Une carte d'hôte
C'est aux hébergeurs - toutes catégories confondues, de l'hôtellerie classique aux résidences et aux chaînes - que revient le rôle gratifiant de remettre cette carte d'hôte à leurs clients, assortie d'un dépliant énumérant les privilèges, les réductions et autres avantages dont bénéficie le récipiendaire de ces "cadeaux bonus !" pouvant être considérés comme un acquittement obligatoire de la taxe de séjour perçue par les villes et les stations. Perception très souvent mal comprise tant par les professionnels que par les voyageurs et les touristes.
Augmentation de la taxe sans douleur
Pour Pierre Moreau et Hervé Doulat, d'Architecture et territoire, s'il n'existe pas de
lien réglementaire dans cette appréhension particulière de la taxe, cela permet "de
positiver le procédé en rendant la collecte plus transparente. De son côté,
l'hébergeur joue un rôle dans le dispositif de concertation avec la collectivité locale".
En Isère, le district des Quatre Montagnes (Villard- de-Lans, Corrençon,
Lans-en-Vercors, Autrans, Méaudre, Saint-Nizier-du-Moucherotte, Engins) ainsi que
Saint-Pierre-de-Chartreuse ont adopté le système de la carte d'hôte.
A Villard, Emmanuel Briant (dont on avance le nom pour la direction ô combien délicate
de l'office de tourisme de Grenoble) a obtenu 60 000 F pour la mise en place de ce
vade-mecum : il estime son coût annuel à 250 000 F et un retour sur investissements sur
trois ans. "Il faut créer un poste pour recouvrer la taxe et gérer la carte
d'hôte, éditer les cartes et documentations afférentes. Mais en face, il faut des
recettes."
De son côté Pierre Moreau, qui n'a pas déposé ce concept le considérant d'utilité
publique et non émanant d'une initiative privée, est confiant, même sans la protection
d'un brevet. "Deux mille stations restent à équiper et certaines communes, avec
la carte d'hôte ont vu la perception de la taxe de séjour augmenter (relativement
facilement) de 30 à 50 %". Architecture et territoire, créé en 1992, qui
travaille aussi avec les promoteurs, les aménageurs et les grandes surfaces, s'est fait
une spécialisation dans l'ingénierie touristique (14 salariés, CA de 3 millions de
francs) et gère des espaces naturels : il a mis en place des sentiers de randonnée dont
il réalise la signalétique et la cartographie (Matheysine, Vercors,
Languedoc-Roussillon, etc.). Mais en ce domaine pas encore La Chartreuse !
C. Bannières
Pierre Moreau et Hervé Doulat, d'Architecture et Territoire, qui ont mis en place
ce concept.
Le village du Sappey-en-Chartreuse avec au fond, le sommet de Chamechaude.
L'HÔTELLERIE n° 2615 Hebdo 27 Mai 1999