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La Rochelle

Une overdose hôtelière

L'INSEE locale publie des chiffres inquiétants, tandis que l'on annonce la construction de trois établissements supplémentaires. Les réactions sont mitigées, certains pensant qu'il y a de la place et des clients pour tous.

Intra-muros, la capitale océane des Charentes recense 44 établissements, 1 600 chambres, dont 25 hôtels de 2 étoiles, 12 de 0 ou 1étoile, 7 3 étoiles. Ne sont pas pris en compte les enseignes implantées en périphérie, ni les hôtels dits de préfecture. Côté nuitées, le tout représente, en 97, 517 000 unités, soit seulement 17 000 de plus qu'en 94, avec une clientèle d'affaires assez faible (41 %) prouvant que la profession vit avant tout de l'activité touristique. Le taux d'occupation moyen frise les 54,7 % avec des temps forts (mois d'été, fêtes de la Mer, festival international du film, Francofolies) et des hivers très faibles à seulement 25 %.
Les étrangers passent encore assez peu par La Rochelle (73 000 nuitées en 97) les Britanniques étant ceux qui apprécient le plus l'endroit, suivis par les Allemands. Ceci malgré un coût raisonnable de 243 F la nuit, ce chiffre étant à relativiser selon les saisons et la catégorie de l'établissement. Toutes ces données sont en partie à l'origine de la recommandation émise par la communauté des communes, via sa Charte d'urbanisme, qui conseille "le gel de construction d'hôtels 0 et 1 étoile dans l'agglomération jusqu'en 2002".
"La Rochelle est en position de surcapacité, déclarait récemment Antoine Majou, le président du syndicat local. La saison 98 n'a pas été mauvaise, et il ne faudrait pas pour autant développer tous azimuts, risquant de dérégler un marché fragile."
Car c'est là le problème, La Rochelle va construire. Sont annoncés un projet 1 étoile vers la gare, un autre de 2 étoiles aux Minimes, et un quatre étoiles au Gabut, établissement de haut standing appelé à grands cris par Michel Crépeau, maire, qui estime "que c'est un plus attendu par une clientèle internationale".

Des hôtels et des hommes
Sur le fond, l'arrivée d'un ensemble de prestige à deux pas du port n'est pas négative, la ville pouvant ainsi espérer récupérer une clientèle haut de gamme fréquentant également son centre des congrès. Les professionnels ne sont pas opposés au projet, si l'on en croit Antoine Majou.
"Sur le principe, je suis pour, s'exprimait-il dernièrement dans Sud Ouest. Notre ville et le département ont besoin d'un établissement haut de gamme, et il est important de disposer d'une offre assez large. De plus, les décideurs qui le fréquenteront pourront peut-être devenir des investisseurs potentiels dans La Rochelle."
Le problème semble plutôt se poser en matière de clientèle de masse. Le futur 1 étoile, face à la gare, doté de 85 chambres, aura déjà fait couler beaucoup d'encre, soutenu par l'architecte rochelais Michel Dufour, par ailleurs opposant convaincu du 4 étoiles du Gabut. Le dossier a fini par obtenir l'autorisation de construction par la CDEC, après une interminable procédure, ceci malgré les recommandations inscrites dans la Charte d'urbanisme. Aux Minimes, à deux pas du Technoforum, le deux étoiles ne se construit pas encore, mais on en parle de plus en plus. En comptant le futur grand standing, on arrive à plus de 200 chambres supplémentaires sur la ville, ce qui inquiète au plus haut point les professionnels du site. Les comptes sont vite faits : en 1992, on comptait 1 518 chambres, six ans plus tard le chiffre n'est monté qu'à 1 594. L'impact des nouvelles unités devrait avoir en toute logique un effet négatif sur un taux d'occupation six points inférieurs à celui de la ville de Poitiers, qui possède, il est vrai, un Futuroscope que tout le monde lui envie.
J.-P. Gourvest


L'HÔTELLERIE n° 2602 Hebdo 25 Février 1999

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