Hôtellerie haut de gamme
Sofitel a aujourd'hui tout
d'une "grande" chaîne hôtelière internationale. L'enseigne haut de gamme du
groupe Accor n'a désormais plus aucune raison de rougir face à ses concurrents
étrangers. Et ce tant au niveau de sa "taille" que de son "image".
Avec 113 établissements (totalisant près de 20 700 chambres) recensés à la fin 1998,
parmi lesquels figurent des sites aussi prestigieux que le Palais de Jamaï à Fès
(Maroc) ou bien encore le Sofitel Gran Mahakam à Jakarta (Indonésie), la marque
française, fondée en 1964, est en effet parvenue, seule, au cours de ces dernières
années à hisser son drapeau quatre étoiles dans plus de 43 pays différents.
Un réseau certes marqué par une forte présence à travers l'Hexagone puisque les 31
unités françaises actuelles représentent plus de 27 % de la chaîne. Sans compter les
ouvertures parisiennes à venir avec dès le mois de mai prochain le Sofitel Le Faubourg
(155 chambres et 19 suites), rue Boissy d'Anglas, et en l'an 2000 les inaugurations des
Sofitel Danton (375 chambres et 32 suites), dans le quartier de La Défense, et Bercy (389
chambres et 20 suites).
Reste que l'enseigne haut de gamme du conglomérat français, qui a investi l'an passé
sur les actifs existants quelque 300 millions de francs, a su aussi essaimer très
largement hors des frontières nationales et de son continent natal. D'ailleurs, en 1998,
l'Europe réunissait ainsi moins de la moitié du parc hôtelier total, soit précisément
56 hôtels.
80 % des ouvertures hors d'Europe
Même si Sofitel entend bien sûr consolider ses positions sur le Vieux Continent
notamment en Allemagne (le Sofitel Berlin Friedrichstrasse en l'an 2000) et au Royaume Uni
(le Sofitel London Pall Mall début 2001), la chaîne nourrit également de grandes
ambitions planétaires. Du reste, l'année dernière, elle a épinglé quatre nouveaux
pays (l'Inde, le Maroc, le Liban et l'Indonésie) à son tableau de chasse. Et les choses
devraient s'accélérer durant les prochains mois à en croire les propos de Sven Boinet,
membre du directoire en charge de l'hôtellerie Accor.
"Nous souhaitons faire de Sofitel un outil de développement pour le groupe",
indique ainsi l'intéressé. A tel point d'ailleurs que la marque quatre étoiles prévoit
une croissance de son réseau d'environ 35 % d'ici à la fin de l'année 2001. Autrement
dit, une quarantaine de nouveaux projets vont prochainement venir grossir les rangs de
Sofitel et 80 % d'entre eux se situeront hors d'Europe. Au programme de ce développement
musclé figure évidemment en priorité les Amériques avec 40 % des ouvertures prévues
en portefeuille. Alors que la concurrence fait rage en Amérique du Nord, Accor vient
malgré tout d'y décrocher quatre nouvelles propriétés : à New York, Philadelphie,
Chicago et Dallas. Dès décembre 2001, la chaîne haut de gamme possédera ainsi aux
Etats-Unis un réseau fort de 11 hôtels (3 500) dans 9 villes importantes.
Autre cible de choix : l'Amérique du Sud. Déjà implantée au Brésil et en Colombie où
elle va accroître sa part de marché (Rio de Janeiro, Ibagué et Santa Marta), la marque
haut de gamme du groupe Accor ajoutera dès 1999 de nouvelles destinations comme le
Guatemala (deux hôtels) à ses implantations existantes.
Neuf Sofitel ouverts en 1998- L'Hôtel Régina & du Golf, 66 chambres, à Biarritz *Managé par Sofitel |
Rachat au Japon
Viendra ensuite, en l'an 2000, le tour de l'Argentine avec le Sofitel Buenos Aires et
celui du Mexique (Cancun). Sans oublier le Venezuela un an plus tard avec l'île de
Margarita.
Parallèlement, Sofitel réalisera également cette année ses premiers pas à Cuba avec
l'ouverture d'un hôtel à La Havane et un second à Santiago de Cuba. En outre, la
chaîne vient d'étoffer son réseau dans les Caraïbes avec une nouvelle adresse de
charme en République Dominicaine à Saint Domingue. Fort intéressée par les Amériques,
Sofitel n'en demeure pas moins séduite par le continent asiatique où elle réunit
quelque 11 unités. D'autant plus que la crise économique récente y crée de nombreuses
opportunités fort alléchantes.
Accor vient ainsi de racheter à Mitsubishi Group le Sofitel de Tokyo (Japon), jusqu'à
présent exploité en franchise. La chaîne française avait cependant ouvert, au
préalable, son premier hôtel en Inde à Ahmedabad. Un second devant voir le jour en juin
prochain à Jodhpur, puis un troisième maillon en 2001 à Jaïpur. Sofitel a par ailleurs
planté son fanion en Indonésie et s'apprête à inaugurer deux nouvelles unités en
Chine : le Sofitel Zhengzhou et le Sofitel Jinan Silver Plaza.
Sofitel reste bien sûr aussi très axée sur le Moyen-Orient où le réseau offrira en l'an 2000 un parc de 10 hôtels soit 2 583 chambres. Sans omettre le continent africain, en particulier le Maroc où la marque disposera de 5 unités en 2001. Après l'Algérie, la Côte d'Ivoire, le Niger, le Burkina-Faso, une nouvelle adresse Sofitel sera en outre inaugurée courant 1999 au Nigéria, à Lagos.
Chambre "on line"
Un programme des plus chargés qui n'empêche pas la marque de peaufiner son
positionnement tout en se "reconstruisant" la façade. En 1999, Sofitel prévoit
ainsi 500 millions de francs d'investissements sur les actifs existants dont plus de 50 %
sur les filiales. Et pour grandir et se remettre au goût du jour, la chaîne ne lésine
nullement recourant aux plus grands "designers" hôteliers de la planète tels
que Pierre-Yves Rochon, Andrée Putman, Frédéric Méchiche, Jean-Paul Viguier, Brennan
Beer Gorman/architects...
A noter que, conformément aux déclarations de Jean-Marc Espalioux, président du
directoire d'Accor, Sofitel a par ailleurs commencé la mise en place de ses chambres
"on line" comprenant un équipement technologique de pointe. A savoir : trois
lignes téléphoniques avec un téléphone sans fil dans la chambre, un téléphone
"main libre" dans la salle de bains et un poste sur le bureau ; fiche de
connexion pour modem, accès Internet sur l'écran de télévision commandé par un
clavier infrarouge, messagerie personnalisée. Mais que reste-t-il aux grandes ?
C. Cosson
Chiffres 1998Sofitel a réalisé un bon exercice 1998 affichant un volume d'activité de 4,947 milliards de francs soit une progression de 6,8 % par rapport à 1997. Le taux d'occupation a lui aussi grimpé à 62,9 %. Quant au prix moyen chambre, il a été sensiblement supérieur à 100 euros. |
Sofitel fait appel aux grands noms de l'architecture contemporaine.
L'HÔTELLERIE n° 2607 Hebdo 1er Avril 1999