Accor
"L'année 1998 est excellente". Jean-Marc
Espalioux, président du directoire du groupe Accor, ne cachait pas sa satisfaction en
présentant à la presse, mardi 30 mars, les résultats annuels de son entreprise. Comme
prévu, ces derniers étaient en effet à la hausse. Et quelle hausse ! Pour la première
fois de son histoire, le conglomérat français a, de fait, vu au terme de l'exercice 1998
son volume d'affaires franchir la barre des 100 milliards de francs à 106,27 milliards
(16,2 milliards d'euros), soit une progression de 7,9 % par rapport à 1997. Son chiffre
d'affaires a par ailleurs augmenté de 16,1 % à 36,88 milliards de francs (5,62 milliards
d'euros) et le résultat global des opérations a, lui, grimpé de 32,9 % à 3,258
milliards de francs (496 millions d'euros). Pour ce qui est du résultat net, part du
groupe, il a bondi de 29,4 % à 1,95 milliard de francs (297 millions d'euros).
Parallèlement, la marge brute d'autofinancement s'est améliorée de 15,8 % à 696
millions. Et mieux encore : la compagnie d'hôtellerie et de services est parvenue à
réduire son niveau d'endettement à 12,03 milliards de francs (1,83 milliard d'euros).
Des performances financières remarquables qui résultent de la conjugaison de différents
facteurs. L'accélération du programme de cession des actifs a bien sûr largement
participé à l'amélioration de la structure financière du groupe. Accor a d'ailleurs
récupéré l'an passé quelque 9,4 milliards de francs (1,4 milliard d'euros) grâce
notamment à la vente de murs d'établissements Motel 6 (820 millions d'euros) et de sa
participation de 5,2 % dans Compass (200 millions d'euros).
Synergie inter-métiers
Autre élément capital : une hausse généralisée de toutes les activités du groupe. A
l'exception de Motel 6 et de Carlson Wagonlit Travel, tous les métiers d'Accor ont
effectivement enregistré une augmentation sensible de leur résultat opérationnel. A
savoir + 48 millions d'euros pour l'hôtellerie affaires et loisirs (Sofitel, Novotel,
Mercure et Coralia), + 23 millions pour le créneau économique, + 35 pour Europcar, + 6
pour les services corporate, + 8 pour les casinos et + 23 pour des activités diverses.
Sans oublier également les retombées grandissantes générées par la mise en place du
plan Accor 2000. La réorganisation des forces commerciales, la synergie inter-métiers,
les économies d'échelle au niveau des achats et la politique de globalisation de l'offre
du conglomérat ont, en effet, permis de dégager en termes de RGO près de 34 millions
d'euros sur l'année 1998, contre 15 pour l'exercice précédent. L'entreprise table
d'ailleurs sur un gain avoisinant les 76 millions d'euros en 1999 et 114 millions d'euros
en l'an 2000.
Des prévisions assez réalistes. D'autant plus que les deux premiers mois de l'année en
cours semblent suivre un "trend" comparable à celui observé en 1998. Jean-Marc
Espalioux, comme à l'accoutumée, se refuse certes à donner des prévisions chiffrées
quant aux bénéfices escomptés pour 1999. Reste que le président du directoire d'Accor
paraît plutôt confiant en l'avenir, considérant évoluer aujourd'hui dans un contexte
où l'équilibre entre l'offre hôtelière et la demande est stabilisé.
Renforcer le leadership européen
Ajoutons qu'estimant disposer d'une capacité financière d'environ 3 milliards d'euros
sur trois ans, le patron du groupe hôtelier n'a véritablement guère de raisons de
s'inquiéter. D'ailleurs, il nourrit de grandes ambitions. Et ses dernières sont des plus
claires. Il s'agit en effet pour Accor d'accélérer son développement dans le domaine de
l'hôtellerie afin de "renforcer son leadership européen" et "acquérir
à terme une position de leader mondial dans le haut et moyen de gamme".
C'est ainsi qu'après avoir inauguré quelque 161 nouveaux établissements en 1998, la
compagnie projette d'ouvrir 457 hôtels (55 111 chambres) dans les 18 à 36 prochains
mois, dont 51 % pour le pôle affaires et loisirs, 40 % pour le pôle économique et 9 %
pour Motel 6. A noter que ces projets se répartissent de la façon suivante : 51 % en
Europe, 12 % en Amérique du Nord, 21 % en Amérique latine, 11 % en Afrique et au
Moyen-Orient et 5 % enfin en Asie Pacifique.
Mais, Accor entend également "booster" ses activités dans le secteur des
casinos où il espère totaliser 12 unités d'ici fin 1999 contre 5 en 1998. "Ce
développement s'effectuera en particulier au Maroc, en Afrique, en Belgique et en
Australie", a souligné Sven Boinet, membre du directoire en charge de la branche
hôtelière. Le groupe souhaite en outre engager une véritable mutation dans le secteur
des agences de voyages (Carlson Wagonlit Travel) tandis qu'il ambitionne par ailleurs de
redevenir le leader européen en ce qui concerne la location de voitures. Cette dernière
activité, détenue à 50/50 avec Volkswagen, ayant rapporté l'an passé 35 millions
d'euros de résultat opérationnel à chacun des propriétaires.
C. Cosson
457 hôtels en projet en 1999 (soit 55 111 chambres)
Chiffres d'affaires 1998 (En millions d'euros) |
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Métiers | Chiffre d'affaires | Variation |
98 | 98/97 | |
Hôtels | 3 174 | +12,1 % |
Carlson Wagonlit Travel | 390 | +10,5 %* |
Europcar | 402 | +21,8 %** |
Services Corporate | 365 | +10,2 % |
Restauration | 676 | +9,5 % |
Service à bord des trains | 343 | +26,7 % |
Casinos | 129 | +127,8 % |
Autres | 144 | +24,5 % |
Total | 5 623 | +16,1 % |
*A méthode comparable | ||
**Pro forma |
Evolution du RevPar par marché (En cumul fin février 1999) |
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Pays | Nbre de chambres | Taux d'occupation | Prix moyen | RevPar 99/98 |
France | 69 515 | 59 % (+1,8 pt) | +2,5 % | +5,7 % |
Allemagne | 21 193 | 58,4 % (+3,8 pts) | -0,3 % | +6,7 % |
Royaume-Uni | 4 803 | 63,4 % (-3,3 pts) | +3 % | -2,1 % |
Pays-Bas | 4 723 | 65 % (-0,7 pt) | +7,7 % | +6,6 % |
Belgique | 4 325 | 55,5 % (-0,2 pt) | +6,6 % | +6,1 % |
Italie | 2 907 | 55,3 % (-2,5 pts) | +3,9 % | -0,7 % |
Hongrie | 2 467 | 34,3 % (+4 pts) | +21,2 % | +37,2 % |
USA Hôt Aff | 3 059 | 68,5 % (+3,8 pts) | +8,3 % | +14,7 % |
L'HÔTELLERIE n° 2608 Hebdo 8 Avril 1999