Restauration à thème
Coup de tonnerre dans les
médias. La chaîne, qui compte 80 restaurants à l'enseigne Planet Hollywood et 11 All
Star Café dans le monde, a annoncé son intention de demander la protection de la loi
américaine sur les faillites (chapitre 11). "Il ne faut pas confondre en faillite
et se placer sous la protection de la loi contre les faillites", explique
Jean-Philippe Simonet, directeur général du Planet Hollywood Paris. En effet, une
lecture un peu trop rapide pourrait laisser croire que la chaîne va mettre la clé sous
la porte.
En fait, cette procédure a justement pour but d'éviter le pire et de permettre à
l'entreprise de trouver des solutions. Elle l'autorise entre autres à suspendre pour un
temps le paiement de ses créances. Pendant cette période, l'entreprise procède à une
remise à plat, réorganise sa structure financière, trouve des investisseurs et peut
ainsi relancer la machine. C'est ce que compte faire Robert Earl, fondateur de la chaîne
en 1991. Pour la petite histoire, c'est aussi l'inventeur du Hard Rock Café...
Dans un premier temps, Planet Hollywood International, basé à Orlando en Floride, a
indiqué qu'un accord de principe pour la mise en uvre de la restructuration
financière avait été conclu avec le comité des détenteurs d'obligations Planet
Hollywood. "Le projet va pouvoir se concrétiser grâce à un apport de 30
millions de dollars du prince Alwaleed Bin Talal, M. Ong Beng Seng et du trust familial
Earl", explique le groupe. Ces 30 millions de dollars permettant d'obtenir un
prêt-relais de 40 millions de dollars, ce sont 70 millions de dollars qui devraient ainsi
être investis "afin de conserver 70 % du capital de la nouvelle structure".
Le groupe précise également qu'il est "sur le point de renégocier certains de
ses baux commerciaux ainsi que ses dettes". Des dettes qui atteignent 250
millions de dollars et qui devraient être en grande partie épongées par les créanciers
qui obtiennent en échange 20 % du capital. Côté Bourse, l'action Planet Hollywood vient
d'être suspendue alors qu'elle atteignait 25 dollars à mi-1997 lors de son introduction.
Elle a même chuté la semaine dernière jusqu'à 0,75 dollar. Aussi le projet de Robert
Earl prévoit-il que les actions actuelles seront supprimées et remplacées par des
garanties sur une période de trois ans.
"Nous sommes très heureux d'avoir conclu cet accord de principe qui va permettre
à Planet Hollywood de régler ses problèmes financiers et lui offrir le capital
nécessaire pour revitaliser la société", dit Robert Earl qui compte bien que
l'accord de principe sera entériné et accepté par les créanciers. Bien sûr, il s'est
engagé à se séparer des restaurants déficitaires.
"En Europe, nous allons fermer nos restaurants de Prague et Zurich. Celui
d'Helsinki est d'ores et déjà fermé. Aux Etats-Unis, il devrait y avoir 6 fermetures,
précise Jean-Philippe Simonet. Et il n'y a aucune menace pour la France." Il
y a 3 Planet Hollywood dans l'Hexagone : le premier, ouvert en 1995, se trouve sur les
Champs-Elysées, le second à Disneyland Paris à Marne-la-Vallée et un dernier à
Cannes. Les trois unités sont bénéficiaires, souligne-t-on à Paris, et non seulement
les restaurants vont continuer sur leur lancée mais ils vont aussi passer à la vitesse
supérieure en intégrant les nouveaux standards du groupe.
Une nouvelle image pour l'an 2000
Pour le restaurant des Champs-Elysées par exemple, des travaux sont prévus pour
septembre-octobre. On trouvera toujours accrochés au plafond ou sur les murs les
vêtements que les stars ont portés pour tel ou tel film ainsi que les photos ou objets
souvenirs d'uvres cultes du cinéma, mais la chaîne, dans son plan de rénovation,
a décidé de raviver l'ambiance misant sur les couleurs claires : ton de beige sur les
murs (en remplacement de l'orange), planchers en bois naturel, changement des moquettes et
des banquettes, les nappes passeront du rose vif et bleu canard au beige et bleu. Une
décoration plus contemporaine pour "se diriger vers le nouveau millénaire en
revitalisant l'intérêt des consommateurs".
La carte, baptisée Planet 2000, vit aussi une mutation. A Paris, où le restaurant
réalise entre 2 000 et 2 500 couverts/jour (500 places assises) pour un ticket moyen de
150 F, la nouvelle version est en place. Outre les best-sellers inamovibles (hamburgers et
fajitas), la chaîne américaine s'ouvre aux cuisines du monde : lasagnes, Yaki Soba
(Chine), poulet thaï... Et tout spécialement ici, le buf bourguignon (95 F) et le
carré d'agneau (135 F) pour séduire les touristes en quête de cuisine traditionnelle.
Et ça marche plutôt bien. D'ailleurs, en cuisine, depuis l'ouverture, c'est un chef
français, Emmanuel Clément, qui tient les rênes. Il supervise également la mise en
place de la nouvelle carte dans les différents restaurants à travers l'Europe.
Rien n'a été négligé. La boutique, qui vend tee-shirts, casquettes, blousons, montres
et autres estampillés du logo Planet Hollywood, sera entièrement relookée et cinq
lignes distinctes viennent d'être lancées. Ce qui se vend le mieux, c'est le tee-shirt
(120/130 F) avec une moyenne de 4 000 par semaine. Tous produits confondus, le record de
vente en une journée s'établit à 340 000 F nets. Le merchandising représente 35 % du
chiffre d'affaires du restaurant.
Après Demi Moore, Bruce Willis, Schwarzenegger et Stallone, vedettes associées au
concept depuis le lancement, Planet Hollywood a agrandi son panel de stars. Gérard
Depardieu, Antonio Banderas ou encore Will Smith ont rejoint la tribu. Le groupe annonce
une dizaine de nouveaux venus pour la rentrée, des stars jeunes, dans le vent, pour
mettre une dernière touche à sa cure de jouvence.
N. Lemoine
Le groupe Planet Hollywood se sépare des restaurants déficitaires et met en
place un plan de rénovation pour les unités qui font le plein.
L'HÔTELLERIE n° 2628 Hebdo 26 août 1999