Pollution en Méditerranée
L'Hôtellerie :
C'est la première fois qu'un CRT prend une telle initiative. En quoi a-t-il une
légitimité pour se porter partie civile contre le bateau qui a pollué à la suite d'un
dégazage effectué en mer ?
Patrick Mennucci :
Notre légitimité est très nette : la région investit à elle seule 40 millions
de francs dans le tourisme auxquels il faut ajouter les 60 millions investis à travers
les CRT et les offices de tourisme. 100 millions sont ainsi utilisés pour assurer le
dynamisme du tourisme dans la région ; c'est dire que toutes les actions que nous menons
sont pénalisées, en termes d'image, par une pollution qui aurait pu être évitée ! Il
faut que nous donnions un coup d'arrêt à de telles pratiques. C'est inadmissible de
laisser faire : tous les ports ont des installations qui permettent aux navires de
dégazer en toute sécurité. Le CRT s'est constitué partie civile parce que nous
entendons bien, si les responsables sont retrouvés, demander une réparation morale.
L'H. :
Etes-vous à même de mesurer les effets de cette pollution sur l'activité
touristique ?
P. M. :
La mesurer, non bien sûr, mais la remarquer, oui : les premiers effets se sont
déjà fait sentir en Hollande où la presse là-bas décrit l'accident comme une
catastrophe de la dimension de l'Amoco Cadiz. Nous ne cessons d'envoyer communiqué sur
communiqué pour rassurer, mais il est possible, si ça ne nous paraît pas suffisant, que
nous soyons obligés d'en faire beaucoup plus, il faudra là encore investir. Ça ne peut
pas continuer ainsi. Pour moi, il y a un réel sabotage de notre action !
L'H. :
Au-delà du CRT, la région se sent-elle concernée par ce problème ?
P. M. :
Oh que oui ! Le tourisme en région PACA, c'est un CA de 43 milliards de francs et
ça représente 110 000 emplois. Qui plus est, cette année, la saison s'annonce
particulièrement excellente. Ici, tout le monde est d'accord pour que l'on se batte pour
protéger l'économie touristique. Cette décision, nous l'avons prise au niveau du CRT
avec l'accord de tous les professionnels mais nous allons aller plus loin. Le 16 juillet,
au niveau du conseil régional, c'est Michel Vauzelle, en tant que président, qui va
présenter une motion pour que la région elle-même se porte partie civile. C'est là
encore donner une autre dimension à notre action !
L'H. :
Peut-on en déduire que les politiques commencent à mesurer l'importance
économique du tourisme en France ?
P. M. :
En France peut-être pas encore mais en région PACA, je peux assurer que OUI !
Aujourd'hui, la lisibilité de l'action du CRT est très bonne et si l'organisation du
tourisme se renforce, ce n'est pas du fait d'un miracle, c'est le fruit d'un travail. Au
niveau des élus, il y a une prise de conscience de l'importance du secteur, la meilleure
preuve en est l'augmentation du budget du tourisme de 35 % cette année ! Et, fait très
important au niveau de l'état d'esprit, c'est le seul budget qui a été approuvé à
l'unanimité par tous les partis politiques. Il y a aujourd'hui en région PACA la
volonté politique de prendre au sérieux le tourisme.
L'H. :
Et en France, il y a encore beaucoup à faire...
P. M. :
C'est vrai, mais à titre personnel, je m'investis beaucoup au niveau de mon parti
politique pour que les choses changent. Dans quelques jours, nous réunissons tous les
élus PS au tourisme pour une première université d'été à Marseille. Trois jours pour
tenter de constituer un groupe de pression et faire comprendre, partout où nous
intervenons, l'importance du tourisme.
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2622 Hebdo 15 Juillet 1999