse touristique américaine, opération de promotion des congrès à Marseille en coopération avec le groupe Allior et KPMG consultants, soirée de promotion de la destination Marseille en Méditerranée par le Club de la Croisière de Marseille qui participera au Sea Trade de Miami...
« Il n'était pas concevable que la ville ne participe pas activement à cette opération, affirme Dominique Vlasto, adjointe au tourisme de Marseille, car c'était pour nous l'occasion ou jamais de consolider l'image de Marseille sur les marchés lointains, particulièrement l'Amérique, qui nous ont découverts à l'occasion de la Coupe du Monde. » Et le président du CRT Provence-Alpes-Côte d'Azur, Patrick Menucci, de renchérir : « Marseille a besoin d'être traitée comme ce qu'elle est : la capitale de la Provence, et nous tenons à ce que cette opération serve avant tout au développement de son image. Par ailleurs, sur les 950 000 touristes américains venant en PACA chaque année, 370 000 seulement se rendent en Provence, nous avons donc une marge de progression... »
Le groupe hôtelier Accor, qui, dans les six années à venir, prévoit d'ouvrir une trentaine de Sofitel aux USA, dont un à New York construit d'ici l'an 2000 par Constructa, société marseillaise, a été un partenaire actif dans le montage de l'opération Outre-Atlantique.
« C'est la première fois depuis longtemps que Marseille organise une mission économique de grande envergure, mobilisant tous les partenaires, et c'est, à nos yeux, primordial. C'est pourquoi Accor s'y est investi à fond », s'enthousiasme Marc Thépot, directeur régional Provence-Alpes-Côte d'Azur du pôle Affaire et Loisirs du groupe. « Notre ambition dans la région marseillaise est en effet d'être un acteur privé se positionnant un peu comme un partenaire institutionnel, ne défendant pas seulement ses intérêts particuliers mais mettant le poids qu'il représente dans l'économie locale au service de tous. Autres aspects très positifs : cet événement va fédérer à l'export les acteurs locaux, comme la Coupe du Monde de Football les avait fédérés en interne, et va créer entre eux des liens qui perdureront ensuite. C'est aussi la première fois que les acteurs du tourisme sont tirés, non par les institutions, mais par la CCI, qui reprend ainsi la main. »
« Et si en prime, l'intervention du chef du Sofitel Marseille-Vieux Port au restaurant de l'ONU permet de rénover l'image globale de la restauration de chaîne, nous aurons vraiment gagné », conclut Marc Thépot.
Le groupe Air France, partenaire depuis le début de cette opération est sur le plan local très impliqué. Bernard Bazot, le directeur régional d'Air France explique : "Cette opération tombe à point pour nous. Depuis juillet dernier nous avons enregistré une croissance de 30 % des ventes au départ des Etats-Unis et du Canada. Le marché est porteur, le potentiel est là. Il nous appartient de l'exploiter davantage. Pour moi qui ai vécu 5 ans à New York, l'opération telle qu'elle est conduite, sera un réel succès."
L. Casagrande

L'HÔTELLERIE n° 2596 Hebdo 14 Janvier 1999