Michelle Demessine à Cannes
Treize heures : entrée au Carlton, un ballet incessant de vedettes, producteurs, metteurs en scène, journalistes et ceux qui gravitent autour de l'industrie cinématographique. Au milieu des voituriers, agents de sécurité, gardes du corps ou simples curieux, une quinzaine d'hommes attendent. En costume-cravate, ils cherchent des yeux la star du tourisme français. Au loin, de nombreux yachts mouillent dans la baie de Cannes. Les plages sont déjà noires de monde et les photographes guettent les starlettes au bord de l'eau. Il fait chaud, 28°. Autour d'eux de grandes affiches annoncent les prochaines grandes super productions. Soudain, elle approche. Rayonnante, entourée de ses gardes du corps et conseillers techniques. Elle ne monte pas les marches du palais, elle gravit la rampe d'accès de l'hôtel Carlton. Se frayant un chemin parmi les voitures de luxe, elle sourit aux journalistes présents sur les lieux, les photographes arment leurs appareils et "mitrailles" Michelle Demessine.
Rencontre ministérielle
Le directeur du Carlton, Didier Boidin, est le premier à accueillir la secrétaire d'Etat
au Tourisme suivie par les présidents des syndicats hôteliers et restaurateurs de la
Côte d'Azur. Michelle Demessine avait souhaité rencontrer Jean-Paul Cordero, président
du Syndicat des hôteliers de Nice-Côte d'Azur lors de sa venue à Cannes. J.-P. Cordero
voulait être entouré de ses collègues, l'occasion de lui présenter son successeur à
la tête des CHR 06 qui regroupe tous les syndicats hôteliers et restaurateurs des
Alpes-Maritimes, Didier Benoît également président du Syndicat des hôteliers de
Cannes.
Tous se dirigent au bar du Carlton où les rejoignent Jacques Tiberi, conseiller
régional, Dominique Salomon, délégué régional au tourisme, Dominique Charpentier,
directeur CRT Rivéria- Côte d'Azur. Michelle Demessine, en grande forme, échange
quelques mots avec chacun des invités. La Côte d'Azur affiche complet : Festival du
film, Grand Prix de Monaco, et les chiffres du tourisme français continuent à
progresser. Elle ne se prive pas de le dire et le redire. Les présidents hôteliers
acquiescent, les représentants de la direction du tourisme régional du CRT approuvent.
Georges Cassar, président des restaurateurs niçois, est plus contracté : la TVA dans la
restauration est pour lui un dossier prioritaire. Son collègue Daniel Alessio, président
du Syndicat des restaurateurs de Cannes, lui, est plus détendu. Les participants
rejoignent ensuite le restaurant du Carlton où au milieu des festivaliers et autres
professionnels du cinéma, une table superbement dressée les attend. Entourée des
présidents, Michelle Demessine continue à sourire de plaisir, son regard croise parfois
certaines vedettes du grand et petit écrans. La magie de Cannes l'emporte.
Palme d'or au tourisme social ?
Elle aborde les deux sujets choisis d'un commun accord. Le tourisme social bien
évidemment et l'idée défendue par Jean-Paul Cordero depuis 1996, date de son élection
à la tête du syndicat niçois (en accord avec la FNIH) : l'hôtellerie indépendante et
familiale ne doit pas être oubliée par Michelle Demessine dans sa volonté de
développer le tourisme social et notamment aider les Français défavorisés à partir
plus nombreux en vacances.
Pour Jean-Paul Cordero, il faut arrêter de créer de nouvelles structures de tourisme
social. "Il y en a suffisamment en France. Par contre, il faut aider un
certain nombre de petits hôtels à se rénover. Incapables aujourd'hui d'investir dans
les mises aux différentes normes et dans l'amélioration de leurs prestations pour
répondre aux nouvelles attentes d'une clientèle sans cesse exigeante, ces hôtels vont
disparaître entraînant dans leur sillage des drames pour les familles qui les
exploitent, leurs employés et au-delà des problèmes humains se posera également un
problème d'aménagement du territoire puisque ces hôtels participent très souvent à
maintenir une réelle animation dans un quartier, dans un village. Ces hôtels devraient
être rénovés dans le cadre d'une convention Etat-collectivités territoriales-syndicats
professionnels avec obligation pour les exploitants de participer à une véritable
mission de tourisme social (prix conseillés, acceptation de chèques vacances, produits
touristiques adaptés, conventions particulières avec les organismes sociaux)."
Et pour Jean-Paul Cordero, "cette véritable révolution dans les mentalités
correspond bien aux attentes des touristes les plus défavorisés qui souhaitent une
certaine liberté dans le choix des destinations et des hébergements". J.-P.
Cordero a bien compris que le tourisme social restera une priorité du gouvernement. Avec
passion et conviction, il fait passer un message clair : "Il n'y a pas de
contradiction entre le tourisme social et marchand à condition que chacun fasse un pas
constructif." Et Michelle Demessine d'affirmer que l'Etat interviendra dans ce
domaine.
Seconde idée qui découle d'un postulat : il manque des structures pour héberger le
personnel saisonnier des hôtels-restaurants et cela pour toutes les destinations
touristiques françaises.
Sur ce sujet, Jean-Paul Cordero veut également innover avec l'idée de venir en aide à
l'hôtellerie indépendante et familiale.
Le spectre de Titanic
Il a malheureusement constaté que pour certains de ces hôtels, il est déjà trop tard.
Son idée est de reprendre ces établissements qui aujourd'hui ne trouvent pas d'acheteurs
afin de permettre aux hôteliers de récupérer le fruit de plusieurs dizaines d'années
de travail. "Les syndicats professionnels deviendraient propriétaires de ces
établissements, la rénovation serait effectuée grâce à des subventions de l'Etat, des
collectivités territoriales et l'apport des organismes du 1 % logement. Ils seraient
alors exploités par les syndicats professionnels dans le cadre d'une convention signée
entre tous les participants avec l'obligation d'héberger le personnel, moyennant des
tarifs adaptés à cette situation." Sur ce sujet également, Michelle Demessine
a marqué son intérêt et a annoncé que des rencontres techniques seraient programmées
dès maintenant.
Après avoir signé le Livre d'or du Carlton et avant de reprendre son programme cannois,
Michelle Demessine a assuré les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration de
toute son attention. Elle reste à l'écoute de leurs préoccupations et privilégiera
toujours les rencontres sur le terrain.
Il est 15 heures, un sourire, un geste de la main, Michelle Demessine quitte le Carlton en
restant persuadée que le tourisme est la grande vedette de l'économie française. Elle
ne sait pas encore que le film Humanité sera primé du Festival 1999.
C. Roussel
Jean-Paul Cordero, président du Syndicat des hôteliers Nice-Côte d'Azur,
Philippe Leven, président du Groupement national des chaînes, Jean-Pierre Thomas,
président du Syndicat des hôteliers d'Antibes-Juan-les-Pins, Georges Cassar, président
du Syndicat des restaurateurs de Nice, Dominique Charpentier, président du comité
régional de tourisme, Jean Rauline, président du Groupement des palaces de la Côte
d'Azur, Didier Benoît, président du Syndicat des hôteliers de Cannes, Michelle
Demessine, secrétaire d'Etat au Tourisme, Daniel Alessio, président du Syndicat des
restaurateurs de Cannes, et Dominique Salomon, délégué régional au Tourisme.
L'HÔTELLERIE n° 2619 Hebdo 24 Juin 1999