Toulouse, lycée technique d'hôtellerie et de tourisme d'Occitanie
Jour J moins 1, répétition
générale. Les 600 élèves sont sur leur trente et un, blazer bleu marine, chemise
blanche et cravate, jupe bleue marine pour les jeunes filles. Parfaitement alignés le
long de l'allée, les jeunes s'entraînent pour la haie d'honneur. Une salle a été
transformée par les BTS tourisme en véritable agence de voyages. Dans les cuisines, on
met la main aux dernières grandes pièces : masque superbe réalisé à partir de fruits,
de fleurs et de légumes, magnifique coq en chocolat et fusée d'un mètre de haut, prête
au décollage... Quatre salles sur le thème d'un salon de thé mettent en valeur café,
thé, chocolat, et jus de fruits... Quinze jours de préparation pour exprimer son
savoir-faire et montrer sa fierté de pouvoir faire ses études dans ce superbe
établissement, ouvert depuis septembre dernier et dont le coût s'est élevé à 115 MF.
Mais voilà, la veille à 19 h 30, par courrier, Robert Canton le proviseur recevait un
courrier du président de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, annonçant : "J'ai
estimé qu'il pourrait paraître inopportun d'inaugurer demain le lycée hôtelier au
moment où se déroulera à Toulouse une manifestation lycéenne décidée au plan
national." Un peu plus loin : "Précisément parce qu'il s'agissait d'une
grande fête, je souhaite - et vous le comprenez - éviter que certains interprètent
comme relevant de la provocation la coïncidence de sa date avec ce mouvement de
protestation. Un communiqué, le jour de l'inauguration, tenait à ajouter que cette
décision avait été prise en accord avec le recteur."
Incompréhension et déception
Au lycée, l'incompréhension s'ajoutait à la déception. L'établissement étant situé
à 8 kilomètres du centre-ville de Toulouse, on pouvait légitimement penser qu'il était
à l'abri des mouvements lycéens. Et quand bien même, si certains avaient souhaité
jouer les trouble-fêtes, la direction de l'établissement restait tout à fait sereine.
"J'avais prévu des rafraîchissements, explique Robert Canton tout à fait
prêt à recevoir les manifestants. Il était facile de leur expliquer que cet outil
était aussi le leur et qu'il correspondait précisément à leur souhait de pouvoir faire
leurs études dans un établissement performant."
Doit-on "plier" face à des menaces (qui plus est hypothétiques) ou au
contraire les affronter. La question, qui va au-delà d'une simple inauguration, mérite
d'être posée.
Quoi qu'il en soit, la prochaine inauguration - qui a été reportée à une date
ultérieure, sans plus de précision - risque d'avoir un goût amer.
B. Ducasse
Le coq en chocolat, l'une des pièces réalisées pour l'occasion.
L'HÔTELLERIE n° 2635 Hebdo 14 Octobre 1999