Conjoncture
On n'y croyait plus, ils sont
là : les panneaux de signalisation hôtelière spécialisés sont en place depuis la
mi-mai dans la ville de Lille. Il aura fallu des années de demande et enfin la mise en
place d'une taxe de séjour pour que la ville accède à cette demande élémentaire. Ces
panneaux sont assortis au mobilier urbain élégant du Vieux Lille, assez petits mais
suffisamment haut placés et de couleur lumineuse. Leur implantation a fait l'objet d'une
étude minutieuse et fort longue. Espérons que les visiteurs y trouveront leur compte. Un
plan cohérent sur l'ensemble de la métropole Nord et non seulement sur la commune de
Lille serait encore plus satisfaisant.
En effet, l'hôtellerie métropolitaine a encore grand besoin de promotion. Les résultats
notés par l'Observatoire hôtelier de la métropole en 1998, sur un échantillon de 57
établissements sur 101 pesant 4 028 chambres sur 5921, sont bons sans plus. Le taux
d'occupation moyen s'est élevé de 3,5 % à 63,6 %. Le TO en semaine a atteint 75,9 % en
hausse de 2,5 %. Le week-end la progression est à peine plus forte, de 43,9 % à 46,7 %
soit 2,8 %. La progression du prix moyen est forte avec 289 F contre 280 F. Il faut
toutefois tempérer ces résultats avec l'effet ambigu de la Coupe du Monde qui a
entraîné l'annulation de congrès en juin ainsi que nombre de visites de touristes, et
donc fait diminuer les TO. Par contre, l'envolée des prix se traduit par un pic de
cinquante francs au-dessus de la moyenne en juin. L'effet Championnat du Monde de Bridge
est net en août, mais concentré à Lille intra-muros tout comme l'activité de week-end
liée à la présence des Britanniques venus par Eurostar. Le Vieux Lille réaménagé
depuis vingt ans, à présent accueillant et séduisant, capitalise les efforts. Jacques
Houssin, président du Club hôtelier, ne veut pas parler de week-ends remplis, mais la
progression est appréciable : certaines fins de semaine, on passe de 10-15 % à 40-45 %
de TO.
La progression en clientèle d'affaires et en congrès demeure faible. Les quatre
étoiles, déjà peu nombreux (trois hôtels et moins de 270 chambres), sont plutôt en
recul en TO moyen.
L'effectif stable
Dès lors, les annonces et contre-annonces d'installations de nouveaux hôtels, demandés
à cor et à cri par l'office de tourisme et Lille Grand Palais (l'adresse congrès de
Lille) font figure de poker menteur. Un Novotel est annoncé rue de Tournai non loin des
gares, mais à notre connaissance le dossier n'est pas déposé en CDEC, de même qu'un
projet d'Holiday Inn Crowne Plaza de 150 chambres à la verticale de la gare Eurostar
Lille Europe. Ont été autorisés en 1998 un
B & B 1* de 81 chambres en périphérie sud à Seclin, et un hôtel suites Adagio (une
marque expérimentale d'Accor) de 76 chambres au sud également, près de l'aéroport de
Lesquin. Sinon, par le jeu des fermetures des derniers hôtels de préfecture, l'effectif
est descendu de 107 à 101 hôtels et de 6 188 à 5 921 chambres en un an. En dépit des
ambitions métropolitaines de Lille, le marché ne décolle pas suffisamment pour attirer
les investisseurs.
Le début de 1999 est jugé bon par le président Houssin, mais sans changement
structurel. Les week-ends ont été bénéfiques à Lille intra-muros pendant l'exposition
Goya organisée par le musée des Beaux-Arts de décembre à mars, "une période
idéale", commente Jacques Houssin. Hélas aucun grand congrès n'était annoncé
pour mai-juin. Finalement, le président reste "relativement optimiste",
et pense qu'une nouvelle implantation est possible en centre-ville, "mais pas tous
les projets en même temps". "Nous resterons très vigilants",
prévient-il. On peut compter notamment sur la vigilance d'Accor dominant sur ce terrain,
dont le Sofitel situé entre les pôles de Lille et de Roubaix-Tourcoing reste difficile
à faire vivre en fin de semaine.
A. Simoneau
La nouvelle signalisation hôtelière est en place depuis la mi-mai.
L'HÔTELLERIE n° 2617 Hebdo 10 Juin 1999