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Besoin urgent de financement

Alors que la conjoncture s'améliore, paradoxalement, le développement hôtelier est freiné par la réticence des banquiers.

Alors que ce fut, durant des années, le premier sujet d'actualité du secteur, lorsque l'on aborde aujourd'hui le problème de l'endettement hôtelier, paradoxalement, la réponse est ponctuée d'un revers de la main. "Grâce à l'augmentation de la fréquentation touristique et surtout à l'allongement de la saison, les trésoreries s'améliorent, les résultats sont positifs même après avoir fait face à toutes les échéances", souligne Jean-Jacques Ghjuseppi, de la coordination des industries touristiques. De fait, aujourd'hui, à part quelques cas "litigieux", l'ensemble des encours dans l'hôtellerie a été restructuré et les paiements spontanés ont repris. On assiste donc à une "normalisation" de la situation. En fait, le problème financier de l'hôtellerie corse n'est plus dans la gestion du passif, mais plutôt dans celle de l'avenir ! De lourds travaux de remise à niveau, d'amélioration et de restructuration de l'existant sont nécessaires. Après cinq années de crise grave, l'existant - essentiellement composé d'hôtels familiaux - a vieilli, s'est dégradé... "Mais il n'est pas question que les hôteliers prennent seuls tous les risques, souligne Jean-Jacques Ghjuseppi. D'autant moins que nous ne pouvons pas attendre d'avoir dégagé suffisamment de fonds propres. L'urgence est là !"

Problèmes de financement
De fait, aujourd'hui en Corse, mis à part pour quelques dizaines de professionnels qui ont su faire le dos rond, faire du résultat alors que tout le secteur s'effondrait entre 1992 et 1997, plus aucun établissement ne prête d'argent. La Caisse de développement de la Corse, qui avait dans les années 90 pris le relais du CEPME, fait l'objet d'une procédure judiciaire et ne fait plus aucune activité de prêt depuis 1994. Le Crédit Agricole de la Corse, au cœur de la tourmente avec une trentaine de mises en examen, n'intervient plus non plus. Le reste de la place bancaire, "échaudé" par des années d'impayés, se refuse à prendre le moindre risque. Seulement, entre la prudence compréhensible de la part des banquiers et les besoins urgents, criants même, de toute une économie, le décalage devient critique. "Il est clair qu'au moment où la conjoncture s'améliore, l'absence de financement de l'économie corse est un problème délicat", reconnaît Paul Marchelli, conseiller monétaire auprès de la Banque de France. "Nous pouvons comprendre qu'il n'est pas possible d'obliger les banques à prendre de nouveaux risques dans l'île de beauté, souligne Roland Dominici, président de la coordination, mais l'Etat peut intervenir autrement ! Il ne s'agit que d'une volonté politique de soutien au développement de la Corse !" Cette volonté politique semble exister. Les contacts ont été pris au plus haut niveau : on parle enfin d'un possible retour dans l'île de la BDPME (Ex-CEPME) et de la SOFARIS...
L. P.


La tour de Porto (Corse du Sud).


L'HÔTELLERIE n° 2624 Hebdo 29 Juillet 1999

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