Les chaînes hôtelières intégrées ont connu une conjoncture favorable tout au long de l'année 1998. Les trois marchés de clientèle étaient là : tourisme de loisirs français, étranger et tourisme d'affaires. En dehors de la période de la Coupe du Monde, où les prix avaient sérieusement grimpé, les politiques tarifaires sont redevenues sages.
L'année 1998 a été, cela ne surprendra personne, un excellent millésime pour l'hôtellerie en général, et pour les chaînes intégrées en particulier, selon l'étude annuelle réalisée par Coach Omnium pour La Revue. Elles ont enregistré une belle hausse de 10,4 % de leur volume d'affaires par rapport à 1997, dont une explosion de 11,7 % de leur Revpar (revenu par chambre disponible). C'est surtout les hôtels 3 et 4 étoiles qui ont le plus profité de cette reprise. Cette envolée s'est appuyée sur un taux d'occupation global en progression de 3,8 %, pour atteindre 68,4 %, et sur un prix moyen chambre qui a fait un bond de 7,7 %. Alors que l'année 1997 avait déjà fait oublier les périodes précédentes de vaches maigres, en 1998, l'hôtellerie de chaîne a profité successivement d'une forte demande sur le tourisme d'affaires (surtout sur le premier semestre), de la généreuse Coupe du Monde avec son flot de touristes étrangers et enfin, de façon plus modeste, d'un retour de la clientèle domestique en voyages privés. Le Mondial a consolidé la demande hôtelière pendant plusieurs mois, mais malheureusement sur une période qui est traditionnellement plutôt bonne. C'est surtout un gonflement spectaculaire des prix moyens chambre qui a eu lieu (voir encadré), grâce aux fortes augmentations tarifaires, en milieu d'année. Avec les périodes chargées, les hôteliers ont également consenti moins de prix négociés, et en tout cas à des niveaux de réduction moins importants que d'ordinaire. Au lendemain de l'événement médiatique majeur de l'année, l'écroulement des bourses asiatiques au second semestre a fait moins de dégâts dans l'activité des chaînes que ce qu'on avait pu craindre.
L'hébergement s'est donc bien comporté en 1998. Mais, la bête noire des chaînes intégrées reste sans doute leur restauration. L'année passée, le volume d'affaires restauration n'a progressé que de 1,4 % par rapport à 1997. C'est pourtant mieux que l'année précédente où on avait observé un recul de - 1,3 % des recettes de la restauration. Les prix moyens par repas servi sont gelés et plusieurs chaînes sont même en sérieux recul de fréquentation de clientèle dans leurs restaurants. Des résultats qui sont plus liés à des concepts dépassés, mal positionnés ou mal mis en valeur, qu'à des mauvais tours que leur aurait joués la conjoncture. Mais (heureusement ?), seulement 58 % des hôtels de chaînes intégrées ont un restaurant (la majorité des superéconomiques n'en ont pas). Les hôtels ont bénéficié aussi, l'année passée, d'une puissante relance de la demande en séminaires, qui représente un marché de près de 50 milliards de dépenses annuelles par les entreprises. La Coupe du Monde avait juste eu pour effet de suspendre les commandes de réunions et de manifestations, qui se sont concentrées de plus belle avant et après l'événement. Sur ces deux dernières années, 22 % des entreprises déclarent avoir augmenté leur budget séminaires, selon une étude réalisée par Coach Omnium avec le Guide Bedouk. Cela s'est traduit plus globalement dans la demande par une croissance du nombre de séminaires et par le choix de lieux aux prestations plus riches (et plus chères). Une aubaine pour les hôtels 3 et 4 étoiles, notamment de chaînes intégrées, à qui profite surtout ce marché (95 % des organisateurs réalisent leurs séminaires dans des hôtels).
L'année passée a donc été rassurante en termes d'activité pour l'hôtellerie de
chaîne. Bien qu'on ait pu craindre une flambée des prix avec l'accélération de la
fréquentation des hôtels, les professionnels, dont les chaînes, se sont montrés au
contraire très raisonnables (hormis sur la période de la Coupe du Monde de milieu
d'année). Sans doute ont-ils compris que le consommateur ne leur pardonnerait plus de
grandes folies tarifaires. Sur ce registre, les chaînes hôtelières superéconomiques
ont même été particulièrement sages, alors qu'elles plafonnent à des taux
d'occupation exceptionnels. Elles savent que le prix est leur épine dorsale et que,
justement parce que les tarifs sont bas, les clients y viennent. On y trouve des chambres
allant de 119 à 240 francs selon les chaînes et les sites. Dans cette gamme du 0 et 1
étoile, il n'y a eu que + 6,4 % d'évolution des prix affichés sur 4 ans, entre 1995 et
1998, soit une hausse quasiment parallèle à celle du taux de l'inflation. Certaines
chaînes ont même baissé leurs tarifs selon les sites, ou n'ont pas appliqué de hausses
depuis plusieurs années.
M. Watkins
L'ENVOLÉE DES PRIX DURANT LA COUPE DU MONDERien que sur les sites de matches, 75 % des hôteliers avaient relevé leurs prix à l'occasion de la manifestation, dont 85 % des hôtels de chaînes intégrées. Sur cette période, 56 % avaient affiché des tarifs supérieurs de 25 à 50 % par rapport à leurs prix habituels et 9 % avaient même fait faire un saut de plus de 50 % ! Ces hausses ont eu un impact fastueux sur le Revpar annuel des chaînes en 1998. |
LE SUCCES DES CHAÎNES NE SE DÉMENT PASLes hôtels de chaîne sont très minoritaires dans le paysage hôtelier français. Mais, l'arbre cache parfois la forêt. Si les chaînes intégrées ne représentent effectivement qu'un hôtel classé sur 7 (14,1 %) et 1 chambre classée sur 3 (36,1 %), c'est pratiquement 1 nuitée hôtelière sur 2 qui s'y déroule. Les chaînes détiennent en effet 45 % de parts de marché sur les 19.700 hôtels homologués de France. Les données sur l'activité des chaînes hôtelières intégrées présentes en France, Dom-Tom compris, portent sur un échantillon total de 2.473 hôtels, soit 89 % du parc des chaînes intégrées. |
LE REVPAR DES CHAÎNES INTÉGRÉES | |||
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1997 | 1998 | Evolution | |
0 et * | 101 F | 109,1 F | + 8 % |
** | 173,5 F | 189,6 F | + 9,3 % |
*** | 255,7 F | 291 F | + 13,8 % |
**** | 568,8 F | 673,2 F | + 18,4 % |
Total | 210,3 F | 235 F | + 11,7 % |
Coach Omnium - La Revue 1999 | |||
LA RESTAURATION DES CHAÎNES INTÉGRÉES | |||
Volumes d'affaires en milliards de francs |
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1997 | 1998 | Evolution | |
Volume couverts servis | 52,8 millions | 53,4 millions | + 1,2 % |
Prix moyen couvert TTC/SC | 122,1 F | 122,5 F | + 0,3 % |
Volume d'affaires TTC | 6,4 MdF | 6,5 MdF | + 1,4 % |
Coach Omnium - La Revue 1999 | |||
LES VOLUMES D'AFFAIRES DES CHAÎNES INTÉGRÉES (TTC) | |||
Volumes d'affaires en milliards de francs |
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1997 | 1998 | Evolution | |
Hébergement | 17,4 MdF | 19,8 MdF | + 13,5 % |
Restauration | 6,4 MdF | 6,5 MdF | + 1,4 % |
Autres ventes | 2,2 MdF | 2,4 MdF | + 7,8 % |
Volume d'affaires total | 26 MdF | 28,7 MdF | + 10,4 % |
Coach Omnium - La Revue 1999 |
L'HÔTELLERIE n° 2606 Supplément Economie 25 Mars 1999