Accor
L'environnement, c'est l'affaire de tous ! Y compris des opérateurs
touristiques. En tous les cas, c'est ce que pense le président du directoire d'Accor,
dont l'entreprise est membre fondateur de deux associations axées sur ce thème
(l'International hotels environment initiative et Green globe). "L'environnement
est la matière première de nos métiers d'hôtellerie et de tourisme. C'est aussi une
façon concrète d'améliorer nos services aux clients...", a d'ailleurs
déclaré Jean-Marc Espalioux, la semaine dernière, lors de la signature d'un
accord-cadre avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
Des paroles qui, loin de n'être que "belles", s'accompagnent de véritables
actions au sein du conglomérat français. Depuis le Sommet de Rio, en 1992, au terme
duquel le groupe avait pris la décision de créer un département environnement dont la
direction fut confiée à Thierry Mueth, l'eau a effectivement coulé sous les ponts, mais
de manière fructueuse. Après avoir réalisé un premier document portant sur les
problèmes liés à l'environnement dans le cadre de l'exploitation d'un
hôtel-restaurant, "Triera bien qui triera le dernier" (primé en 1996 au
Festival international de la bande dessinée d'Angoulême), Accor est aujourd'hui passé
de la théorie à la pratique en impliquant l'ensemble des collaborateurs dans sa
démarche environnementale.
L'an passé, une "Charte environnement de l'hôtelier" a ainsi été mise en
place dans les 1 500 hôtels du groupe en Europe et est désormais appliquée dans tous
les établissements implantés en Australie et Nouvelle-Zélande.
Huiles de cuisine usagées
Un outil efficace pour sensibiliser, d'une part la clientèle et d'autre part chaque
membre du personnel, à la préservation de l'environnement. Car, qu'on le veuille ou non
en effet, un hôtel pollue sacrément l'atmosphère. Il suffit d'observer les tonnes de
déchets rejetés par ce type d'entreprise, sans oublier "de humer" les huiles
de cuisine usagées pour savoir qu'il y a encore fort à faire dans ce domaine. Reste que
la Charte environnement, accompagnée d'un manuel de formation intitulé le Guide
environ-
nement de l'hôtelier, se veut être justement l'outil pédagogique indispensable afin
de s'engager dans une véritable chasse à la pollution. Elle comprend d'ailleurs quinze
actions concernant la gestion et le recyclage des déchets (collecte sélective des
papiers de bureau, des journaux, des cartouches d'encre...), le contrôle technique
(auto-contrôle des consom-
mations d'énergie, d'eau...), l'architecture et le paysage, la sensibilisation et la
formation. Les quinze dites actions devant être réalisées sur deux ans par les équipes
des hôtels concernés.
En informant son personnel et décrivant les bonnes attitudes à adopter en matière
d'environnement, Accor espère ainsi par exemple parvenir à réduire, réutiliser et
recycler 30 % des déchets de chaque établissement. "Nous avons à ce propos
travaillé sur le buffet petit-déjeuner Novotel en cherchant à éliminer le plus
possible l'emballage individuel", explique Thierry Mueth, directeur de
l'environnement. Et d'ajouter : "Cette même chaîne trois étoiles a créé son
propre produit concernant les distributeurs automatiques de shampooing et savon."
Un hôtel "propre" en Ile-de-France
Autre objectif de cette politique environnementale : maîtriser les consommations
d'énergie et d'eau. Grâce à des analyses établies à partir d'un échantillon de 120
hôtels représentatifs, les directeurs d'unité peuvent maintenant auto-évaluer leur
consommation d'énergie et d'eau et corriger le tir le cas échéant. Accor a mis en place
par ailleurs un vaste programme d'audit pour l'utilisation de l'énergie solaire destinée
à la production d'eau chaude sanitaire. Parmi les 17 établissements concernés par ce
projet en 1998, il faut noter que les capteurs solaires thermiques installés au Novotel
Fleur d'Epée (Guadeloupe) ont couvert 80 % des besoins de l'hôtel en production d'eau
chaude. Quinze autres installations de ce type sont d'ores et déjà prévues en 1999 dont
une en Corse, quatre dans le sud de la France, cinq en Espagne, l'ensemble des unités
situé aux Antilles françaises, l'Ile de la Réunion et l'hôtel de Sarakawa au Togo.
Sur sa lancée "verte", le groupe s'est aussi penché sur la qualité
environnementale de ses nouveaux bâtiments. Associé à "Haute qualité
environnementale", le géant de l'hôtellerie planche ainsi sur la construction d'un
hôtel "propre" dans la région IDF. Sans oublier en outre sa politique de mise
en avant des labels écologiques européens (référencement de fournisseurs pour le linge
des chambres) et la promotion du véhicule électrique (30 parkings équipés en 1998).
Mais, mieux encore ! Accor a en outre décidé de faire coïncider sa politique en faveur
de l'environnement avec des opérations locales. Autrement dit, chaque responsable
d'établissement devra prévoir sa participation à une action "verte"
extérieure au cadre de l'hôtel. Au Touquet, les équipes ont d'ores et déjà participé
au nettoyage de la plage. En région parisienne, l'hôtel Ibis Paris La Villette a
organisé la collecte de savonnettes usagées, qui après reconditionnement, sont
expédiées à des écoles et un orphelinat. A Marseille, outre une action portant sur le
traitement des déchets en partenariat avec la mairie, plusieurs exploitants se mobilisent
en faveur du reboisement et de la protection de la montagne Sainte-Victoire. Une
implication collective qui fait preuve de civisme !
C. Cosson ccosson@lhotellerie-restauration.fr
Jean-Marc Espalioux, président du directoire d'Accor et Pierre Radanne,
président de l'ADEME, ont signé un accord afin de mettre en place une politique de
maîtrise de l'énergie et de la préservation de l'environnement.
L'HÔTELLERIE n° 2597 Hebdo 21 Janvier 1999