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A la loupe
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Christian Navet

46 ans, fils et petit-fils de cafetiers

Ancien élève de l'école hôtelière de Paris, le président de l'Union patronale des CHRD de l'Ile-de-France revendique son appartenance au monde du bistrot et sa croyance dans un syndicalisme nouveau. Parcours d'un homme en apparence tranquille.

Dire que l'homme est sans histoire est faux. Et pourtant, la simplicité, la sobriété, la discrétion habituelles qui caractérisent Christian Navet laissent croire en la tranquillité du personnage. Les apparences cachent l'essentiel. La détermination, l'opportunisme raisonné qui émaillent sa carrière, tant professionnelle que syndicale. Ce Parisien de naissance, lotois d'origine, a quitté les volcans d'Aurillac et les causses de Gramat pour la rue Médéric. Un BTH en trois ans ponctué de stages au Lutétia, au France et Choiseul, au George V puis au Claridge lui ouvrent des horizons, des labeurs, des modes de fonctionnement à la fois proches et éloignés des métiers qu'il côtoyait. Sa grand-mère tenait au début du siècle une des vingt-cinq licences IV (pour 25 000 habitants) de Bagnac-sur-Célé et ses parents veillaient depuis 1949 à la destinée du Chalet du Parc, une belle affaire au parc Montsouris, à Paris, dans le XIVe arrondissement. En se frottant aux grands hôtels, il reconnaît gagner en curiosité. L'adolescent, le jeune adulte prend de l'assurance. Et l'étudiant participe, convaincu, à la première grève - d'élèves - dans l'histoire de l'école hôtelière de Paris.
Sa vie professionnelle va réellement démarrer à l'hôtel Westminster, autre grand hôtel de la capitale. Il y exercera les postes de réceptionnaire et de caissier, cinq années durant.
Arrive 1977. L'année est à marquer d'une pierre blanche. Le voici qui prend la tête d'un café-tabac-restaurant, qu'il rebaptise le Royal Montsouris. L'établissement, situé à proximité de celui de ses parents, s'inscrit dans le registre traditionnel des brasseries. La même année, Christian Navet prend sa carte à la Fédération nationale de l'industrie hôtelière (FNIH). Dans le sillage d'un père fortement empreint de syndicalisme et de rôle social, d'ailleurs maire-adjoint d'un village dans le Lot.
Jusque-là, Christian Navet convient d'un parcours "passif". "En entrant dans le syndicalisme, j'ai voulu agir, me rendre utile. Parce que je me suis rendu compte qu'il y avait de gros clichés sur la profession, et notamment dans les familles dont les enfants sont susceptibles de faire un métier de l'hôtellerie, chez les conseillers d'orientation aussi, j'ai choisi de m'impliquer très tôt dans la formation." Un travail de longue haleine... "Vous savez, ajoute-t-il en souriant, quand j'étais à l'école, une conseillère d'orientation insistait pour que je devienne garagiste. Alors que j'ai toujours été nul en mécanique !"

Formation
Pêle-mêle, Christian Navet regrette qu'à l'heure actuelle des entretiens de motivation ne puissent avoir lieu avec les jeunes lorsqu'ils s'inscrivent dans les écoles hôtelières. "Il faudrait pouvoir les questionner sur leurs goûts, leur façon d'être. S'ils n'aiment pas la station debout, par exemple, il va leur être très difficile de travailler dans ce secteur. Or, ce type de problème, jamais on ne s'y intéresse. A côté de ça, est-ce qu'on leur explique vraiment les atouts de la profession, les perspectives de carrière ? Pas assez selon moi." Il parle également de la formation continue "pas suffisamment utilisée", voire "méconnue du secteur".
En intégrant la commission chargée de la formation au sein de l'ex-FNIH, à Paris (commission dont il a pris la présidence en 1997), Christian Navet a été confronté à l'Education nationale, aux rouages souvent complexes de l'administration, aux difficultés aussi de faire "bouger la profession". En cours pour lui : la rénovation du BAC Pro. "Nous allons ensuite entamer une réflexion sur l'ensemble de la filière. Le CAP Café-Brasserie est dans les tablettes."
Sur le syndicalisme, il constate : "Le secteur a pris une autre dimension. Prenez le cas de la formation, nous représentons la courroie de transmission entre les professions CHR et l'Education nationale. A une époque, notre syndicalisme était presque une amicale. Ceci est bien fini. Il faut un syndicalisme compétent et pratique, capable de répondre à un maximum de questions."
En acceptant la présidence de la chambre syndicale de la rue Saint-Sabin l'an dernier, celui-ci allait pouvoir pleinement mettre en œuvre sa conception du syndicalisme. "Il faut savoir se séparer du passé. L'immeuble de la rue Saint-Sabin, par exemple, était trop grand et pas du tout adapté aux besoins. C'est vrai que le déménagement marquait à mes yeux la volonté d'une ère nouvelle." Rebaptisé Union patronale des CHRD de l'Ile-de-France, le syndicat a donc été installé dans des "locaux informatisés et plus fonctionnels" près de Montparnasse. Restait l'organisation de l'équipe administrative. "Quand un professionnel téléphone, nous devons pouvoir le guider, le conseiller. Le contact téléphonique est très important de nos jours d'où le souhait du bureau d'agrandir le staff des permanents." Dans la foulée, le nouveau président a recruté un "commercial", quelqu'un qui va sur le terrain pour "discuter avec les professionnels qui n'ont pas souvent le temps de sortir de leur établissement. Ce commercial est là pour parler du syndicat, de l'intérêt, de la nécessité de se syndiquer de nos jours", et tenter de rattraper les 6 000 adhérents perdus en 12 ans par la rue Saint-Sabin, avant que Christian Navet n'en reprenne les rênes. "Je sais, le challenge est loin d'être gagné. Mais je continue à avoir la foi comme je reste persuadé que le bistrot a de l'avenir."
S. Soubes


"En entrant dans le syndicalisme, j'ai voulu agir, me rendre utile."

En dates

Naissance le 7 avril 1952
BEPC à Gramat en 1967, BTH à Paris en 1973
Acquisition de son propre bistrot en 1977
Membre du bureau de la FNIH à partir de 1980
Conseiller de l'enseignement technologique depuis 1992
Elu trésorier général de la FNIH en 1997
Prend la tête de la commission formation de la Fédération en 1997
Est élu président de la Chambre syndicale des CHR en 1998


L'HÔTELLERIE n° 2638 Hebdo 4 Novembre 1999

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