Prometelière
Temps morose et ambiance de grogne, de ras-le-bol, lors de l'assemblée générale de Promotelière, Syndicat régional des hôteliers, restaurateurs, cafetiers, discothèques d'Auvergne. TVA et charges sociales pèsent lourdement. "En France, on pénalise la main-d'uvre", a regretté Roland Magne, président de la CFHRCD, organisme auquel est affiliée Promotelière. "Il faudrait arrêter de taxer le travail et transférer une partie des charges vers la robotique, les machines informatiques. Nous revendiquons le droit de travailler et de vivre de notre travail et aussi de payer convenablement nos employés." Au sujet des 35 heures, le président de la Confédération propose "que chacun étudie sa situation pour voir s'il n'a pas intérêt à fermer son établissement un jour de plus par semaine", plutôt que d'augmenter ses charges en embauchant du personnel supplémentaire. "Je ne suis pas saisonnier, mais je vais le devenir, a lancé un hôtelier de Néris-les-Bains (Allier) pour illustrer ces propos. Cela va me permettre de réduire le nombre des salariés, donc la liste de mes soucis."
Le tourisme, véritable activité économique
Et, en fin de compte, pourquoi travaillons-nous ? se sont interrogés les participants et
leurs dirigeants. "Nous sommes propriétaires, mais de quoi ?", a
demandé Roland Magne. "Les fonds que nous espérons revendre pour assurer nos
retraites, que valent-ils réellement ? Et comment se positionner face à la concurrence,
au poids des chaînes ? Nous devons nous regrouper, être solidaires et nous défendre.
Sinon, c'est une certaine idée de la France - celle de la gastronomie, de l'hôtellerie
familiale et des petits bistrots - qui est en train de disparaître. Et la Confédération
doit devenir un syndicat de services pour aider concrètement ses adhérents. N'hésitez
pas à contacter Promotelière ou la Confédération en cas de problème. Il n'y a aucune
honte à avoir des difficultés à l'heure actuelle", a-t-il ajouté. Certes, les
charges sont lourdes. Il faut les faire baisser. Jean Michel, avocat et député
socialiste de Riom, l'a reconnu. Il est favorable à une baisse généralisée de la TVA.
Car il n'a pas caché qu'une diminution pour la restauration seule n'est pas facile à
obtenir, ne serait-ce qu'à cause des méandres des règles de l'Europe. Certes, les
professions indépendantes ne sont pas toujours bien prises en "compte devant le
Parlement ; ce n'est pas comme pour les secteurs public ou industriel", a reconnu
Jean Michel. Pourtant, comme le tourisme représente un chiffre d'affaires supérieur à
celui de l'agriculture, "il faut le considérer comme une activité économique à
part entière" et trouver les moyens d'aider ceux qui entreprennent "comme
on le fait pour les paysans ou pour l'industrie, avec les ateliers relais". Car
l'arrivée de Vulcania, au printemps 2001, doit générer des retombées. "Vous
avez tout intérêt à vous regrouper, vous les indépendants, pour lancer quelque chose,
monter un projet. Sinon vous risquez de vous faire déborder", a déclaré le
député. "Mais comment trouver les moyens d'investir quand il ne nous reste à
peine de quoi vivre à cause des charges trop lourdes ?", a demandé un des
participants, comme pour résumer la situation.
P. Boyer
Jean Michel, député socialiste de Riom (Puy-de-Dôme) ; Roland Magne et Louis
Curiot, président de Promotelière.
L'HÔTELLERIE n° 2624 Hebdo 29 Juillet 1999