Marseille
Ernest Zutta, à la barre depuis 38 ans, comme le furent avant lui son père et son grand-père, a vendu son fonds de commerce à Jean Louis Joseph, p.-d.g. d'Allo Bar Services, et directeur général des cafés Perrin.
La Samaritaine connaissait des difficultés depuis 1987, date d'une première procédure de redressement judiciaire. Ernest Zutta y avait engagé de lourds investissements, notamment pour aménager un restaurant haut de gamme au premier étage, qui n'ont pas eu le retour escompté. Le restaurant avait d'ailleurs fermé et ne servait plus que pour les réunions d'affaires. Le principal créancier était le CEPME dont le passif atteignait 5,70 MF.
De plan de redressement en période d'observation, La Samaritaine continuait cependant son activité. Mais, suite à une seconde procédure de redressement judiciaire datant de décembre 1997, elle était en quête de repreneurs.
Fin décembre dernier, un jugement du tribunal de commerce décidait d'accepter l'offre de Jean-Louis Joseph, p.-d.g. d'Allo Bar Services, une société d'équipement hôtelier en sommeil, et directeur général des cafés Perrin, l'un des fournisseurs de la Samaritaine. Parmi les trois offres encore en lice (sur neuf au départ), c'était en effet la plus intéressante, tant au niveau du prix de rachat du fonds de commerce, fixé à 4,1 millions de francs, que pour le maintien de l'emploi, tout le personnel restant en place, y compris Ernest Zutta, à qui Jean-Louis Joseph a offert un poste de responsabilité équivalent, signale le jugement, "à un poste de maître d'hôtel dans un grand restaurant".
Une nouvelle impulsion
En attendant la constitution d'une SA au capital de 750 000 F avec comme principaux actionnaires MM. Jules Romani et Jean-Louis Joseph ainsi que la SA Allo Bar Services et la signature des actes de cession qui vient d'intervenir, le tribunal avait ordonné la conclusion d'un contrat de location-gérance au profit de Jean-Louis Joseph.
Ouvert sept jours sur sept, La Samaritaine, qui emploie neuf personnes, sert en moyenne quotidienne une centaine de repas de petite brasserie (plat du jour à 45 F et carte à partir de 35 F).
Elle a une clientèle très diversifiée, faite aussi bien de vieilles dames distinguées, de jeunes gens, de jeunes filles bcbg ou de figures populaires de la ville, Ernest Zutta souhaitant que son établissement soit, disait-il, "un lieu de mixité sociale, accueillant des gens de tous âges et de toutes conditions, dans l'esprit des cafés d'autrefois". La brasserie accueille ainsi des activités variées : café philosophique, piano-bar l'après-midi, parfois concerts-passion le soir. Le nouveau patron souhaite conserver cet esprit tout en relançant l'activité du restaurant en donnant un nouveau style grâce aux baies vitrées ouvrant sur le Vieux Port.
L. Casagrande
L'HÔTELLERIE n° 2627 Hebdo 19 août 1999