Auch
Repris en octobre 1997 par Roland Garreau, l'Hôtel de France améliore peu à peu ses positions. Le challenge n'est pas encore gagné, mais l'horizon s'éclaircit.
Le successeur d'André Daguin à la tête de l'établissement le plus réputé du Gers n'a pas pris un jour de vacances depuis bientôt deux ans. Roland Garreau savait que la relance de l'Hôtel de France ne serait pas facile ; elle est plus rude que prévu. Il s'est attaché, dès son arrivée, à réduire les coûts de fonctionnement en renégociant systématiquement les contrats avec les fournisseurs, procédant par appel d'offres pour certains, notamment en matière d'assurance, ce qui a permis de diviser par trois ce poste. "J'avais fait le pari de réduire les dépenses de 30 %. J'y suis parvenu, mais c'est un travail énorme, incessant, qui va jusqu'à vérifier si la lumière est éteinte en cuisine pendant le repas du personnel", explique Roland Garreau. Autre économie : l'effectif de l'entreprise a été légèrement réduit, de 35 à 28 personnes. Pour faire progresser le TO de l'hôtel, qui était de 42 % et devrait être cette année assez nettement supérieur aux 52 % de 1998, le prix moyen des 29 chambres a été baissé (de 295 à 1 750 F, au lieu de 395 à 2 500 F) afin d'en améliorer le rapport qualité/prix, l'hôtel ayant par ailleurs décroché d'une étoile (passant de quatre à trois). "On offre les prestations d'un quatre étoiles pour le prix d'un trois. A 1 750 F, la suite est désormais louée 10 fois par mois, contre une seule fois quand elle était à 2 500 F". A ce régime, l'hôtel a vu son chiffre d'affaires progresser fortement. Il équilibre désormais ses comptes, et a bénéficié de quelques améliorations portant sur la climatisation, la lingerie, la moquette et la robinetterie.
Les prix du restaurant, sur lequel le prédécesseur de Roland Garreau a bâti sa réputation et celle de l'établissement, ont également été revus à la baisse, notamment à travers la création d'un menu d'appel à 166 F (menu découverte à 366 F, menu gourmand à 506 F) en vue de reconquérir une clientèle locale qui s'était éloignée de l'établissement ; la clientèle nationale et internationale représente encore 40 % de la fréquentation.
L'image du restaurant à revoir
A cet égard, le pari local est en passe d'être gagné, avec un nombre de couverts en progression de 30 %. Mais le ticket moyen ayant reculé, L'Hôtel de France n'a pas retrouvé le chiffre d'affaires (12 MF) que réalisait André Daguin, le retour à l'équilibre étant espéré aux mieux à la fin de l'année. "C'est sans doute là que le bât blesse. On offre un excellent rapport qualité/prix sur la base d'une cuisine que je qualifie de "gourmande et du terroir", mais les gens ont collé sur ce restaurant une image de restaurant cher que je n'arrive pas à gommer, en dépit de tous mes efforts (mailing, marketing direct, animations, partenariat avec l'ODT d'Auch, opérations à destination des groupes...). Du coup, il faut ce qu'il faut, je me tiens souvent dehors, j'explique aux gens ce qu'il y a sur la carte, je leur dis de venir voir, je leur offre à boire pour les faire entrer", avoue Roland Garreau, Meilleur ouvrier de France, et chef d'entreprise à l'esprit pratique : il vient de demander à une agence de conseil en communication de l'aider à résoudre ce problème. En attendant que l'Hôtel de France retrouve un jour peut-être une place de choix dans le Michelin, Roland Garreau a investi l'an dernier 1 MF pour améliorer les salles de restaurant et de séminaire, dont 300 kF pour changer la vaisselle, dont il a confié le dessin à Vavrau. L'établissement a également rejoint, il y a quelques mois, la chaîne Châteaux et Hôtels de France.
L'HÔTELLERIE n° 2625 Hebdo 5 août 1999