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Fram

Des performances exceptionnelles

Malgré ses cinquante ans, le troisième voyagiste français respire la santé. Il a réalisé un excellent exercice 1998 et prévoit un bon cru 1999. Derrière le tour-opérating, l'hôtellerie est devenue une activité particulièrement profitable.

De notre envoyée spéciale à Fort-de-France Claire Cosson

Aujourd'hui, à cinquante ans, on aurait facilement tendance à vous mettre au rancart. Alors qu'il vient tout juste de fêter son cinquantième anniversaire, le troisième voyagiste français, Fram, affiche, lui, pourtant une pêche d'enfer. En témoigne d'ailleurs l'excellence de ses résultats 1998. Malgré une concurrence acharnée dans le secteur, le tour-opérateur hexagonal, créé en 1949 à Toulouse par une bande de copains, a en effet réalisé des chiffres record au terme de son dernier exercice. A commencer par le nombre de clients, qui progressé de 15 % passant de 480 000 à 550 000 en 1998. Voyages Fram, la société de tour-opérating, a ainsi réalisé un chiffre d'affaires de 2,3 milliards de francs (soit 351 millions d'euros) en augmentation de 16,3 %. Le bénéfice net, quant à lui, s'est élevé à 85 millions de francs, en hausse de 32,6 % par rapport à l'année précédente.
Pour ce qui concerne les résultats consolidés, communiqués pour la première fois à la suite de la récente transformation de Fram Investissements (maison mère) en société à conseil de surveillance (président : Philippe Polderman) et à directoire (président : Georges Colson ; directeur général : Marie-Christine Chaubet), ils ont eux littéralement explosé. Fort de 2,44 milliards de chiffre d'affaires global, le groupe a effectivement vu son résultat net consolidé grimper de 69 % à 102 millions de francs.
Des performances d'autant plus encourageantes qu'elles ont évidemment permis une amélioration sensible de la situation financière de l'entreprise (déjà très bien portante). Cette dernière consolidant d'une part ses fonds propres à 590 millions (à comparer aux 535 millions en 1997) et réduisant d'autre part son endettement à 3 millions de francs.

76 % de taux d'occupation
Une santé financière exceptionnelle qui fait pâlir d'envie plus d'un opérateur touristique à l'heure actuelle. Reste que rien n'est jamais dû au hasard. Fram a bien sûr bénéficié d'un contexte économique favorable en 1998. "L'euphorie générée par la Coupe du Monde de Football a aussi beaucoup joué en notre faveur. Lorsque le Français est gai, il pense en effet davantage à ses loisirs et à ses vacances", avoue Georges Colson.
A la suite d'une légère révision de ses tarifs (+ 1,5%), associée à un accroissement des séjours long-courrier, le voyagiste a en outre vu son prix moyen bondir de 5 % à 4 500 francs l'an passé. Sans oublier l'impact positif dans ses comptes de reprise de provisions importantes pour amortissements, notamment dans l'hôtellerie. Au fil des ans, cette activité (commercialisée sous l'enseigne Framissima) est d'ailleurs devenue particulièrement profitable. Avec quelque 19 établissements Framissima (dont un bateau de croisière sur le Nil), la filiale hôtelière, qui totalise 7 500 lits, a réussi en effet à améliorer son taux d'occupation de 6 points (76 %) et a dégagé un résultat net de 18 millions de francs en 1998.
Et les choses ne devraient pas s'arrêter en si bon chemin. Les 150 000 vacanciers séduits par le concept de "loisirs ouverts", développé par les Framissima, ne suffisent pas au tour-opérateur français. Fram entend "booster" son activité hôtellerie pour porter son parc au nombre de 25 hôtels en l'an 2000. Après avoir acquis plusieurs unités en 1998 dont l'hôtel Calma (Baléares), celui de la Batelière (Martinique), le Boyalik Beach (Turquie) et le Torre del Barrone (à 50/50 avec Aero Viaggi) le voyagiste a récemment racheté Les Dunes d'Or à Agadir (Maroc).
Mais, il a également d'autres projets sur le feu en Tunisie, aux Canaries, à Ibiza, à Cuba et en France. Cela fait déjà plusieurs mois qu'il recherche avec avidité un établissement français, offrant une capacité avoisinant les 150 chambres, à la montagne. La perle rare (fonctionnant en été et en hiver) semble néanmoins difficile à dénicher. Tout comme le paquebot sur lequel Fram désirerait inscrire ses couleurs.

Investissements massifs dans l'hôtellerie
Qu'à cela ne tienne ! En attendant, le tour-opérateur, en professionnel averti et excellent gestionnaire, va investir massivement dans la rénovation de son parc d'hôtels. "Le problème de l'hôtellerie actuelle, c'est le vieillissement prématuré des établissements", explique Georges Colson. Au cours de l'année 1999, il allouera donc une enveloppe de près de 80 millions de francs aux Dunes d'Or à Agadir (450 chambres), quelque 10 millions de francs dans un premier temps à la Batelière. Sans oublier de conséquents travaux d'un montant de 6 millions au Palm Beach (Sénégal) et un entretien annuel de toutes ses autres "maisons".
Une politique de rénovation coûteuse, qui est cependant indispensable pour réussir à séduire davantage de clients et mieux les fidéliser. Rappelons d'ailleurs à ce sujet que Fram table sur 600 000 clients et 3 milliards de chiffre d'affaires à l'horizon 2000. Pour l'heure, l'année 1999 paraît avoir assez bien débuté malgré les événements politiques actuels (guerre du Kosovo, crise en Turquie...). Le voyagiste devrait en effet remplir ses objectifs à savoir une hausse de 8 % du nombre de clients et de 10 % du chiffre d'affaires.

L'hôtel de la Batelière en Martinique est l'une des dernières acquisitions du groupe.

Marie-Christine Chaubet et Georges Colson gèrent FRAM avec intelligence.

L'HÔTELLERIE n° 2614 Hebdo 20 Mai 1999