Rudy Baur s'est installé
Rudy Baur est un homme de
défi. Sa carrière, au plus haut niveau de quelques-unes des plus prestigieuses chaînes
hôtelières internationales, l'a prouvé. Tout comme sa façon de tirer un trait, en
1989, sur ces longues années à courir le monde pour lancer de nouveaux établissements.
Investir pour lui et "créer pour vivre avec mes erreurs plutôt qu'avec celles
des autres", est devenu comme une devise.
Surtout lorsqu'après l'étude approfondie d'une quarantaine de dossiers de reprises, il a
finalement choisi le Château de Montcaud pour se lancer dans une nouvelle aventure.
Celle du rachat, pour quatre millions de francs, d'une bâtisse délabrée (l'hôtel qui
compte aujourd'hui 25 chambres et 7 appartements), de dépendances (le futur restaurant,
"car je suis allergique aux salles à manger dans les hôtels") en aussi
mauvais état et d'un parc de cinq hectares (où une piscine a logiquement trouvé sa
place) dans la vallée du Rhône, à quelques kilomètres de Bagnols-sur-Cèze. "Même
en mauvais état, je savais que je pourrais lui donner le caractère d'un Relais et
Châteaux mais aussi que l'emplacement était le plus rationnel. Au carrefour des axes
autoroutiers vers l'Espagne et la Côte d'Azur, central sur le plan touristique et proche
d'industries pour vivre aussi au-delà de la saison, Montcaud avait tout pour devenir
cette maison dont je rêvais."
Une trentaine de millions de francs d'investissements plus tard, le panneau des Relais et
Châteaux accroché au pilier en pierre et une clientèle très internationale, Rudy Baur
analyse cette expérience et trace de nouveaux objectifs. "D'abord nous avons
réussi à fidéliser une bonne partie de notre clientèle. Du passage pour une nuit
d'étape au retour, le temps d'un week-end, puis au séjour à la semaine, les gens sont
revenus. Le label des Relais et Châteaux nous a bien aidés en nous assurant 30 %
d'augmentation du TO entre 1995 et 1996. Sans lui, nous serions morts... Mais s'il a
attiré des gens bien au-delà de la région et beaucoup d'étrangers, il a plutôt
constitué un obstacle à notre développement local."
Un chef formé à l'école du Grand Véfour
Une clientèle que l'investisseur suisse rêvait pourtant de séduire grâce à son
restaurant. Un échec très partiel qu'il rêve d'effacer. Et pour cela il a convaincu
Marc Buffet de le rejoindre au cur du vignoble de la côte du rhône gardoise. A 29
ans, l'ancien élève puis second de Guy Martin, au Grand Véfour, a accepté le défi
proposé par Rudy Baur, c'est-à-dire faire évoluer la cuisine des Jardins de Montcaud et
surtout mériter la reconnaissance du guide Michelin. "Ce serait notamment
l'occasion de créer un attrait gastronomique et séduire la clientèle d'Avignon. Sans
omettre qu'un macaron est une invitation au détour sur un parcours routier",
analyse le créateur de l'ensemble hôtelier.
"Le discours de M. Baur m'a vite convaincu, avoue de son côté le nouveau
cuisinier. Je savais que pour devenir un grand chef, je devais bouger, et comme ici
j'ai carte blanche, j'ai tout pour réussir. Mais si le Michelin est un objectif, ce sont
bien les clients qui passent avant tout car ce sont eux notre meilleure publicité."
Une priorité aux goûts, la volonté de ne pas mélanger les saveurs à l'infini et
mettre l'accent sur les produits d'un terroir qui se partage entre Provence et
Languedoc-Roussillon sont au rang de ses priorités. Sans oublier celle, essentielle, qui
le pousse à oublier ce qu'il a fait pendant huit ans pour totalement s'investir dans
cette nouvelle vie. Marc Buffet a profité de la fermeture hivernale pour se livrer à un
vaste tour d'horizon gourmand.
A Pâques, il a fait connaissance avec les fidèles de Montcaud, ceux qui chaque année
sont au rendez-vous de l'ouverture et de la chasse aux ufs dans le parc. Une
animation parmi d'autres voulue par Rudy Baur pour donner une vie originale à son
établissement.
J. Bernard
Anne et Rudy Baur entourent Marc Buffet.
En quelques chiffresEn 1998 le chiffre d'affaires du Château de Montcaud a progressé d'environ 15 %.
Le taux d'occupation moyen de l'hôtel s'établit à 60 % et le ticket moyen du restaurant
à 370 F, "mais celui qui choisit un sandwich pour rester au bord de la piscine à
l'heure du déjeuner est compté comme un couvert", précise Rudy Baur. |
Des animations pour tous les goûtsLa particularité du Château de Montcaud est de proposer régulièrement des
animations. Si les repas à thème et cours de cuisine ne sont pas les opérations les
plus originales, d'autres soulignent le tempérament et les goûts du propriétaire.
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L'HÔTELLERIE n° 2628 Hebdo 26 août 1999