Tourisme
La "chute"s'est fait certes sacrément
attendre. Mais, au final, il n'y a pas eu, cette fois-ci, contrairement à la cession de
la chaîne Méridien en 1994 vendue au Britannique Forte, de rebondissement de dernière
minute. Le conglomérat français Accor va en effet bel et bien racheter le pôle tourisme
de SNCF Participations, nouvelle dénomination du groupe SCETA (filiale de la SNCF). En
décembre dernier, le transporteur national avait d'ailleurs d'ores et déjà clairement
annoncé "la couleur" en précisant qu'il était alors en "discussion
exclusive" avec l'entreprise fondée par Gérard Pélisson et Paul Dubrule.
Les négociations se sont cependant aujourd'hui concrétisées. Un protocole d'accord
prévoyant l'acquisition de 65 % du capital de Frantour a effectivement été signé,
vendredi dernier, par les deux protagonistes en question. Accor étendant en outre son
offre aux actionnaires minoritaires qui détiennent les 35 % restants du capital. Reste
maintenant à obtenir l'approbation des pouvoirs publics, et le tour sera définitivement
joué. La SNCF, qui cherchait à restaurer assez vite ses comptes, se sera de fait
désengagée à la fois de sa branche restauration de gares (268 MF de chiffre d'affaires,
soit 40,86 millions d'euros), cédée à l'Italien Autogrill pour la somme de 320 MF (48,8
millions d'euros), et de son activité tourisme.
Partenariat commercial avec la SNCF
Cette vente, dont le montant n'a pas été révélé, permet en effet au groupe Accor de
reprendre l'ensemble du pôle tourisme de la filiale de la SNCF (chiffre d'affaires annuel
1997 de 1,48 milliard de francs), soit une trentaine d'hôtels (13 en pleine propriété,
2 en gestion et 18 en concession de marque à ce jour), 86 agences de voyages exploitées
sous enseigne Frantour ou Sud-Ouest Voyages et la branche tour-opérating.
Une opération qui non seulement donne l'occasion à l'entreprise française de consolider
ses positions hôtelières à travers l'Hexagone (en particulier sur Paris, dans les Alpes
et sur la Côte d'Azur), mais renforce également sa présence dans le secteur du
tour-opérating avec l'apport de huit sociétés (en France, Allemagne, Belgique, Suisse,
Grande-Bretagne, Pays-Bas, Espagne...). D'autant plus fortement d'ailleurs dans cette
dernière activité que, d'après Accor, "cette acquisition s'inscrit dans le
cadre plus large d'un partenariat stratégique et commercial avec la SNCF". Les
détails de cette nouvelle "alliance" seront en l'occurrence présentés par le
patron de la Société des chemins de fer, Louis Gallois, et Jean-Marc Espalioux,
président du directoire d'Accor, le 19 février prochain.
Reste à savoir désormais quelle sera la politique d'enseigne choisie par le conglomérat
français. A première vue, les établissements arborant l'enseigne Frantour ont tout du
profil des unités Mercure. Tout comme les hôtels-clubs s'assimileraient eux volontiers
à la gamme des Coralia, marque de l'hôtellerie de loisirs développée par le groupe
Accor. Si un inventaire du parc semble a priori nécessaire avant de mettre en place de
nouvelles marques, plusieurs concessionnaires Frantour se déclarent eux en revanche
inquiets quant à leur avenir. Ne sachant pas encore à quel saint se vouer, ils attendent
en effet les directives des éminences grises. Avec d'autant plus d'impatience qu'un
certain nombre de leurs contrats arrivent à échéance d'ici la fin de l'année.
C. Cosson
L'HÔTELLERIE n° 2600 Hebdo 11 Février 1999