Le 11 octobre prochain, ça tombe
bien c'est un lundi, la profession, toutes bannières confondues, appelle à une grande
manifestation sur la place de la Concorde à Paris. Encore une protestation inutile ?
s'interrogeront les sceptiques et les désabusés, qui ont de bonnes raisons de l'être.
Peut-être, mais il est urgent et indispensable que tous ceux qui pourront se rendre dans
la capitale ce jour-là viennent témoigner.
Témoigner de leur mécontentement, de leur lassitude, de leur écurement
parfois, face aux contraintes de plus en plus lourdes que la profession doit supporter
sans jamais obtenir la moindre contrepartie. La colère justifiée des responsables
professionnels, dont une lettre d'André Daguin frappée au coin du bon sens et du
réalisme et une prise de position de Jacques Jond à l'occasion du congrès de la FAGIHT
(lire p. 2), doit être prolongée par une action de masse forte et déterminée.
Ne soyons pas dupes, c'est l'art du mépris que les pouvoirs publics cultivent avec
inélégance à l'égard des métiers de l'hôtellerie et de la restauration. Alors que
les services du secrétariat d'Etat au Tourisme s'approprient des performances et des
records battus par d'autres, le vrai pouvoir, celui de l'Economie, de l'Emploi, des
Affaires sociales continue d'imposer des obligations financières insupportables misant
sur une haute conjoncture pour poursuivre une politique maladroitement cynique
d'exploitation. Un ancien directeur général des impôts, qui enseignait les finances
publiques aux futurs énarques, commençait son cours par ce trait d'humour : "La
fiscalité, c'est l'art de plumer la volaille sans la faire crier." Certes, mais
aujourd'hui, l'animal n'a plus guère que la peau sur les os, et il risque fort de se
réveiller brutalement.
Nous ne sommes plus au temps de la ferme générale, quoi qu'on en pense en haut lieu,
où tout ce qui produit, travaille, entreprend et réussit est considéré au mieux comme
une vache à lait, sinon une catégorie nuisible de la société.
Or la TVA, la réduction du temps de travail, les contrôles de toute nature, rendent
chaque jour un peu plus difficile l'exercice d'un métier librement choisi, et qui
mériterait davantage de considération de la part de ceux qu'il fait vivre.
Que les politiques relisent Le Lion d'Oscar Wilde que M. Giscard d'Estaing se
plaisait à citer devant les députés au mois de mai 1968 : la jeune et jolie épouse du
vieux milliardaire le quitte alors qu'elle est couverte d'or. "Qu'attendez-vous
donc de moi", s'exclame-t-il désespéré. "De la considération",
répond la belle.
Si nos hommes politiques n'expriment pas plus de considération qu'ils en ont
aujourd'hui à l'égard de leurs mandants, ces derniers les quitteront immanquablement un
jour...
L.H.
L'HÔTELLERIE n° 2633 Hebdo 30 Septembre 1999