L'année 1998 a apporté une très bonne croissance de l'activité des chaînes intégrées, mais leur développement, pour la première fois depuis 4 ans, s'est ralenti. On observe aussi de plus en plus de concentrations. Du côté des chaînes volontaires, on se stabilise et on cherche plutôt à conforter sa position qu'à s'étendre.
On commençait à s'habituer à un développement vitaminé des chaînes hôtelières intégrées en France. En 1998 pourtant, pour la première fois depuis 4 ans, la croissance de leur parc s'est ralentie. Il n'y a eu que 2,6 % d'hôtels en plus, soit "à peine" 70 hôtels. En fait, les chaînes intégrées ont vu 67 hôteliers quitter leurs rangs pour 137 arrivants. Parmi les partants, il y a eu parfois, bien sûr, des transferts inter-chaînes. Comme durant ces dernières années, la majorité des nouveaux venus sont des établissements repris ou des hôteliers indépendants franchisés. Dans les ouvertures ou prises d'enseignes, c'est 36 hôtels construits, contre 101 reprises d'hôtels existants. Les chaînes intégrées en France ont malgré tout un développement plus modeste que leurs consurs étrangères. Les 50 premiers groupes mondiaux d'hôtellerie ont augmenté leur parc de 7,6 % d'hôtels en 1998/97. Bass Hotels & Resorts, par exemple, a ouvert plus de 200 Holiday Inn Express en un an dans le monde. Les chaînes intégrées sont encore modestes en France, soit 14 % des hôtels classés, contre 72 % aux Etats-Unis. Mais, près d'une nuitée hôtelière sur deux s'y déroule.
Certains expliqueront ce ralentissement dans le développement en France des chaînes intégrées en 1998 par les incidences de la loi Raffarin. Mais en fait, sa portée a été très limitée. Sur deux ans d'application du décret et sur un total de 85 dossiers examinés par les CDEC, seuls 18 % des projets ont été refusés. Il s'agit d'ailleurs autant de demandes d'exploitation émanant d'indépendants que de chaînes intégrées. Ce sont surtout les hôtels superéconomiques qui ont été les plus exclus par les CDEC. On les accuse de générer peu d'emplois et de gêner les hôtels en place. Devant les refus, la plupart des opérateurs ont fait appel en Commission nationale et beaucoup y ont eu gain de cause pour les affaires représentées. Le ralentissement du développement des chaînes intégrées est dû pour partie à la raréfaction des hôtels indépendants franchisables. Tout le monde s'accorde à dire que la plupart des établissements désormais " disponibles " ne correspondent pas aux critères des chaînes en raison de leur capacité, de leur localisation, de l'état du produit ou simplement de la personnalité du propriétaire. Le puits commence à être à sec. La priorité à l'exportation n'est pas non plus une explication qui paraîtrait suffisante pour justifier le ralentissement du développement des intégrés. Contrairement à ce qu'on croit, il y a encore 67 % des chaînes qui visent toujours une croissance en France, dont beaucoup de grands réseaux. Par ailleurs, un tiers des chaînes intégrées se compose d'enseignes d'origine étrangère. Pour elles, il n'est pas question de cesser les implantations en France. Enfin, il faut dire aussi que quelques réseaux doivent se consacrer à présent à la rénovation de leur parc, ce qui les fera engager des fonds dont ils ne disposeront plus pour leur développement.
Depuis peu, pourtant, la remontée fulgurante de l'activité hôtelière et l'espoir du démarrage d'un nouveau cycle encouragent du coup les développeurs à provoquer à nouveau la construction de nouveaux hôtels. Malgré la lourdeur qu'impose la loi Raffarin. L'intérêt que les fonds de pension anglo-saxons portent sur l'hôtellerie en Europe stimule aussi les groupes hôteliers, qui espèrent ainsi signer de nouveaux contrats de gestion. Les grands opérateurs ont également affûté leur appétit et cherchent à reprendre des petites chaînes complètes, souvent nationales. Ce qui est sûr, c'est qu'on assiste depuis ces dernières années à des concentrations dans l'hôtellerie de chaîne, comme c'est le cas dans beaucoup d'autres secteurs. Les rachats de marques concurrentes ne sont pas un phénomène entièrement nouveau. Pour autant, la différence avec les pratiques d'avant est que l'on rachète des réseaux sains, c'est-à-dire qui ont une relativement bonne santé financière, mais surtout un bon potentiel commercial. Avant, on reprenait des enseignes en fin de (courte) carrière ou en état de décrépitude commerciale. A présent, entre nos frontières, 3 groupes hôteliers (Accor, La Société du Louvre et Hôtels & Compagnie) contrôlent à eux seuls 71 % des hôtels de chaînes, sous 30 enseignes commerciales. Dans l'univers des réseaux intégrés, bien qu'il existe 72 marques, seulement 14 chaînes regroupent plus de 40 hôtels en France. Les réseaux qui se sont le plus développés dans l'Hexagone l'année passée (solde entre les arrivées et les départs de la chaîne), ont été Clarine avec 15 hôtels de plus, Etap Hotel avec 13 hôtels, B & B avec 9 hôtels et Ibis avec 8 hôtels.
Du côté des chaînes volontaires, l'année 1998 s'est caractérisée par une relative
stabilisation des effectifs des adhérents. Le parc global a progressé de 1,4 % et si les
arrivées/départs d'affiliés semblent spectaculaires (485 hôtels ayant quitté leur
chaîne, contre 564 arrivants), c'est surtout par Logis de France que ces chiffres sont
générés. La chaîne aux cheminées continue ainsi sa longue cure d'amaigrissement
voulue, mais annonce toutefois encore 3.682 hôtels, ce qui en fait un des premiers
réseaux mondiaux d'hôtellerie dans l'univers des chaînes d'indépendants. Les
volontaires cherchent aujourd'hui plutôt à fidéliser et à satisfaire leurs membres. Le
virus du développement à tout va commence à passer chez les plus grands opérateurs.
Seuls les réseaux récents, comme Elysée West Hotels ou encore Les Hôtels Unis de
Paris, recrutent activement, avec légitimité. Relais et Châteaux, comme Relais du
Silence, qui ont respectivement 65 % et 45 % de leurs adhérents à l'international,
visent une croissance de leur parc ailleurs qu'en France.
M. Watkins
VOLONTAIRES ET FRANCHISES, LA MÊME CHOSE ?On a tendance à vouloir gommer la notion de chaîne volontaire et de chaîne intégrée de franchises. Il faut dire que les effets de mimétisme des uns sur les autres parviennent parfois à diluer la distinction que l'on faisait autrefois. Les intégrées ont de plus en plus des hôtels dissemblables (tout en offrant des normes de service) et les volontaires se dotent de plus en plus de moyens promotionnels et de standards à l'image des premières. Pour autant, il reste de nombreuses différences qui séparent encore les chaînes volontaires des chaînes de franchiseurs. Outre les aspects culturels et comportementaux où l'indépendant adhérant à un réseau volontaire se montre très atypique par rapport à son cousin franchisé, il y a surtout une distinction d'ordre commercial. L'affilié à une chaîne intégrée est lié par un contrat de franchise, défini par la loi Doubin, qui réglemente de manière très stricte, en général, les droits et les devoirs du franchiseur et du franchisé. Par ailleurs, les hôtels franchisés à une chaîne intégrée portent tous la même marque, qui remplace en général le nom ancien de l'hôtel, ou qui le surplombe. LE CLIENT FAIT PAR LUI-MÊME LA DISTINCTIONDans les chaînes volontaires, quoi qu'on en dise, le nom du réseau est "en plus", en retrait, voire très discrètement apposé derrière celui de l'hôtel sous forme de panonceau ou de caisson lumineux. L'impact commercial sur la clientèle n'est donc pas le même. Par ailleurs, l'adhérant peut quitter la chaîne quand il le souhaite, sans frais réels (d'ailleurs, en général, on attend la sortie du guide annuel pour démissionner). Cela gêne certains dirigeants de réseaux que l'on fasse une distinction entre chaînes volontaires et chaînes intégrées de franchise, alors que beaucoup de réseaux d'indépendants n'ont plus à rougir de ce qu'ils représentent et de ce qu'ils sont. De toute façon, c'est bien le client qui fait par lui-même la distinction. Il ne mélange jamais les chaînes intégrées avec les indépendants et trouve chez chacun d'eux des qualités et des défauts ; il pense en tout cas que le label d'une chaîne volontaire crédibilise celui qui le porte. |
L'ÉVOLUTION DU PARC GLOBAL DES CHAÎNES | ||||||||||||
PRÉSENTES EN FRANCE AU 1er JANVIER 1999 | ||||||||||||
Chaînes Intégrées | Chaînes volontaires | |||||||||||
Nombre d'hôtels au 1er janvier 1998 | 2 708 | 5 663 | ||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Nombre d'hôtels au 1er janvier 1999 | 2 778 | 5 742 | ||||||||||
Evolution en nombre d'hôtels - SOLDE | + 70 | + 79 | ||||||||||
Progression hôtels 1999/1998 | + 2,6 % | + 1,4 % | ||||||||||
Nombre de chambres au 1er janvier 1998 | 212 310 | 139 305 | ||||||||||
Nombre de chambres au 1er janvier 1999 | 218 940 | 142 688 | ||||||||||
Evolution en nombre de chambres - SOLDE | + 6 630 | + 3 383 | ||||||||||
Progression chambres 1999/1998 | + 3,1 % | + 2,4 % | ||||||||||
Coach Omnium - La Revue - 1999 | ||||||||||||
L'ÉVOLUTION DU NOMBRE D'HÔTELS DES CHAÎNES DEPUIS 1994 | ||||||||||||
Chaînes intégrées | Chaînes volontaires | |||||||||||
Evolution 1995/94 | + 1,1 % | - 1,9 % | ||||||||||
Evolution 1996/95 | + 6,0 % | - 4,0 % | ||||||||||
Evolution 1997/96 | + 4,3 % | - 0,8 % | ||||||||||
Evolution 1998/97 | + 5,7 % | + 1,7 % | ||||||||||
Evolution 1999/98 | + 2,6 % | + 1,4 % | ||||||||||
Coach Omnium - La Revue - 1999 | ||||||||||||
LES MOUVEMENTS D'HÔTELS AU COURS DE L'ANNÉE 1998 | ||||||||||||
Départs | Arrivées | Solde | ||||||||||
Chaînes intégrées | 67 | 137 | + 70 | |||||||||
Chaînes volontaires | 485 | 564 | + 79 | |||||||||
Coach Omnium - La Revue - 1999 | ||||||||||||
LES 12 PREMIÈRES CHAÎNES INTÉGRÉES AU 1ER JANVIER 1999 | ||||||||||||
En nombre d'hôtels | Nombre d'hôtels | % de l'offre | ||||||||||
France | chaînes intégrées | |||||||||||
1er | Campanile | 2* | 319 | 11,5 % | ||||||||
2 | Ibis | 2* | 295 | 10,6 % | ||||||||
3 | Formule 1 | 0* | 280 | 10,1 % | ||||||||
4 | Mercure International Hotels | 2 à 4* | 219 | 7,9 % | ||||||||
5 | Climat de France | 2* | 172 | 6,2 % | ||||||||
6 | Première Classe | 0* | 152 | 5,5 % | ||||||||
7 | Novotel Worldwide | 3* | 122 | |||||||||
8 | Etap Hotel | 1* | 109 | |||||||||
9 | Comfort Hotels & Inns | 2 à 3* | 100 | |||||||||
10 | Balladins | 1* | 82 | |||||||||
11 | Clarine | 2* | 70 | |||||||||
12 | B & B | 1* | 62 | |||||||||
En nombre de chambres | Nombre de chambres | % de l'offre | ||||||||||
France | chaînes intégrées | |||||||||||
1er | Ibis | 2* | 26 000 | 11,9 % | ||||||||
2 | Mercure International Hotels | 2 à 4* | 21 631 | 9,9 % | ||||||||
3 | Formule 1 | 0* | 20 408 | 9,3 % | ||||||||
4 | Campanile | 2* | 18 843 | 8,6 % | ||||||||
5 | Novotel Worldwide | 3* | 15 063 | 6,9 % | ||||||||
6 | Première Classe | 0* | 10 712 | 4,9 % | ||||||||
7 | Climat de France | 2* | 8 648 | |||||||||
8 | Etap Hotel | 1* | 7 954 | |||||||||
9 | Sofitel | 4* | 5 963 | |||||||||
10 | Holiday Inn | 3* | 5 273 | |||||||||
11 | Comfort Hotels & Inns | 2 à 3* | 4 988 | |||||||||
12 | Concorde Hotels | 4* | 4 871 | |||||||||
Coach Omnium - La Revue 1999 | ||||||||||||
LES 10 PREMIÈRES CHAÎNES VOLONTAIRES AU 1ER JANVIER 1999 | ||||||||||||
En nombre d'hôtels | Nombre d'hôtels | % de l'offre | ||||||||||
France | chaînes volontaires | |||||||||||
1er | Logis de France | 3 682 | 64,1 % | |||||||||
2 | Châteaux et Hôtels Indépendants | 408 | 7,1 % | |||||||||
3 | Inter Hotel | 196 | 3,4 % | |||||||||
4 | Relais du Silence | 173 | ||||||||||
4 | Best Western France | 173 | ||||||||||
6 | Eurostars Hotusa | 134 | ||||||||||
7 | Relais & Châteaux | 123 | ||||||||||
8 | Châteaux et Demeures de Tradition | 113 | ||||||||||
9 | Arcantis | 103 | ||||||||||
10 | Citotel | 89 | ||||||||||
Coach Omnium - La Revue 1999 |
L'HÔTELLERIE n° 2606 Supplément Economie 25 Mars 1999