Céret
Le tribunal de commerce de
Perpignan a prononcé le 5 mai dernier la mise en liquidation judiciaire des Feuillants.
La célèbre table de Céret (Pyrénées-Orientales) avait fermé ses portes début avril.
Un mois plus tôt, elle avait disparu du guide Michelin, après y avoir figuré avec deux
macarons en 1997 et en 1998.
Né en 1990, dans une villa particulière du centre de Céret, l'établissement n'aura
survécu que quelques mois au départ de ses deux chefs, Didier Banyols et Jean
Plouzennec. En huit ans, les deux hommes et leurs épouses avaient hissé Les Feuillants
au premier rang des tables roussillonnaises. Mais un désaccord avec le propriétaire de
l'établissement, John Blume, a interrompu l'aventure. Fin novembre 1998, Didier et
Marie-Louise Banyols quittent Céret pour aller ouvrir un hôtel-restaurant dans un
domaine bordelais, le château Smith Haut-Lafitte, à Martillac. Jean Plouzennec s'envole
un mois plus tard pour aller relancer le restaurant du casino d'Amélie-les-Bains, dans
les Pyrénées-
Orientales. Entre temps, John Blume a recruté un nouveau directeur, chargé de
reconstituer une équipe. Mais la greffe n'a pas pris. Début mars, au moment où paraît
la nouvelle édition du Michelin, les propriétaires déposent le bilan. "Nous ne
pouvions pas continuer à financer des pertes", commente Martine Josse-Blume,
gérante de l'établissement.
La fin d'une histoire ? Un homme ne se résigne pas à cette conclusion. Il s'appelle
Robert Pairot. Cet ancien patron d'une fabrique locale de bouchons est à l'origine des
Feuillants. C'est lui qui, en 1990, a convaincu les Banyols et les Plouzennec, qui
exploitaient alors le Relais Saint-Jacques à Perpignan, de venir lancer un nouvel
établissement à Céret. Resté propriétaire des murs, il envisage aujourd'hui de
relancer l'affaire avec un nouveau chef. Une proposition de rachat du fonds de commerce
devrait être soumise au liquidateur. En cas d'accord, la réouverture pourrait intervenir
début juillet. Jean Plouzennec, l'ancien second de Didier Banyols, n'envisage pas d'autre
issue. "Cet
établissement est tellement magique, dit-il, qu'il ne peut pas disparaître comme
ça."
J. Lelong
L'HÔTELLERIE n° 2616 Hebdo 3 Juin 1999