CFA
L'épineux dossier du CFA du Haut-Rhin connaît un nouveau rebondissement suite à l'assemblée générale du groupement départemental des hôteliers-restaurateurs. réaffirmant sa volonté de gérer lui-même cette structure de formation. Constatant par ailleurs l'impossibilité de s'implanter à Soultz comme prévu, le syndicat professionnel a annoncé le choix de Colmar pour construire le CFA et fixé à la rentrée 2001 la date de démarrage de la formation. Le centre départemental reproduirait le modèle du Bas-Rhin, où la profession gère l'établissement d'Illkirch (sud de Strasbourg). Il sonnerait le glas de l'actuel centre de formation, rattaché au lycée de Guebwiller, régulièrement classé parmi les meilleurs établissements de formation hôtelière de France. Rattaché au lycée, le CFA de Guebwiller serait-il "détaché" des professionnels ? Ainsi peut se résumer l'objet du débat. Pour Jean-Jacques Better, président du groupement des hôteliers-restaurateurs du Haut-Rhin, l'affaire est entendue : avec un seul siège au conseil d'administration de l'établissement public local d'enseignement (qui coiffe lycée et CFA), la profession ne jouit pas d'une représentation suffisante au sein des instances décisionnelles. L'argument suscite les protestations de Rémy Kern, proviseur du lycée et directeur du CFA de Guebwiller. "Le conseil de perfectionnement constitue l'organe-clé du CFA. Avec 6 représentants nommés par le groupement, les employeurs y forment le principal collège. Et pour répondre au souhait d'une plus grande représentation des professionnels, nous avons crée un comité de liaison", plaide Rémy Kern, qui évoque aussi les 303 maîtres d'apprentissage faisant confiance chaque année à Guebwiller.
Prudence des instances de décision
Le syndicat professionnel, de son côté, met en avant un autre intérêt dans son projet : réunir la formation des jeunes en apprentissage et la formation continue. "Tous les actifs de l'industrie hôtelière disposeront ainsi d'un outil qui se voudra performant et adapté aux attentes des entreprises", estime Jean-Jacques Better. Le président pointe ainsi du doigt l'absence d'offre de formation continue face à une demande forte. Reste la question-clé : formation initiale et continue doivent-elles nécessairement se rassembler ? Un handicap pénalise le CFA de Guebwiller dans ce débat chaud : ses actuels bâtiments, trop étroits pour les 650 à 700 apprentis. L'extension coûterait 12 millions de francs. La construction d'un nouvel établissement à Colmar devrait atteindre près du double de cette somme. La décision finale n'appartiendra cependant à aucun des deux protagonistes. Le conseil régional se prononcera sur la création ou non du CFA "professionnel", en consultant le rectorat. Ces deux instances brillent pour l'instant par leur prudence. Le recteur rencontrait le groupement haut-rhinois avant l'été, avant tout pour "écouter". Du côté de la région, le dossier fait bien l'objet d'une instruction, mais il serait prématuré de se prononcer sur l'issue. Selon la direction de l'éducation à la région, "de nombreux facteurs (économiques, d'aménagement du territoire...) sont à prendre en compte. Et le sujet nous ramène beaucoup de courriers, notamment des élus locaux".
C. Robischon
L'HÔTELLERIE n° 2626 Hebdo 12 août 1999
Podcasts
