Dans les écoles hôtelières
Pour sensibiliser ses élèves aux réactions des non-voyants, l'école hôtelière périgourdine donne des cours les yeux fermés. Et place ses futurs professionnels en situation réelle.
Pendant deux heures, les élèves de l'école supérieure d'hôtellerie de Savignac en Dordogne - futurs responsables d'hôtels ou de restaurants -, se sont promenés dans les rues de Périgueux, les yeux occultés par un bandeau totalement opaque. L'objectif de ce cours atypique de Georges Gravé, directeur pédagogique de l'école, est de montrer concrètement aux étudiants les difficultés éprouvées par les personnes atteintes de cécité et de chercher "comment réagir, accueillir, servir" cette clientèle aux besoins particuliers. Pour les aider dans cette démarche, Alain Rethore, atteint de cécité totale depuis plus de quarante ans, a accepté de participer au cours et d'apporter son témoignage. "Ce stage s'intègre dans les modules de développement personnel, et dans l'apprentissage" sur le terrain, de situations sortant de l'ordinaire. Deux groupes de vingt élèves l'ont suivi. "Aujourd'hui d'ailleurs, des grands chefs prennent également conscience de la nécessité de s'adapter et sortent des cartes de menu en braille", commente le responsable pédagogique.
Servir les différences
Autre but de cette classe hors normes, libérer les futurs hôteliers "du
malaise" ressenti face à des personnes handicapées avant qu'ils ne s'y retrouvent
confrontés dans leur vie professionnelle. "Etre non-voyant n'oblige pas les
autres à nous aider, déclare-t-il encore. Nous sommes comme tout le monde, et
nous partageons le même territoire. Le tout est de cohabiter", leur a par
exemple expliqué Alain Rethore. Dans la seconde moitié du cours, une partie des
étudiants s'est attablée, les yeux toujours bandés, une autre les servant. "Ces
exercices très fortement intégrés dans un discours d'entreprise, et leur application en
réel, ont une importance pédagogique énorme, souligne Georges Gravé. Les
étudiants confrontés à des personnes "différentes", vivant par ailleurs au
mieux leur handicap, ont vite perçu les données des problèmes auxquels ils pourront un
jour être confrontés."
L'HÔTELLERIE n° 2602 Hebdo 25 Février 1999