Bretagne
Il y a aujourd'hui urgence à mobiliser les hôteliers bretons pour sauver Morgoat "sinon nous arrêtons tout avant la fin de l'année, prévient Anne Coutière, directrice de l'Observatoire régional du Tourisme Bretagne, nous ne sommes pas des kamikazes". Et les élus professionnels, de Jean Chouamier (Syndicat de la Côte d'Emeraude) à Dominique Salvi (FDIH 22) en passant par l'ancien président du Club hôtelier de Rennes Jean-Pierre Vermot en sont tout à fait conscients et le martèlent dans leurs assemblées respectives : "Hôteliers mobilisez-vous !"
Mise en uvre régionale et globale d'une observation de l'activité touristique, le réseau Morgoat est un outil de production de données statistiques créé au profit des hôteliers. "C'est une initiative expérimentale qui n'existe nulle part ailleurs. Nous avons débuté par l'hôtellerie (devraient suivre l'hôtellerie de plein air en 2000, les résidences de tourisme et d'hébergement rural en 2001, etc.), un secteur qui représente 3/4 des emplois salariés, précise Anne Coutière. Mais il ne s'agit pas d'une enquête supplémentaire. Morgoat devrait succéder à terme aux RIET (Réseaux d'informations économiques du tourisme)", et ce en apportant aux professionnels des informations chiffrées plus pointues et plus pertinentes. Comme le souligne justement Anne Coutière : "Le chiffre intéresse le professionnel s'il contient une information. Les hôteliers ont besoin aujourd'hui de statistiques plus fiables car leurs marges de manuvre sont plus étroites."
Des informations affinées
Morgoat propose donc des taux d'occupation pour chaque catégorie d'hôtel (extension aux 0* et aux chaînes), des TO par espaces géographiques (régions, départements, zones d'emploi, littorales, rurales, urbaines...). Outre les chiffres, l'enquête Morgoat distille dans ses fiches trimestrielles (une fiche régionale dans laquelle est insérée une fiche départementale) des commentaires d'experts tels Coach Omnium, FNIH, Accor, Logis de France et KPMG Fiduciaire de France/Axe consultants. Ces commentaires évoquent bien entendu le marché breton mais également le marché national. Maître d'ouvrage de Morgoat, l'ORT Bretagne n'en est pas pour autant le maître d'uvre qui reste l'INSEE. Autour de ces deux organismes, plusieurs partenaires financiers viennent se greffer tels les 4 CDT, la CCI 22, Force 5 et bien sûr l'Etat et la Région via l'ORT Bretagne. Par ailleurs, la Fédération de l'industrie hôtelière de Bretagne, les CCI 29 et 56 et enfin FRPAT constituent les partenaires associés. Des partenaires performants réunis dans un atelier afin de présenter les chiffres en liaison avec des informations utiles pour les professionnels.
Inertie des indépendants
Encore faut-il que les hôteliers répondent aux questionnaires ! Et c'est là que le
bât blesse puisque la Bretagne se situe dans les régions les moins enclines à répondre
à l'enquête hôtelière dite enquête INSEE. "Pour la première fiche de
Morgoat, nous avons obtenu un taux de réponses de 70 %. C'est un minimum, nous ne pouvons
nous permettre d'aller en deçà, insiste la directrice de l'ORT Bretagne. Il ne
faut pas que les hôteliers s'arrêtent, surtout pendant la saison, là où généralement
les taux de réponses s'effondrent." Il semblerait que cette relative inertie
concerne en premier lieu les hôteliers indépendants. "Les chaînes sont plus
intéressées et leurs responsables davantage formés au marketing. Elles ont une
réactivité plus grande, alors que les indépendants ont, c'est vrai, tout à faire dans
leur établissement, ce n'est pas facile." Une suractivité que comprend
aisément Dominique Salvi, présidente de la FDIH 22 : "C'est vrai que l'on
demande beaucoup aux hôteliers... Pendant longtemps on les a inondés de pape-
rasses." La présidente costarmoricaine reconnaît néanmoins qu'actuellement
"le taux de réponses s'avère insuffisant pour exploiter convenablement les
données. Cette opération nous permettrait de mieux commercialiser, de rectifier les
stratégies..."
En tout état de cause, si les taux de réponses se situent en deçà de 70 %, Morgoat cessera d'exister à l'issue du premier bilan, à l'automne. "Si c'est le cas, les hôteliers ne disposeront plus d'indicateurs fiables de leur activité et nous risquons de voir apparaître une multiplication des systèmes d'observation plus ou moins fiables", prévient encore Anne Coutière.
O. Marie
L'HÔTELLERIE n° 2625 Hebdo 5 août 1999