En finançant son développement par la bourse, Bernard Loiseau avait surpris, l'an
dernier, plus d'un observateur. Dire que l'opération avait suscité des interrogations
est un euphémisme. Il est vrai que le petit monde des analystes, commentateurs et autres
gestionnaires de fonds s'intéresse davantage aux sociétés du CAC 40, aux performances
des multinationales qu'aux évolutions des PME qui forment encore le tissu économique de
notre pays.
En présentant ses résultats pour 1998 et ses perspectives pour l'année en cours, le
chef de Saulieu respecte les règles du jeu de la transparence vis-à-vis de ses
actionnaires et des autorités boursières chaque jour plus sourcilleuses.
Bravo à Bernard Loiseau d'avoir ainsi accepté une remise en cause globale de son
entreprise, d'avoir lancé le pari de financer son développement par la confiance des
investisseurs, et d'avoir maîtrisé les exigences de la présence à la cotation sur le
second marché. Concrètement, les chiffres démontrent le bien-fondé de cette démarche
originale : en 1998, Bernard Loiseau SA a réalisé un chiffre d'affaires de 37,3 millions
de francs, pour un résultat net de 4,4 millions, soit une rentabilité de 11,7 %, ce qui
ne saurait laisser un actionnaire indifférent. Forte de ces certitudes, la société de
Bernard Loiseau, portée de surcroît par une conjoncture favorable, envisage pour 1999 un
chiffre d'affaires supérieur à 50 millions de francs, et un résultat net supérieur à
5 millions.
Derrière ces chiffres, se révèle la réalité d'une entreprise en développement
grâce à une introduction en bourse qui a permis de lever 26 millions de francs. Bernard
Loiseau peut achever la modernisation de la Côte d'Or, tout en poursuivant son
implantation parisienne. : après Tante Louise qui doit réaliser 11 millions cette
année, c'est l'ouverture de Tante Marguerite, le 18 juillet prochain, rue de Bourgogne
(cela ne s'invente pas...). En même temps, l'endettement de Bernard Loiseau SA passe de
29 à 20 millions à la fin de cette année.
Ces quelques indications sont nécessaires pour comprendre le sens de l'exclamation de
Bernard Loiseau : "J'ai gagné dix ans sur ma vie professionnelle en
m'introduisant en bourse."
Au-delà des chiffres, la leçon s'adresse à tous les professionnels tournés vers
l'avenir : à partir d'une certaine taille (et beaucoup d'entreprises de la restauration
et de l'hôtellerie réalisent un chiffre d'affaires au moins égal à Bernard Loiseau
SA), le financement sur la place boursière est peut-être plus intéressant que le
traditionnel endettement bancaire, la frilosité des banques à l'égard de la profession
ne cessant de s'accroître alors que le secteur est en expansion.
Il faut rendre hommage à Bernard Loiseau d'avoir montré à la profession une voie
originale de développement, à échelle humaine et moderne, qui remet en cause bien des
idées reçues. Immense cuisinier, talentueux communicateur, Bernard Loiseau est en train
de devenir un homme d'affaires avisé, tout en gardant l'esprit de famille : Dominique,
Bérangère, Bastien et Blanche comptent encore plus que tout pour Bernard.
Accessoirement, les actionnaires de Bernard Loiseau toucheront fin juin un dividende de
1,44 F par action. Un bon début, 6 mois après les premiers pas à la corbeille.
L. H.
L'HÔTELLERIE n° 2618 Hebdo 17 Juin 1999