Nîmes
Elle est née à la rentrée
scolaire 1985, portée sur les fonts baptismaux par Alain Fanjaud, Gérard Bouvet,
toujours présents sur place, et Pierre Augier, qui, en 1993, a rejoint le lycée de
Fréjus. Trois professeurs, qui avaient envie d'aller plus loin dans l'enseignement de la
sommellerie, ont fini par convaincre le proviseur de l'époque, Armel Rémy,
d'entreprendre les démarches pour l'obtention de cette mention complémentaire.
Quatorze promotions plus tard, personne au lycée professionnel l'Etincelle, calé dans
une ZUP nîmoise, ne regrette les efforts multiples consentis alors. Les résultats vont
d'ailleurs dans le sens de cette satisfaction générale. "Notre force c'est
désormais l'expérience et la durée puisqu'on figure parmi les premières mentions en
France, clament en préambule les enseignants. Mais au début, nous nous sommes
effectivement cherchés, s'empressent-ils de reconnaître. Il fallait bien définir le
cadre de la formation et notamment les aspects théoriques et pratiques."
C'est ce cocktail qui fait aujourd'hui la force et certainement la qualité de la
formation délivrée à Nîmes. On y étoffe sa connaissance des boissons issues des
vignobles français et étrangers, on aborde la technologie professionnelle à travers les
accords mets et vins ou encore la gestion d'une cave et, bien entendu, on travaille la
dégustation. Mais les élèves ne passent pas tout leur temps en salle de cours. "Nous
avons établi aussi un large programme d'activités sur le terrain. Dès la rentrée,
l'élève part durant quinze jours pour suivre un stage de vinification chez un vigneron.
Puis, d'octobre à mai, à raison de trois semaines de présence, les élèves vont à
tour de rôle découvrir un autre aspect du métier au sein des Caves Taillevent, à
Paris, avec qui nous avons mis sur pied un contrat de formation."
Et si l'étudiant n'est pas encore totalement pris par le virus de la sommellerie, une
dernière étape, après les visites dans les vignobles bordelais et bourguignon, doit
finir de le convaincre. C'est un stage de quatre semaines dans un restaurant titulaire
d'un macaron, au moins, au guide Michelin. "Michel Guérard, Le Martinez et le
Carlton à Cannes, La Tour d'Argent, ou le Juana à Juan-Les-Pins figurent parmi ceux qui
nous soutiennent." Cette alternance, comme l'ensemble des opportunités offertes,
réussit aux élèves et leur ouvre pas mal d'opportunités.
Des professeurs passionnés
Les anciens nîmois qui, à 80 %, restent dans les professions liées à l'hôtellerie et
la restauration ont même la chance de largement s'illustrer à l'extérieur. Stéphane
Debaille, en 1992, et Dominique Laporte, en 1997, ont remporté le trophée Ruinart du
Meilleur jeune sommelier de France pendant que d'autres entraient de belle façon dans la
vie professionnelle. Laurent Soustelle chez Paul Bocuse, Louis Villa chez Michel Guérard,
Richard Viémont au sein du groupe Flo ou encore Frédéric Crespin comme responsable de
catalogue aux Caves Taillevent sont des exemples parmi de nombreux autres cas de succès.
Philippe Parès est quand à lui chef de rang au restaurant parlementaire de l'Assemblé
nationale après avoir notamment exercé à La Marée. "Nîmes a quelque chose de
plus grâce à des professeurs qui vont bien au-delà de leur travail. Ils transmettent
leur passion et leur motivation de façon très pédagogique. J'ai essuyé les plâtres au
tout début de la formation mais depuis, je sais aussi qu'ils n'ont cessé d'améliorer le
contenu..." Dominique Laporte, caviste à Montpellier, a également un avis
intéressant sur la formation délivrée dans ce lycée. "Au départ, c'est
plutôt vers les activités de bar que je m'orientais, mais les enseignants m'ont
rapidement convaincu de me tourner vers le vin. Ils donnent des bases qui sont déjà
très au-dessus de ce que l'on demande ensuite à l'examen mais surtout ils savent pousser
chaque élève pour qu'il aille de l'avant, de lui-même. C'est un formidable tremplin
pour la suite d'une carrière professionnelle..."
J. Bernard
Roland de Calonne, président du Champagne Ruinart, Dominique Laporte, Meilleur
jeune sommelier de France 1997, Georges Pertuiset, président de l'Union de la sommellerie
française.
Qui, quand, comment ?Pour intégrer la mention complémentaire sommelier, il faut être titulaire d'un
des diplômes suivants : CAP restaurant, BEP restaurant, BAC professionnel de
restauration, BTN ou BTS hôtellerie. Un test est également prévu à la fin du mois de
juin de chaque année et consiste en un écrit vérifiant les connaissances en crus des
vins et en nologie et en un oral portant sur la présentation et la motivation du
candidat. |
L'HÔTELLERIE n° 2618 Hebdo 17 Juin 1999