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Editorial
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Effets pervers

Que pouvait-on espérer du débat sur le budget 2000 ? Certains se disaient confiants, persuadés d'avoir reçu une écoute attentive des parlementaires de la majorité, prêts à défendre une baisse de la TVA sur la restauration. En matière de baisse de TVA, le seul consensus qui fut trouvé s'est situé au niveau des travaux dans le bâtiment... Pire, la proposition faite par certains syndicats professionnels d'unifier l'ensemble de la restauration, commerciale, collective, rapide, à un même taux de 14 % a été officiellement rejetée par Christian Sautter, le secrétaire d'Etat au Budget, la qualifiant de "socialement injuste".
Un retour à la case départ pour tous ceux qui se voyaient dans leur bon droit en relevant les taux de la restauration collective pour compenser la baisse du taux de la restauration commerciale.

Personne ne peut nier le fait qu'un taux de TVA à 20,6 % pour un service de restauration est beaucoup trop élevé et situe la prestation à un niveau de prix trop haut pour le consommateur, sans toutefois assurer la rentabilité des entreprises dans de bonnes conditions. Mais est-ce bien du rôle des organisations patronales de demander la hausse de la fiscalité sur la restauration collective, fût-elle d'entreprise, et la faire apparaître comme concurrente à une certaine branche de la restauration commerciale ? Pratiquer de la sorte, n'est-ce pas prendre le risque de voir d'autres secteurs, pour mieux défendre leurs intérêts, remettre en cause la TVA au taux réduit dont bénéficie l'hébergement afin de proposer à l'Etat une compensation à une réduction de leur taux ? Pire, si cette mesure d'unification de la TVA à 14 % pour l'ensemble de la restauration était acceptée, elle pourrait justement avoir des conséquences graves sur la fréquentation des petits restaurants que l'on dit vouloir protéger puisque les restaurants d'entreprise seraient autorisés à accueillir tous publics, à accepter les titres restaurants : autant d'éléments qui ne feraient que fragiliser la situation de concurrence dans laquelle se trouveraient les cafetiers qui ne pourraient plus suivre. En effet, la puissance d'achat et d'organisation des groupes de restauration collective leur donne les moyens de bénéficier de coûts matière très bas, et de frais de structure bien maîtrisés, autant dire que les réserves de productivité chez eux sont réelles et ils pourront savoir en user si l'avantage fiscal dont ils bénéficient disparaît, liberté leur étant rendue d'opérer normalement sur le marché concurrentiel. Actuellement, même si quelques dérives existent çà et là, le champ d'intervention de la restauration collective est limité. En refusant cette proposition, Christian Sautter sauve
peut-être, sans le savoir, des milliers de cafés et petits restaurants de centre-ville de la catastrophe. Aux organisations professionnelles d'avoir des idées et de faire des propositions acceptables par l'Etat pour que les restaurateurs constatent une réelle baisse de leurs charges, beaucoup trop lourdes aujourd'hui.

PAF


L'HÔTELLERIE n° 2619 Hebdo 24 Juin 1999

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