Regrettable travers qu'ont certains responsables d'organisations professionnelles,
à l'image d'ailleurs des têtes de file des partis politiques, que celui de dépenser
davantage d'énergie sur la forme que sur le fond. Des cuisines politiciennes qui obligent
les uns et les autres à se montrer, histoire d'occuper le terrain, même là où ils
n'ont rien à faire, rien à dire, obligation qu'ils se donnent de paraître et
d'apparaître. L'agitation et la déstabilisation de la classe politique face aux
élections européennes pourraient leur donner à réfléchir, comme il serait de bon
augure pour eux d'analyser les réactions des citoyens, confrontés à cette agitation.
C'est par rapport à un projet de vie, à un projet de société, qui convienne à leurs
aspirations, à leurs intérêts, que les électeurs souhaitent voir les politiciens
prendre des positions claires et lancer le débat. A leur image, c'est sur les grands
dossiers de société, sur les conséquences de leur évolution sur la vie de leur
entreprise, que les restaurateurs, les hôteliers, les cafetiers attendent des
différentes et nombreuses organisations professionnelles, des débats, des positions et
surtout des actions ! Ils sont de plus en plus nombreux à se montrer dépités et
inquiets face à un silence qui perdure. Confrontés à des difficultés croissantes en
matière de recrutement, en matière d'alourdissement des charges salariales, ils voient
arriver la fin de l'année avec inquiétude dans la mesure où la loi Aubry, dite des 35
heures, leur sera applicable. A moins de 8 mois de cette date fatidique, les négociations
pour une réduction du temps de travail spécifique à la profession n'ont toujours pas
été ouvertes et l'on a tout lieu de penser qu'elles risquent d'être compliquées.
Certains craignent de voir des syndicats salariés attentistes, préférant une stricte
application de la loi à une quelconque négociation ; d'autres se sentent en danger parce
que seuls, livrés à eux-mêmes pour négocier dès maintenant la RTT au sein de leur
entreprise en dehors de tout support de la branche ; d'autres encore se disent lésés de
ne pouvoir profiter des aides de l'Etat dans la mesure où le dossier, pour le secteur des
CHR, est toujours en attente.
Une situation qui interdit, à toutes les entreprises de ce secteur, une quelconque
visibilité en matière de gestion : quelles seront les conditions d'application de la loi
Aubry dans les entreprises en l'an 2000 ? Quel en sera le coût ? Seuls les chefs
d'entreprise peuvent se sentir à ce point inquiets et ils sont impatients de voir ceux
qui ont sollicité leur confiance pour les représenter, mener à bien la mission pour
laquelle ils ont demandé à être élus.
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2610 Hebdo 22 Avril 1999