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Vaucluse

L'accroissement de la demande tire l'offre vers le haut

Malgré l'augmentation de l'offre en haut de gamme ces dernières années, le potentiel hôtelier du Vaucluse reste important. Les tour-opérateurs étrangers réclament des établissements de luxe et certaines zones restent sous-équipées.

Dans le Vaucluse, les établissements trois et quatre étoiles ont le vent en poupe. "La clientèle qui fréquente notre département a toujours eu un pouvoir d'achat supérieur à celle du reste de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Cette tendance va en s'accentuant et les établissements haut de gamme sont ceux qui ont le plus augmenté leur capacité et leur fréquentation ces dernières années", observe Alain Gévodant, responsable du service aménagement et observatoire du comité départemental du tourisme de Vaucluse (CDT 84). Ainsi, le nombre des hôtels haut de gamme est passé de 48 (38 trois étoiles, 10 quatre étoiles) à 59 (44 et 15) entre 1991 et 1999, pour une capacité de 1 623 chambres en 1991 (1 347 et 276) et 1 849 en 1999 (1 470 et 379). Dans le même temps, les établissements une étoile passent de 43 à 17 et leur capacité chute de 691 à 274 chambres (1). "Cette forte baisse de l'hôtellerie une étoile profite bien sûr aux chaînes, qui, elles, ont tendance à demander leur classement, le plus souvent en deux étoiles", poursuit Alain Gévodant. Mais les petits indépendants veulent défendre leur place. Huit d'entre eux - une et deux étoiles - viennent de se grouper dans un club hôtelier à Avignon pour "valoriser la notion humaine de la fonction hôtelière", et mieux profiter de leur emplacement en cœur de ville. Parallèlement, l'attrait pour le haut de gamme gagne aussi les terrains de camping et les gîtes.

Haut de gamme pour les étrangers
"On ne crée plus de gîtes de niveau inférieur à deux épis, et les clients des campings, en majorité du nord de l'Europe, demandent des prestations haut de gamme", poursuit le responsable. La vogue grandissante de la Provence - profitant surtout aux secteurs du Haut-Vaucluse et du Luberon dans le département - auprès d'une clientèle de plus en plus extra-européenne explique en partie cette tendance. Eclairage du CDT : "Nous observons que plus la clientèle vient de loin, plus elle veut des prestations haut de gamme. Les tour-opérateurs nord-américains spécialisés dans les randonnées cyclotouristes sont, par exemple, demandeurs d'hôtellerie de luxe à chaque étape. Une exigence qui peut paraître paradoxale mais qu'il faut satisfaire. Et l'offre actuelle, notamment dans les zones fréquentées par les randonneurs comme le Mont Ventoux, n'est pas toujours à la hauteur." "La demande va en s'amplifiant, enchaîne Franck Gomez, président de la Chambre syndicale départementale de l'industrie hôtelière de Vaucluse (CDIH) et propriétaire de l'hôtel-restaurant La Table du Comtat à Séguret. Sauf élément extérieur lié à la conjoncture internationale, le développement devrait continuer : le potentiel est là."

Pénurie en 4 étoiles à Avignon
Pour preuve, les chiffres globaux de fréquentation, à la hausse ces dernières années : on est passé d'un taux d'occupation d'environ 50 % en 1996 à 54,1 % en 1997 et 55,7 % en 1998, alors que dans le même temps le nombre de chambre augmentait dans le département. Si, d'après les associations de commerçants avignonnais, le créneau semble arrivé à saturation dans la cité des Papes - deux projets viennent d'être repoussés en CDEC - il semble que même là, il existe une place pour de nouveaux projets, situés sur une niche précise. "Il manque un quatre étoiles à Avignon, affirme Alain Gévodant. La clientèle d'affaires se trouve face à une pénurie d'offre. Pour ce genre de travail, il faut un temps de réaction très court. Les entreprises lancent des appels d'offres à court terme. Les hôtels préfèrent ne pas s'engager. De toute manière ils sont sûrs de remplir leurs établissements avec des touristes. Et devoir fermer sa porte à une clientèle fidèle comme celle-là au profit d'une entreprise pour un séminaire ponctuel ce n'est pas une bonne affaire." Mais la venue d'un nouvel établissement de standing dans un centre historique très protégé devra supporter des contraintes importantes. Sans même être sûr d'aboutir. Malgré le projet de ZAC République au centre-ville, toujours pas finalisé malgré trois ans d'étude, et l'achèvement de la gare TGV dans le quartier de la Courtine - où devrait transiter un million et demi de passagers par an à partir de 2001 - c'est pour le moment le statu quo. "Je pense qu'il y a encore de la place pour les chaînes sur l'agglomération avignonnaise. Notamment dans le futur quartier TGV et à la nouvelle sortie autoroutière d'Orange. Avignon est le seul secteur du département où la fréquentation de l'hôtellerie de chaîne n'est pas en baisse."

Concurrence entre chaînes
Toute la question est de savoir choisir son emplacement. "Ces dernières années, poursuit le président, les chaînes ont eu tendance à se concurrencer entre elles. Les installations devront désormais s'effectuer là où il n'y aura pas besoin de pousser les autres. Les dirigeants de chaînes étaient pour le rejet du projet de l'enseigne Bed & Breakfast au Pontet, projet finalement refusé en CDEC." Maintenant que le Luberon semble bien quadrillé, le Haut-Vaucluse, le Ventoux et le secteur des Côtes-du-Rhône devraient être les nouveaux sites des projets hôteliers du département. "Valréas, Vaison, Beaumes-de-Venise manquent de chambres, on peut encore profiter du climat artistique de Lourmarin... et ce ne sont que quelques exemples. Le tout est d'avoir un vrai produit à vendre en dehors de l'hébergement pur : que cela soit la situation géographique, la gastronomie ou tout simplement le calme." Des produits que commencent à proposer les acteurs de ce département, avec par exemple "Provence, chemin des vignobles", un séjour cyclotouristique de cinq jours dans les vignobles des Côtes-du-Rhône méridionales aux mois de mai et juin. Mais les avis sont mitigés sur les séjours à thème. "L'expérience nous montre qu'en hiver, il vaut mieux fermer boutique, confie Franck Gomez. La fréquentation reste très saisonnière. Il ne faut pas abuser des séjours à thème. La clientèle des établissements haut de gamme supporte mal l'embrigadement." Destination privilégiée, le Vaucluse poursuit sa mutation.
(1) Statistiques du CDT 84.


"Plus la clientèle vient de loin, plus elle veut des prestations de haut de gamme."


Alain Gévodant, président du CDIH Vaucluse.


Franck Gomez, membre du CDT Vaucluse.


L'HÔTELLERIE n° 2615 Hebdo 27 Mai 1999

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