Depuis des mois maintenant, la
loi Aubry inquiète et déstabilise la plupart des chefs d'entreprise et en particulier
les hôteliers-restaurateurs. Tous ceux qui cherchent à faire une simulation de sa mise
en place au sein de leurs équipes concluent très vite à l'impossibilité de l'exercice.
Une impossibilité due tant à l'absence de marge de manuvre au niveau des
résultats d'exploitation qu'au poids de la tradition en matière d'habitudes de travail
dans les métiers de l'hôtellerie-restauration.
Et si, justement, cette impossibilité était une chance pour des entreprises trop
dépendantes de traditions professionnelles plus toujours en adéquation avec la réalité
tant humaine qu'économique du secteur. Si, poste par poste, de la plus petite à la plus
grande unité, une analyse honnête et pointilleuse des tâches était effectuée, que de
surprises elle révélerait. Combien de temps morts, de gestes inutiles, d'opérations
effectuées en doublon seraient rapidement découverts. Pire, combien de tâches
primaires, simples, ne demandant aucune qualification, mais réalisées par des chefs de
service aux rémunérations élevées, pourraient être confiées à un personnel moins
qualifié, donc moins coûteux, ou être tout simplement confiées à des entreprises
extérieures. La redistribution des tâches, la réorganisation des plannings, l'abolition
des traditions inutiles peuvent dans bien des cas, à travers une réelle modernisation de
l'organisation, faire émerger les premiers éléments de solutions à la réduction du
temps de travail et dès lors donner une image peut-être plus attrayante aux jeunes qui,
malgré un marché du travail encore très marqué par des taux de chômage élevés, sont
de moins en moins attirés par un secteur qui apparaît aujourd'hui trop en décalage par
rapport aux autres.
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2621 Hebdo 08 Juillet 1999