Lyon
Tout commence par une lettre
adressée à Raymond Barre le 17 décembre 1997. Ce jour-là, Marc Chabert - entre autres
créateur du B 52, du Fish et de l'Oxxo et travaillant actuellement à l'installation d'un
bar-restaurant sur le thème de la moto - explique au maire de Lyon les difficultés
rencontrées par les gens de la nuit et souligne la "déficit d'image" dont
souffre la ville en ce domaine.
"Les établissements ne correspondent plus à une demande devenue différente avec
les années, mais il est difficile d'en changer à cause de la réglementation sur le
transfert des licences de débits de boissons et surtout de la grande hostilité
manifestée par les administrations face aux nouveaux projets", écrit-il.
Il ne se contente pas de dénoncer. Il entend créer à Lyon sur une "friche
industrielle, un site sans voisinage avec parking regroupant plusieurs commerçants, avec
des enseignes s'adressant à des âges et des styles différents. Le transfert de
l'activité nocturne vers un centre approprié entraînerait la tranquillité des
riverains parfois excédés, la réconciliation des pouvoirs publics avec notre activité,
la possibilité de guider les touristes vers un lieu de nuit diversifié, structuré et
animé et le bonheur des exploitants qui pourront s'exprimer et investir dans un site
reconnu."
A cette lettre, il n'a obtenu aucune réponse et il attend toujours un signe de Raymond
Barre, le seul, à l'en croire, à "pouvoir réconcilier ceux qui dorment, ceux
qui s'amusent et ceux qui ne savent pas où sortir".
De vaines réglementations
Un an après pourtant, Marc Chabert découvre dans la presse que Michel Forien, adjoint au
maire de Lyon délégué au Commerce et à l'Artisanat et Gilles Buna, maire du premier
arrondissement - riche en activités nocturnes -, ont l'intention de réglementer les
activités nocturnes dans leur arrondissement !
Surprise de n'avoir pas été consultée pour la rédaction de cette charte, la FNIH s'en
inquiète et demande à participer... mais le texte existe. Sans elle.
"Nous avons obtenu une réunion avec les chambres de commerce et des métiers où
nous avons découvert le texte élaboré. S'il est dit en préambule que 'la vie
nocturne fait partie intégrante de l'animation d'une grande ville moderne et ouverte'
ce que nous approuvons, rien n'est ensuite satisfaisant puisque nous n'avons trouvé que
des actions pour légiférer et réglementer notre métier", déclare Marc
Chabert.
"Il n'y a pas de vie nocturne à Lyon et l'on se targue de vouloir améliorer les
choses en réglementant encore plus. C'est aberrant que des gens aient travaillé pour
rien à l'élaboration d'une charte qui ne résout rien et ne traite pas des problèmes de
fond !", poursuit-il. En effet, des autorisations d'ouvertures plus tardives à
l'occasion de certaines fêtes légales ou locales sont certes évoquées, mais le cahier
des charges proposé est très restrictif. L'interdiction de vente à emporter des
boissons alcooliques est évoquée... mais elle ne concerne pas les établissements de la
nuit. La mise en place d'un poste de police est confirmée... mais avec des horaires de
fonctionnement jusqu'à 18 ou 20 heures (!) et une large plage de sanctions pour tapage
nocturne est détaillée. Rien n'apparaît véritablement constructif...
"Les nuisances sonores sont davantage liées aux bruits de la rue qu'aux
établissements eux-mêmes où les normes (N.D.L.R. : un décret sur le bruit paru en
décembre 1998) sont, en général, respectées. Il est évident que si l'on en reste là,
ce sera un frein aux investisseurs. Il faut d'urgence créer à Lyon un centre d'activité
nocturne qui permettrait de réconcilier les riverains, la jeunesse et les commerçants
comme je l'avais proposé à Raymond Barre. Actuellement on ne fait que du replâtrage
dans des lieux non adaptés. A Lyon, la nuit est bloquée", constate encore Marc
Chabert. Jusqu'à quand ?
J.-F. Mesplède
L'HÔTELLERIE n° 2615 Hebdo 27 Mai 1999