Strasbourg
Soixante-sept ans après sa
première naissance, le Palais de la bière resurgit de terre au cur de Strasbourg.
Schutzenberger a rouvert fin juin l'édifice fermé en mars 1995, prenant le nom de la
brasserie alsacienne indépendante. Celle-ci souhaite faire de ce lieu la vitrine de son
savoir-faire auprès des consommateurs. Le nouveau Schutzenberger se caractérise par sa
double ouverture sur deux des places les plus prestigieuses du centre de Strasbourg :
Kléber et le Temple-Neuf. Par cette absence d'accès unique, l'architecture entre en
symbiose avec la volonté du brasseur de créer une offre multiple. Ainsi, le
Schutzenberger comprend pas moins de 4 terrasses, dont une qui sera installée sur la
place Kléber à partir de l'automne et une autre à l'étage avec vue plongeante sur
cette même place. De l'autre côté, place du Temple-Neuf, un bar à cigares propose,
depuis le premier étage, une vue sur la cathédrale. L'animation prendra une autre forme
inattendue : celle d'un mur d'images, où défilent le passé et le présent de
Strasbourg. Au milieu de cette profusion d'idées - concentrées sur moins de 1 000 m2 de
surface au sol - l'espace central intérieur demeure le cur du nouveau Palais de la
bière. D'une capacité de 300 places, il sert la bière bien sûr, mais la mousse n'est
pas seule à l'honneur : la carte des vins est élaborée par Serge Dubs, Meilleur
sommelier du monde, qui officie chez Haeberlin à l'Auberge de l'Ill à Illhaeusern
(Haut-Rhin).
Schutzenberger propose également un service de restauration, sur une plage horaire de 19
heures. Le brasseur veut investir le créneau relativement vierge du petit-déjeuner : le
bâtiment ouvre en effet dès 7 heures. Le nouvel établissement doit ainsi créer 50
emplois. La carte des plats se veut cuménique : elle propose "toutes les
cuisines du monde adaptées à la bière". De telle sorte à associer la bière
aux idées de fête, de vie, de savoir-faire, d'Alsace... Pour faire vivre le palais de la
bière, Schutzenberger n'a pas lésiné sur les moyens. Les travaux, engagés en janvier,
représentent un montant estimé de 12 MF. Surtout, la brasserie a fait appel à une très
grande pointure de l'architecture : Jean Nouvel, le concepteur de l'Institut du monde
arabe, signe là sa première réalisation à Strasbourg. L'architecte a su allier son
goût du contemporain et le respect de l'histoire du lieu. Son projet a prévu par exemple
un miroir générateur d'un jeu de lumières et laisse intact l'étonnante verrière du
plafond central, conçue à partir de culs de bouteille.
C. Robischon
L'HÔTELLERIE n° 2620 Hebdo 1er Juillet 1999