Dioxine
L'alerte à la dioxine a été donnée début février par un éleveur belge inquiet de constater que ses poules présentaient des difficultés de croissance et de ponte. Le 19 mars, les contrôles belges mettaient en évidence des taux de dioxine anormalement élevés dans l'alimentation de ces animaux et notamment dans la graisse animale ajoutée aux céréales. Le suspect : l'entreprise belge Verkest, fabricant d'aliments pour animaux. La Belgique a attendu le 28 mai dernier pour décider de retirer de la vente poules et ufs et pour signaler à la Commission européenne une contamination par la dioxine de graisses animales entrant dans la fabrication d'aliments pour volailles. Ce jour-là, les autorités françaises ont publié un communiqué recommandant de ne pas consommer d'ufs et de poulets d'origine belge et demandant le retrait du marché de l'ensemble des viandes de poulet, ufs et produits à base d'ufs originaires de Belgique.
Mise en place d'un dispositif d'urgence
Le jour même, l'administration française consignait les stocks de graisses et d'aliments
contenant cette graisse chez Alimex, l'entreprise française d'aliments pour animaux qui,
selon les informations transmises par les autorités belges, se fournissait en graisses
animales auprès de Verkest, l'entreprise belge incriminée. Les productions d'une
cinquantaine d'élevages de volailles, clients de Verkest, ont été immédiatement
consignées. Le 11 mai, la direction générale des douanes mettait en place un dispositif
de contrôle des marchandises dans le nord de la France afin de s'assurer que les produits
interdits de commercialisation en Belgique n'étaient pas introduits en France.
Parallèlement, les produits de 31 élevages destinataires d'aliments fournis par des
sociétés belges utilisatrices des graisses incriminées ont été mis sous séquestre
par les Services vétérinaires. Aucun de leurs produits ne pourra être commercialisé
avant l'obtention des résultats des investigations et analyses pratiquées sur des
échantillons prélevés. Tous leurs produits déjà mis sur le marché ont été retirés
de la vente. Le 4 juin, une soixantaine d'élevages de bovins ont été identifiés comme
ayant reçu des aliments du fabricant français susceptibles d'avoir été contaminés.
Ils ont été mis sous séquestre.
Arrêté du 4 juin : seuls les produits belges contaminés sont soustraits du
marché
Vendredi 4 juin, la France a signé un arrêté qui complète et étend le dispositif
d'urgence mis en place à tous les produits d'origine animale afin d'assurer aux
consommateurs la plus grande protection compte tenu des informations disponibles à ce
jour. Cet arrêté suspend donc la commercialisation des animaux, produits carnés,
ufs et ovoproduits, lait et produits laitiers provenant d'animaux élevés entre le
15 janvier et le 1er juin dans des élevages belges, et dans les élevages français qui
ont reçu des aliments et des graisses animales d'origine belge susceptibles d'être
contaminés. D'après la DGAL*, les produits belges et français susceptibles d'avoir
été contaminés ayant été retirés de la consommation à la date du 1er juin, ceux qui
sont présents aujourd'hui sur le marché français sont issus d'élevages sains donc
propres à la consommation. Quant aux produits dérivés (mayonnaises, produits
laitiers...) susceptibles d'avoir été contaminés, ils sont en cours de retrait du
marché français. L'arrêté du 4 juin interdit aussi sur le territoire national des
animaux (autres que de loisir et de compagnie), des ufs à couver
et des produits d'origine animale destinés à la consommation humaine ou animale
d'origine belge. La France vient aussi de décider la création d'un laboratoire
spécialisé dans la détection de la dioxine. Et, pour la Comission européenne, il est
indispensable d'arrêter une stratégie européenne commune car certains pays comme les
USA ont élargi l'embargo au-delà de la Belgique.
B. Gutel
* DGAL : Direction générale de l'alimentation.
Les volailles belges ont été interdites en France le 28 mai.
La dioxine, un produit cancérigèneLa dioxine est un produit cancérigène mais on ne sait pas à quelles doses elle
provoque des cancers chez l'homme. Etant donné qu'elle s'accumule dans les graisses et
qu'elle s'élimine difficilement, l'Organisation mondiale de la santé a fixé des seuils
tolérables très bas : 4 picogrammes avec pour objectif 1 picogramme par jour et par kg
de poids corporel. Il faut donc surveiller la chaîne alimentaire, traquer les rejets
polluants car la dioxine est un sous-produit de la combustion, notamment des
incinérateurs. |
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L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments est en place en France depuis le décret du 26 mars 99. Avec l'affaire de la dioxine, elle n'a pas tardé à jouer son rôle principal : évaluer les risques liés à l'alimentation tandis que les pouvoirs publics continuent à les gérer.
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Dioxine : quel est le niveau de risque ?A ce jour, la dioxine n'a été retrouvée que dans des poulets et des ufs, jusqu'à des doses de 740 picogrammes par gramme de graisse. Pour le reste, on ne raisonne qu'en termes de risque, tant que les résultats des échantillons ne sont pas connus. Verkest a livré 80 tonnes de graisses contaminées à douze fabricants d'aliments pour animaux en Europe. Ceux-ci ont mélangé ces graisses à des farines animales ou à des céréales et fourni des centaines d'exploitations qui, à leur tour, ont livré des matières premières pour fabriquer des plats cuisinés, des crèmes, des mayonnaises, pâtes, biscuits, glaces... Comment retrouver ces produits ? "C'est un travail de titan", s'est exclamé le ministre de l'Agriculture français, Jean Galvany. C'est pourquoi la décision de tout bloquer a été prise. Et, à l'issue d'une réunion organisée samedi 5 juin par l'Agence française de sécurité alimentaire des aliments (AFSSA), les experts ont estimé que les risques d'exposition à la dioxine restaient très limités en France et que, en conséquence, le scandale de la commercialisation en Belgique de 80 tonnes de graisses contaminées "ne semble pas présenter de danger" pour la santé des consommateurs. "Il s'agit là de la première appréciation scientifique du risque depuis le début de la crise", soulignait Martin Hirsch, directeur général de l'AFSSA. Ces mêmes experts estiment en outre que les mesures prises par les autorités françaises depuis le 28 mai sont de nature à maîtriser les facteurs de risque d'exposition à la dioxine. |
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Les farines animales sont interdites en France depuis 1990 dans l'alimentation des
bovins et en Europe depuis 1996. Les bovins ne peuvent donc plus être nourris de farines
animales mais ils peuvent recevoir de la graisse en complément alimentaire.
Ce qui explique qu'une soixantaine d'élevages bovins aient été mis sous séquestre le 4
juin dernier.
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Prudence chez McDo et QuickMcDonald's a pris lundi dernier la décision de supprimer "par précaution" en France, Belgique, Italie et Pays-Bas tous les produits lactés proposés dans ses établissements. Ses crèmes glacées étaient fabriquées à partir de bases originaires de Belgique. Quick a également suspendu pour vérification dans ses établissements les milk-shakes, crèmes glacées et chiffonnades de jambon qui sont importés de Belgique. |
L'HÔTELLERIE n° 2617 Hebdo 10 Juin 1999