Congrès de la Confédération
Malgré les dissensions
internes qui ont précédé son XXIXe congrès, la Confédération a montré la semaine
dernière qu'elle était capable de réagir et d'avancer. C'est en tout cas ce qui ressort
de ces deux jours de travaux à Belfort, au cours desquels devaient avoir lieu les
élections des présidents de branches. Peu de changement toutefois à ce stade. A
l'exception des cafés, dont le nouveau patron est désormais Jean-Jacques Le Terrec
(Sarthe), l'ensemble des branches retrouve leurs responsables : Jacques Fréalle pour les
hôteliers, Alain Treuillard pour les discothèques, Claude Izard pour les restaurateurs.
Gérard Ryngel, élu par les restaurateurs, a néanmoins donné sa démission dès le
lendemain au profit de son 1er vice-président : une décision prise par l'ensemble des
syndicalistes qui souhaitaient que les dossiers en cours puissent être menés à terme
par celui qui les avait engagés*. Même cas de figure pour François Effling qui reprend
la présidence des saisonniers après la démission quasi immédiate de Françoise
Courtault.
L'ambiance était donc à l'efficacité. Pas de rancurs vis-à-vis des dissidents,
surtout des regrets à l'image d'Alain Treuillard qui estime que ce n'est pas dans la
"pagaille" que l'on réussit, mais dans "l'intelligence et le
respect de chacun". Ou encore de Jacques Fréalle, qui, citant La fable de La
Fontaine, Le Lion et Le Rat, a souligné que ce n'était pas obligatoirement le plus fort
qui gagnait. Un président des hôteliers particulièrement remonté à l'égard de l'Etat
dont la propension à ne pas voir la réalité procède, selon lui, du "massacre".
"Assez de prélèvements nouveaux, assez de contraintes législatives, de type
social, de type fiscal, de type réglementaire. Laissez-nous travailler et laissez-nous
offrir à nos clients et à nos salariés ce qu'ils attendent de nous", a-t-il
martelé, rappelant les 12 000 emplois créés l'an dernier dans le secteur. Côtés
saisonniers, même appel à la raison face aux "charges qui pèsent sur les
salaires" et freinent la rémunération des employés. Même volonté de
préserver les entreprises face au développement des points de vente sans hygiène ou les
distorsions de taxe.
Chez les restaurateurs, le message fut tout aussi volontaire. Claude Izard a notamment
insisté sur la "nécessité d'un plafond salarial pour l'entreprise comprenant le
salaire de l'exploitant". Concernant "l'identité du restaurateur",
celui-ci s'est dit satisfait par l'arrêté attendu en mai prochain qui permettra
désormais "un classement des restaurants de tourisme (volontaire et a posteriori)
basé sur des normes minimales". "Il est très important de noter que le
texte prévoit la fabrication dans l'entreprise à partir de produits primaires",
a-t-il également souligné, réaffirmant, plus loin, la "nécessité de créer un
code APE", dans cette quête à la reconnaissance de la restauration artisanale.
Redorer l'image des cafetiers
Flanqué d'un nouveau président fermement décidé à redorer le blason des bistrots, le
groupement des cafetiers s'est donné quant à lui trois grands axes : redéfinir la
responsabilité du cafetier, s'attaquer aux fermetures administratives en prônant haut et
fort le "droit à la défense" et revenir sur les zones protégées. En
parallèle, les professionnels de la limonade ont opté pour la mise en place de cessions
d'informations portant sur le cafetier face à la réglementation sur l'alcool, les
nuisances sonores et l'ordre public ainsi que l'évolution de la profession. Ces
"rencontres de la Confédération" pourraient être généralisées dans chaque
département. Deux motions ont également été adoptées par le groupement : la première
contre le projet de loi assimilant l'alcool à la drogue et la seconde venant confirmer
"l'attachement" des professionnels aux principes des contrats de bière.
Mis sur le banc des accusés quand il s'agit d'alcool, les discothécaires se sont
insurgés de nouveau contre les pouvoirs publics qui choisissent le chemin de la facilité
en oubliant, dans leurs discours moralisateurs, "l'alcool vendu en grandes
surfaces, dans les stations-services, les soirées étudiantes comme les raves party".
Il est grand temps, pour Alain Treuillard, que l'Etat accepte de regarder "les
efforts faits depuis de nombreuses années en matière de prévention et de sécurité par
le monde de la nuit". "Les discothèques sont fatiguées d'être le bouc
émissaire des pouvoirs publics", a-t-il déclaré en réclamant la "libre
ouverture des discothèques" et la suppression pure et simple des articles L. 62
et L. 63 du Code des débits de boissons. Qui ne tente rien n'a rien.
S. Soubes
* Plaidant l'efficacité, les congressistes ont en effet souhaité reconduire dans leurs fonctions tous leurs présidents de branche (hormis, bien sûr, les cafetiers, dont l'ancien chef de file participe au mouvement dissident). Ce jeu de démission a permis à François Effling et Claude Izard, arrivés à la fin de leurs mandats possibles, de rempiler pour un an, au terme de quoi de nouveaux statuts devraient voir le jour.
Sérénité et déterminationLe fait que plusieurs départements aient choisi de quitter la Confédération semblait avoir conforté les autres dans leur engagement à rester, plus impliqués encore, au sein d'une organisation spécifique à la défense des intérêts des indépendants. Un discours qui avait véritablement atteint une réelle maturité, puisque, sans jamais nier le rôle ou le pouvoir économique des chaînes intégrées, les professionnels étaient attachés à ce que chacun défende ses intérêts avant de les confronter au niveau d'une intersyndicale au sein de laquelle les stratégies communes pourraient être définies. "Un congrès où nous n'avons pas perdu de temps sur des détails", appréciaient certains ; "nous avons fait du très bon travail, sérieux et constructif", déclaraient les autres. "A la Confédération et fier d'y être", prévenaient la plupart d'entre eux. |
"Faire front à travers l'action", a prévenu l'équipe. Autour
du président, Alain Treuillard, Jacques Fréalle, Jean-Jacques Le Terrec et Gérard
Ryngel.
Gérard Goepfert, président de l'Union syndicale du Territoire de Belfort aux
côtés de Roland Magne.
C'est Jean-Michel Lavrilleux qui menait les débats de la réunion des cafetiers
avant l'élection du nouveau président.
L'HÔTELLERIE n° 2607 Hebdo 1er Avril 1999