Vente du pôle hôtelier de Vivendi
A son arrivée à la tête de Vivendi (ex-Compagnie Générale des Eaux), Jean-Marie Messier avait très clairement exprimé sa volonté de recentrer le groupe sur les activités les plus rentables et de céder les autres. Parmi elles, figurait en tête de liste l'immobilier, que l'on retrouvait au sein de la CGIS, la filiale du groupe, spécialisée dans l'immobilier et les loisirs. Depuis plusieurs mois, d'importantes cessions ont été faites, restait donc à prendre une décision par rapport au choix du repreneur du pôle hôtelier de la CGIS. Une période particulièrement propice pour en tirer un bon prix, les affaires sont reparties dans le secteur et les acheteurs sont de plus en plus nombreux à pouvoir lever les fonds nécessaires à une telle acquisition.
Une exigence humaine
Autant dire que Jean-Marie Messier voulait se donner le temps de vendre dans les
meilleures conditions tant financières qu'humaines puisqu'il souhaitait que les équipes
des hôtels approuvent, elles aussi, le choix du repreneur. "Le plan de
développement présenté par Accor, ainsi que les engagements pris sur le plan social,
nous ont conduits, déclarait-on chez Vivendi à l'annonce de la vente, à apporter
un large soutien à cette proposition." Au-delà du prix, le président de
Vivendi voulait passer le flambeau à un groupe partageant des valeurs communes avec le
sien. La nomination de Jean-Marc Espalioux au conseil d'administration de Vivendi était
significative. Le pôle hôtelier suscitait bien sûr l'intérêt de nombreux groupes et
il y avait de quoi. Avec les 2 enseignes, Demeure Hotels et Libertel, Agnès Bourguignon,
directeur général de la CGIS, avait su créer en quelques années un produit de très
grande qualité, très cohérent et mobiliser ses équipes afin d'obtenir de très bons
résultats. A l'acceptation d'une dizaine de contrats de gestion et de quelques accords
commerciaux (tels l'Horset), la plupart des établissements avaient été achetés par la
Compagnie Immobilière Phoenix, il y a 9 ans maintenant. En mai 1990, le CIP avait en
effet racheté au groupe Jeandet une vingtaine d'hôtels 2 et 3 étoiles, regroupés au
sein de la chaîne La Parisiane avant de prendre le contrôle d'une autre entité
parisienne qui regroupait 11 établissements à l'enseigne de Cidotel. Conduites par
Jean-Marc Oury, les équipes de la CIP avaient vite passé les frontières pour
s'installer également à Amsterdam, Genève, Londres.
Pour 3,1 milliards de francs
A chaque fois, des investissements très importants étaient réalisés pour la
rénovation. Autant dire qu'aujourd'hui, en reprenant les 52 établissements (3 160
chambres) sous les marques Demeure et Libertel, dont 8 en contrat de gestion et 4 hôtels
associés, réalisant un CA annuel de 800 millions de francs (122 millions d'euros), Accor
fait des envieux. Etaient candidats à la reprise Sol Melia qui pourtant aurait proposé
un meilleur prix mais qui n'avait pas les faveurs de tous... Westmont Hospitality avec la
banque d'affaires Goldman Sacho et Starwood, qui avait un accord commercial avec Demeure
Hotels à travers la marque Westin, étaient également sur le rachat.
C'est donc associé aux fonds d'investissements Colony et Blackstone qu'Accor va acquérir
le pôle hôtelier de la CGIS. La transaction a été conclue à 3,1 milliards de francs
auxquels pourrait s'ajouter, à terme, un complément de prix. Accor détiendra 30 % du
capital de la nouvelle société créée conjointement avec ses 2 partenaires et assurera
la gestion de l'ensemble du parc. 34 hôtels Libertel continueront à être exploités
sous leur enseigne actuelle tout en étant associés au réseau Mercure. Quant aux 8
Demeure Hotels, ils conserveront leurs enseignes et seront associés à Sofitel. On le
voit, Accor récupère à travers cette transaction des établissements de très bon
niveau et renforce très nettement sa présence sur la capitale tout en confortant son
réseau Sofitel. Deux atouts de marque.
PLN
The Grand Westin Demeure Hotels (Amsterdam).
Libertel Lou Pinet (Saint-Tropez).
8 Demeure HotelsParis Londres Amsterdam Genève |
Avec quels fonds ?Colony, qui est un fonds d'investissements privé basé aux Etats-Unis et
spécialisé dans l'immobilier, a investi plus de 5 milliards de US $, depuis sa création
en 1991. Fin 1997, Colony s'installe en France et, depuis cette date, a investi des fonds
dans des biens immobiliers d'une valeur globale de 2,5 milliards de francs. Récemment,
Colony a pris une participation majoritaire dans la société Lucia, à Paris. Il est
représenté par ses bureaux à Los Angeles, |
L'HÔTELLERIE n° 2616 Hebdo 3 Juin 1999