Pays de la Loire
Certains établissements
cumulent les handicaps malgré la qualité de leurs prestations et la bonne volonté de
leurs propriétaires. Situés dans des milieux ruraux, éloignés des zones
traditionnelles de fréquentation touristique, les petits hôtels-restaurants risquent
l'anonymat. "Et c'est d'autant plus vrai s'ils comportent moins de sept chambres.
Du coup ils ne sont pas considérés comme des hôtels, ne rentrent dans aucune grille et
ne bénéficient pas d'aide à l'amélioration de l'hôtellerie", explique
Cécile Patron, chargée de l'organisation de l'offre au CRT des Pays de la Loire. Dès
lors, sans aucune présence dans les guides, la partie devient plus qu'ardue pour les
propriétaires des hôtels-restaurants concernés. "Pourtant, dans les petites
communes, il existe de très bons établissements proposant une table de qualité et des
chambres de caractère."
Pour soutenir cette petite hôtellerie rurale et "dans un souci d'aménagement du
territoire et de revitalisation des bourgs", la région des Pays de la Loire
vient d'innover en créant le label Auberges de village. Un terme judicieusement choisi
afin de rappeler ces haltes gourmandes de campagne, où le promeneur passe une nuit
agréable et bénéficie d'un accueil convivial et personnalisé. Auberges de village
rassemble aujourd'hui dix établissements situés en Loire-Atlantique, Mayenne, Sarthe et
Maine-et-Loire, la Vendée ne devant pas tarder à rejoindre le groupe. "Le
groupement s'ouvre aux hôtels-restaurants existants, situés dans des villages de moins
de 3 000 âmes et comportant de 3 à 6 chambres", précise Cécile Patron,
responsable de l'opération. Sans oublier une table raffinée, proposant plusieurs menus
et des produits de qualité. "La plupart de nos adhérents sont des jeunes qui ont
choisi de n'avoir que quelques chambres afin d'être au plus près du client. Dès lors
les relations deviennent très humaines et conviviales."
Pour adhérer aux Auberges de village, les hôteliers-restaurateurs se soumettent à la
charte du groupement, qu'une commission régionale se charge de faire respecter. Cette
dernière se compose de représentants régionaux (CRT, Région, Fédération régionale
de l'hôtellerie), du département concerné (conseil général, CDT, syndicat, CCI),
d'élus et de professionnels (2 maires de communes concernées par Auberges de village et
2 professionnels du groupement) etc. Elaborée en 10 points, cette charte renferme parfois
des critères bien précis. Les chambres par exemple, d'un minimum de 9 m2, comportent un
équipement sanitaire privatif séparé par une cloison avec douche, lavabo et wc. Un
service téléphone doit être mis à la disposition du client. L'hôtelier doit proposer
un menu à prix fixe et un menu enfant etc. "L'un des points fondamentaux demeure
le caractère régional de l'établissement", qui s'affirme dans la restauration,
dans l'environnement, dans la décoration et son ameublement. L'auberge du Parc à
Saint-Joachim se situe par exemple au cur du parc naturel de Brière. Cette
chaumière, dont la décoration intérieure rappelle le thème des oiseaux marins,
présente cinq chambres personnalisées. En Mayenne, l'Auberge du Roi René, demeure du
XVe siècle dotée d'une cheminée monumentale, trône dans le village médiéval de
Saint-Denis-d'Anjou. Et le reste des hôtels est au diapason de ces deux exemples.
Une clientèle élargie
"Nous souhaitons que nos adhérents ouvrent en permanence toute l'année et
notamment l'été afin de capter une clientèle touristique." Belges et Anglais
forment le cur de cible de la clientèle étrangère, sans oublier la clientèle
nationale de week-end. "Des personnes désireuses de découvrir un terroir et
aspirant à la convivialité." Et désormais, en adhérant à ce label, ces
petits hôtels-restaurants se font connaître et touchent toutes les clientèles. "Nous
avons tiré le dépliant à 20 000 exemplaires et le distribuons à chacune de nos
actions, salons etc. Les adhérents peuvent aussi profiter de la centrale de réservations
du CRT, la Western Loire, précise Cécile Patron. Ce regroupement permet aux
hôteliers de se faire connaître, mais également de se connaître entre eux afin de
partager, d'échanger leurs expériences qui sont souvent communes."
Mais l'autre avantage, et non des moindre, réside dans l'aide de la Région. Cette
dernière peut en effet soutenir les établissements dans leurs projets de création (s'il
n'existe qu'un restaurant par exemple) ou de réhabilitation. "Les subventions
sont plafonnées à 18 000 F HT par chambre. Elles atteignent 30 % d'un montant de
dépense plafonné à 60 000 F HT."
D'ores et déjà, des clients se déplacent, guide en poche, chez certains membres de
l'association. "Des établissements étaient connus pour leur restaurant mais pas
pour leurs chambres." Désormais ils pourront proposer un hébergement totalement
rénové à leur clientèle en quête de ruralité.
O. Marie
Auberge du Roi René, Saint-Denis- d'Anjou (53).
Auberge du Parc à Saint-Joachim (44).
L'HÔTELLERIE n° 2634 Hebdo 7 Octobre 1999