Corse
"La démarche nous convient tout à fait, il s'agissait presque d'assises régionales du tourisme que nous réclamons depuis longtemps." Roland Dominici, le président de la coordination des industries touristiques, résume le sentiment général qui a prévalu après la première réunion de concertation sur le développement touristique organisé il y a quelques semaines par les services de l'Etat. Cette réunion s'inscrivait dans le cadre des concertations engagées pour émettre des propositions dans le cadre du futur contrat de plan Etat Région. "Il ne s'agit pas de nous substituer aux élus, mais de positionner l'Etat comme véritable force de proposition", souligne Bernard Bonnet le préfet de Région. Ces réunions de concertation ont été organisées dans tous les secteurs économiques de l'île : agriculture, artisanat, culture... En attendant que les élections régionales permettent à l'assemblée de Corse de reprendre l'initiative. "Nous voulions sortir de la simple concertation institutionnelle qui a montré ses limites, poursuit le préfet, et enrichir notre réflexion de vraies propositions issues du terrain et des acteurs au quotidien."
150 professionnels
Et pour le tourisme, ces "acteurs" ont été nombreux à répondre à son
invitation. Plus de 150 professionnels de tous horizons touristiques avaient fait le
déplacement : compagnies de transports maritimes et aériens, loueurs de bateaux, clubs
nautiques, animateurs, hôtellerie, campings, gîtes, voyagistes, autocaristes, chambre de
commerce, tour-opérateurs, offices de tourisme. Et les débats furent animés : "Nous
avons tout d'abord tiré les enseignements des précédents programmes", explique
Jean-Pierre Martinetti, le délégué régional au tourisme. Et bien entendu, la première
critique intervenue porte sur le poids administratif de ces contrats : "Les
dispositifs sont trop lourds, les dossiers d'aides à l'investissement, à
l'amélioration... trop compliqués, les délais de règlement bien trop tardifs",
souligne Roland Dominici. Mais l'objectif de cette réunion était surtout d'aborder
l'avenir du secteur touristique dans l'île. Et pour l'heure, deux dossiers de poids
apparaissent encore comme des freins au développement : l'organisation des transports et
l'absence du secteur bancaire. Dans le premier secteur, tout dépend dans les prochains
mois de l'élaboration par la nouvelle assemblée de Corse des cahiers des charges pour
les concessions de services publics maritimes et aériens. "Mais sans transport,
il n'y a pas de tourisme, insiste Roland Dominici. Il est anormal qu'on ne puisse
déjà plus avoir une seule place d'avion pour les grands week-ends du printemps ou pour
la haute saison." Quant aux problèmes financiers, le discours change également
: "Il existe un consensus très large sur le diagnostic, explique encore
Jean-Pierre Martinetti. Il y a une véritable faiblesse de trésorerie et un manque de
financement de la part des banques. Il s'agit pour les services de l'Etat d'un problème
majeur et prioritaire."
La mise aux normes européennes
Il est vrai qu'après cinq ans de crise, de nombreux établissements n'ont pas pu profiter
des aides mises à leur disposition, n'ayant que rarement les moyens d'assurer leur
autofinancement. Alors, il faudra trouver des moyens pour soutenir une mise aux normes
européennes nécessaires, pour faciliter le retour à l'investissement. La démarche qui
semble s'imposer est celle déjà retenue dans le programme concerté d'actions
touristiques. "Le PCAT élaboré en 1996, poursuit Jean-Pierre Martinetti,
peut être considéré comme une expérimentation bénéfique. Il s'appuie sur une
démarche d'excellence, d'aide à la réalisation et aux financements de projets
pluriannuels concrets, et fondée sur un audit de l'entreprise. Il s'agissait de
véritables contrats de développement de l'entreprise, avec une action de conseil avant
tout financement." Pour la DRT, le PCAT apparaît aujourd'hui comme une
véritable maquette de ce que pourrait être le futur contrat de plan. Mais au-delà du
problème "individuel des établissements touristiques", la réflexion a été
élargie au développement régional du tourisme. "Et nous constatons depuis deux
ans qu'il existe une prime à l'organisation de l'offre. Les micro-régions où les
professionnels ont su s'organiser, se regrouper, profitent en premier lieu du retour des
touristes, comme l'extrême sud de la Corse qui s'est constitué en pôle touristique. Il
y a donc un redressement à conforter et surtout à mieux répartir au niveau régional",
souligne encore la DRT.
Les propositions issues de cette grande concertation seront dorénavant soumises aux élus
de l'assemblée de Corse. Le prochain contrat de plan Etat Région 2000-2006 sera signé
avant la fin de l'année.
L. Peretti
L'HÔTELLERIE n° 2607 Hebdo 1er Avril 1999