Corrèze
Le bistrot, dans un village,
c'est un lieu de commerce, de rencontres, et d'échanges. Cette réalité menacée de
disparition par la désertification des campagnes, notamment corréziennes, n'a pas
échappé aux organismes consulaires des pays de Brive et de Tulle, inspirés par une
initiative développée à Forcalquier dans les Alpes-de-Haute-Provence : relancer
l'activité de ces points d'ancrage en leur donnant les moyens de le faire : aides,
définition d'une identité commune.
Les Bistrots de Pays ont vocation d'image et de vitrine. Ils doivent donc proposer des
produits locaux issus de leur environnement, servir de relais d'information en matière de
tourisme, et répondre à certains critères communs. Comme leur implantation,
obligatoirement sur des communes de moins de 1 000 habitants, ou leur spécificité en
tant que rare commerce survivant dans cette même commune.
Pour les recruter, la CCI a donc publié via les presses locales des annonces de recherche
en "cafés de campagne", correspondant aux paramètres ci-dessus. Objectif
premier, la très touristique vallée de la Dordogne, qui déroule ses méandres entre
Corrèze et Périgord. Parmi les nombreuses réponses, cinq professionnels ont finalement
été retenus par un comité technique réuni à la chambre des métiers de Brive. Ce sont
de simples bars, ou café-boucherie, ou café-tabac-épicerie. Le CDCE (comité
départemental des chambres économiques) leur demande d'appliquer un concept qui touche
à leur organisation, leur décoration et leur travail au quotidien, entre casse-croûte
campagnard, vitrine d'exposition de produits, mise à disposition de documentation pour
touristes, etc.
Cafés hors du commun
En échange, ces Bistrots de Pays bénéficieront d'une aide pour les travaux
indispensables à leur mise aux normes sous forme de subventions. Plafonnées à 200 kF
par bistrot, ces dernières viendront du Département, tandis que les rénovations en
cours se décideront en relation avec un bureau d'étude, travaillant de concert avec les
propriétaires. Le décor devra obligatoirement mettre en valeur un thème en rapport avec
l'identité historique, géographique et culturelle du lieu.
Sur le plan pratique, les patrons de ces cafés hors des sentiers battus seront
accompagnés par les CCI, CDT, OTSI, chambres des métiers, qui leur apprendront en
quelque sorte leur nouvelle spécialité. Les premières installations se mettront en
place dès cet automne afin que les établissements soient tous opérationnels dès le
printemps de l'an 2000. Il en va pour la plupart d'entre eux de la survie de leur village,
et, obligatoirement, de leur propre avenir. Afin que beaucoup continuent à vivre dans
leur pays.
J.-P. Gourvest
L'HÔTELLERIE n° 2633 Hebdo 30 Septembre 1999