Lycée hôtelier René Auffray
Angélique Ragot enseigne l'hébergement et la restauration depuis maintenant deux ans au Lycée hôtelier René Auffray de Clichy, en région parisienne. Titulaire du CAPET, elle a été formée à l'IUFM de Toulouse. Originaire du Mans, cette jeune femme de 25 ans a la foi : elle adore son métier et si elle en parle avec enthousiasme, elle n'oublie pas d'en souligner la difficulté.
"C'est un métier
passionnant, très intéressant. Quand un cours s'est bien passé, que les élèves ont
été attentifs et motivés, lorsque certains apportent même des documents pour enrichir
le cours... c'est une grande satisfaction. Mais dans ce métier, il y a aussi de la
tension, du stress. Pas facile de se retrouver devant une classe. Sans compter les
conflits à gérer. On n'a pas le droit à l'erreur face aux jeunes. Il faut être capable
de répondre à leurs questions, sous peine de perdre toute crédibilité."
Les vacances, la sécurité de l'emploi, beaucoup envient ces avantages. Angélique remet
les pendules à l'heure : "Celui qui veut être en vacances, il devrait chercher
un autre métier. On a tendance à penser que c'est facile d'enseigner et donner à tout
le monde. Je voudrais bien les voir ! J'ai 18 heures de cours, mais il y a tout le travail
autour. Il faut beaucoup travailler, se tenir informé de tout ce qui se passe dans le
métier. On ne peut pas arriver les mains dans les poches. Quand on rentre le soir, il
faut préparer les cours, corriger les copies."
Pour devenir professeur, Angélique Ragot a enchaîné les diplômes : BTH restaurant puis
BTS, obtenus tous les deux au lycée hôtelier de Strasbourg à Illkirch-Graffenstaden
("Ce sont mes profs de BTS, des gens épatants, qui m'ont donné envie de devenir
prof à mon tour"), une Mention complémentaire ingénierie, une licence en
hôtellerie-restauration qu'elle prépare en même temps qu'elle suit l'année
préparatoire de l'IUFM de Toulouse. Et réussit le CAPET service/accueil. Tout au long de
ses études, elle effectue plusieurs saisons et travaille aussi pendant les vacances
scolaires.
De son passage à l'IUFM de Toulouse, elle garde un bon souvenir : "Les
professeurs étaient à l'écoute et les cours étaient intéressants." Mais
c'est aussi une période de formation très intense : "En première année, c'est
la préparation au concours. Je n'ai fait que travailler, avec des plannings de travail
très serrés. Par exemple, il fallait apprendre toutes les appellations, tous les
cocktails, toutes les procédures de nettoyage de chambre ou de réservations..."
Le concours réussi, la deuxième année, elle est envoyée en stage à Blois, où elle
est enfin face aux élèves, 6 heures par semaine. Et à l'IUFM, elle reçoit une
formation pédagogique, ("méthodes pour mieux aborder une classe").
De Strasbourg à Toulouse, en passant par Blois, Angélique Ragot enseigne aujourd'hui à
Clichy. Les jeunes profs ne choisissent pas où ils vont enseigner. C'est le hasard des
mutations qui vous éloigne souvent de votre région d'origine, de votre famille, de vos
amis.
Les qualités pour exercer ce métier ? "Il faut avoir envie de transmettre des
connaissances mais aussi avoir une soif de connaissances. Etre psychologue, ne pas avoir
peur de se remettre en question... Il faut être motivé." Passionnée, entière,
Angélique poursuit : "Le jour où j'aurais le sentiment de ne plus rien apporter
et d'aller en classe à reculons, je quitterai ce métier." Ça s'appelle la
conscience professionnelle.
"On n'a pas le droit à l'erreur face aux jeunes", explique Angélique
Ragot.
A l'IUFM d'Antony, débat avec quelques futurs professeurs"C'est un métier valorisant. Quand on a fait beaucoup d'extras, qu'on a
l'impression de tourner en rond et qu'on veut évoluer..." |
L'HÔTELLERIE n° 2608 Supplément Formation 8 Avril 1999