Bien malgré elle, l'une des
entreprises les plus dynamiques et les plus performantes de la profession se trouve la
cible de revendications complètement étrangères à son activité, à la suite du
saccage du chantier du futur McDo de Millau.
Comme l'a souligné fort justement le garde des Sceaux, il n'y a pas lieu de commenter
une décision de justice, et
si les agitateurs professionnels qui ont cru bon de casser pour 700 000 F de matériel sur
l'emplacement du McDo de la côte du Larzac se retrouvent sous les verrous, il n'y a pas
de quoi s'offusquer. D'autant que leur leader autoproclamé est un habitué des prétoires
pour des faits similaires à l'égard d'entreprises qui ont le seul tort de ne pas
utiliser les mêmes méthodes que ce prévenu venu s'installer en Aveyron où la
population
a davantage le culte du travail et de l'effort que celui des gesticulations médiatiques
et des provocations inutiles.
Saluons d'ailleurs l'élégance des dirigeants de McDonald's France qui ont renoncé à se
porter partie civile, si tant est que le geste peut inciter à la clémence envers un
récidiviste.
Mais le fond du problème est évidemment au-delà du minable fait divers. Faut-il
engager un combat perdu d'avance contre l'invasion du "fait américain", contre
les symboles du mode de vie d'outre-Atlantique, alors que le consommateur plébiscite les
formules proposées par le grand méchant oncle Sam ? McDonald's, comme Gap, comme Nike,
comme Coca-Cola, comme Ralph Lauren ou Harley Davidson, impose ses produits à une
quantité croissante de clients à travers la planète. Les jeunes, cible favorite des
spécialistes du marketing, ne portent
plus des lunettes mais des Ray Ban, ne mangent plus des sandwiches mais des Big Mac, et
préfèrent Friends ou Emergency Room à Apostrophes ou Ushuaïa.
Les enfants de CNN et de la NBA ont franchi l'Atlantique, et il serait vain de ne pas
tenir compte de cette réalité. Si McDo a tué le jambon-beurre, c'est peut-être parce
que les bistrots n'ont pas su adapter leur produit à une demande plus exigeante en termes
de confort, d'accueil, de propreté et de prix. Il n'est pas nécessaire pour autant de
diaboliser une entreprise qui a créé un courant nouveau de consommation et surtout,
contrairement aux affirmations hâtives parfois entendues ici et là, ne porte aucunement
tort à ce qui fait notre art de vivre et notre tradition. La multinationale du hamburger
n'a jamais prétendu, Dieu merci, entrer en concurrence avec la restauration
traditionnelle à quelque niveau qu'elle
se situe.
Il est temps d'arrêter une vaine et facile polémique, en n'oubliant pas que McDo
France fait vivre la plupart de ceux qui déplorent sa réussite...
L.H.
L'HÔTELLERIE n° 2630 Hebdo 9 Septembre 1999