L'Académie Accor et l'Eshotel de Tourcoing
Les animateurs de formation de l'Académie Accor (l'université interne du groupe) participent au sein d'Eshotel à des actions destinées aux futurs cadres des sections supérieures de BTS. Les formations visent deux thèmes, la formation de formateurs et les "clés de la communication". "Les futurs cadres auront parmi leurs objectifs essentiels la transmission de savoir à leurs jeunes commis, employés de salle ou de réception", explique Pierre Bouvier. Or, "sans dénigrer le corps enseignant traditionnel, la pédagogie des professeurs est différente de celle des animateurs de formation continue. L'idée s'est vite révélée pertinente. Les étudiants sont surpris et en redemandent". Il s'agit en fait de préparer plus directement les étudiants à une fonction de management en utilisant les méthodes de la formation professionnelle interne à l'entreprise. Selon Pierre Bouvier, il s'agit d'une innovation dans le monde des écoles hôtelières. Le partenariat entre Eshotel Tourcoing et Accor va loin. Outre les séminaires animés par les formateurs Accor au profit des étudiants, il faut citer les conférences faites par les directeurs d'hôtel sur leur carrière et sur les méthodes de gestion et de commercialisation modernes, les interventions en formation pratique des chefs de cuisine Accor pendant les séances de formation pédagogique préparatoires aux épreuves d'examens, les visites et l'organisation des stages tout au long de la scolarité, les réunions des tuteurs et la conception du suivi des formations en alternance pour les nombreux contrats de qualification signés dans les différentes marques du groupe Accor.
Une formation plus concrète
En 1999, on ira encore plus loin. Parmi différentes opérations, à noter le programme
"48 heures avec un directeur". Les meilleurs de la promotion passeront ainsi
deux jours avec un directeur pour découvrir la réalité de la vie d'un chef d'entreprise
hôtelière. De retour, ils devront exposer de manière aussi vivante que possible ce
qu'ils auront vécu. Le programme "un jour, un hôtel" consiste, explique la
direction d'Eshotel, "à confier la totalité de l'exploitation d'une unité
d'hôtellerie et de restauration à une classe entière qui tient, sous la surveillance
discrète des chefs de service, l'ensemble des fonctions pendant une journée
d'exploitation depuis l'ouverture jusqu'à la fermeture". L'action est soutenue "par
une pédagogie appropriée avant et après". Troisième exemple, le programme
"contrôle qualité" : les étudiants viennent tester de manière anonyme
les prestations d'une unité du groupe Accor, et rendent un rapport complet au directeur.
L'action est préparée par une formation aux techniques en rapport, et, précise Eshotel,
"par un enseignement à la psychologie du contrôle et à la diplomatie dans la
rédaction des rapports de visite". A juger sur pièce, sans autre commentaire.
Accor, poussé par Paul Dubrule, investit dans le Nord, et Eshotel embrasse la cause. Sans
parler d'intégration pure et simple, on peut noter que la direction d'Eshotel participe
aux réunions du club Accor du Nord qui rassemble les différentes marques du groupe dans
cette région. Les orientations d'Eshotel sont confiées à un comité de pilotage qui
réunit, grâce à l'influence forte d'Accor dans la région, des hommes politiques, des
directeurs d'hôtel bien sûr, des chefs d'entreprise, personnalités d'affaires d'autres
secteurs, l'ANPE... Mais n'est-ce pas trop intégrer les étudiants dans l'univers Accor
alors qu'ils n'ont pas encore effectué de choix de carrière ? Pierre Bouvier réfute
l'objection : "Non, nous gérons les interventions du groupe Accor chez nous, non
pas au hasard mais dans le cadre d'une politique. Gilles Honegger, responsable de la
formation du groupe, siège à notre conseil d'administration avec Louis Deretz,
responsable des relations extérieures Accor dans la région Nord. Nous y décidons qui va
faire quoi. Dans l'intérêt des étudiants. Mais ils restent maîtres de leur destin. Il
est impossible d'imposer une orientation aux jeunes, et cela dès le choix des stages
inclus dans la scolarité."
A. Simoneau
L'HÔTELLERIE n° 2602 Hebdo 25 Février 1999
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