Laurence et Raphaël à Athènes
Sylvester Stallone souhaitant
développer sa chaîne de restaurants en France, écrit à ses cousins bretons pour
connaître la recette du fameux dessert kouign-aman. Dans leur village imaginaire du fin
fond de la Bretagne, la cousine en question attend le retour de son pâtissier de mari
pour décacheter la missive. Ensemble ils lisent les propos de l'acteur bodybuildé
prétexte à parler de la gastronomie bretonne... Cette petite mise en scène non
dépourvue d'humour vient d'être reproduite à Athènes dans le cadre du concours ECA
(European catring association) par deux élèves du lycée hôtelier Sainte-Thérèse de
La Guerche-de-Bretagne en Ille-et-Vilaine. Ce sketch de dix minutes dont cinq en anglais -
la seconde épreuve du concours faisant l'objet d'un quiz chronométré - a donc été
choisi pour représenter la France lors de la finale internationale.
Résultat ? Laurence et Raphaël terminent non classés et Marie-Anne Planchais, leur
professeur de restauration, d'ajouter : "Les Grecs connaissaient les questions du
quiz !"On ne s'en étonnera qu'à moitié. Rappelons que lors de la finale de la
coupe Georges Baptiste à Amsterdam - à laquelle participait un élève du lycée de
Saint-Méen-le-Grand - le candidat hollandais connaissait apparemment les questions du
concours... Mais peu importe, "il ne faut pas considérer ce déplacement comme un
concours, mais comme un échange", insiste M.-A. Planchais. Les jeunes ont en
effet pu rencontrer de nombreuses autres délégations et sympathiser avec plusieurs
jeunes des écoles hôtelières étrangères. "Ils ont échangé des adresses et
surtout des bureaux de recrutement d'autres pays étaient présents. C'est là-dessus
qu'il faut s'arrêter." Sans compter que lors du séjour, la communication
passait obligatoirement par l'anglais, "une bonne expérience pour Laurence et
Raphaël".
"Cette aventure est assez inattendue car nous n'avions pas tellement de temps pour
préparer le concours", explique Marie-Anne Planchais alors que les deux jeunes
"élèves-acteurs" de 19 ans renchérissent de concert ; "Franchement,
nous ne nous y attendions pas le moins du monde. Lors de la finale française, nous ne
pensions pas finir premiers. Notre unique objectif était de ne pas terminer dernier !"
Mais Laurence et Raphaël n'ont pas compté leur temps pour s'investir dans cette
histoire. "Nous avons travaillé tous les trois après les cours, pendant la
semaine, se rappelle Laurence, ajoutant aussitôt, un large sourire aux lèvres, mais
quand même pas le week-end ! C'est sacré le week-end pour l'instant ! Je le consacre à
mes amis." Raphaël reconnaît pour sa part avoir travaillé "le samedi
matin. Mais pas l'après-midi".
Ces deux jeunes élèves en première année de BAC professionnel ont en fait été
choisis pour leurs bonnes aptitudes en anglais mais également sur leur complémentarité,
la réserve de Raphaël s'accordant avec justesse au dynamisme de Laurence. "Et
puis nous sommes tous deux dans des domaines différents, moi en salle et Raphaël en
cuisine."
Garder la tête froide
Reste que cette aventure ne concerne que deux élèves... "Il n'y en a que deux
qui en profitent sur toute une classe. Ce n'est pas terrible et cela fait beaucoup
d'investissement pour deux élèves, remarque M.-A. Planchais. D'autant qu'en amont,
il faut également gérer et canaliser l'enjeu et le stress des deux candidats. "Ils
ne doivent pas prendre la grosse tête. Il ne faut pas ramener cette histoire tous les
jours. Ce sont avant tout des élèves... pas des poulains !", insiste M.-A.
Planchais. L'ensemble de personnel de l'école s'interroge donc quant à une future
participation au concours.
Laurence et Raphaël en ont en tout cas bien profité : visite de l'Acropole, conférences
sur la gastronomie grecque, dégustations de spécialités grecques etc. Pour eux,
l'avenir immédiat passe également par de belles découvertes. Cet été, Laurence
effectue son stage chez Michel Guérard et Raphaël chez Bernard Loiseau.
O. Marie
Laurence et Raphaël n'ont pas compté leur temps pour s'investir dans cette
histoire.
L'HÔTELLERIE n° 2617 Hebdo 10 Juin 1999