Les Sables-d'Olonne
Le compromis de cession a
été signé à la veille du bouclage du bilan 1999 dont les comptes sont arrêtés fin
octobre, sur la base de 28,50 MF de chiffre d'affaires environ, dont un produit de 26 MF
sur les jeux, essentiellement grâce aux machines à sous. En revanche le montant de la
transaction n'a pas été éventé.
Georges Siboun va donc tirer sa révérence d'ici la fin de l'année. En vendant ses parts
(il en détenait 99 %) de la SA Casino de la Plage, il se retire des jeux. Dans moins de
deux mois - le temps imparti à la police des jeux du ministère de l'Intérieur pour
agréer le nouveau concessionnaire - il quittera la place. Approchant les 70 ans, Georges
Siboun savait "l'échéance inéluctable". Elle avait beau être prévue, il ne
la ressent pas moins "brutalement".
Il était démarché depuis 1995. Cette année-là, le Casino de la Plage déménageait de
façon provisoire, pour près de trois ans, dans un quartier éloigné de son site
originel. Il quittait ainsi le site d'un premier casino type Eiffel ravagé en son temps
par la guerre pour rejoindre le bord de mer. Ce site, c'est aujourd'hui le site des
Atlantes, où le Casino de la Plage a retrouvé ses quartiers au printemps 1998.
L'établissement de jeux est plus exigu que par le passé, avec une façade sur rue
plutôt monotone.
Création d'une SA en 1995
C'est également en 1995 que Georges Siboun a dû créer la SA Casino de la Plage, et se
soumettre à la règle de l'appel d'offres (obligation de la loi Sapin) pour solliciter
une nouvelle concession auprès de la mairie. Pour la première fois, il ne se voyait pas
renouveler de gré à gré son bail de neuf ans - bail en nom propre - habitude qui avait
été prise depuis le début, en 1966.
Jusqu'alors, le concessionnaire n'avait eu qu'à gérer pour la ville un outil existant ;
en 1995 il lui fallait cette fois investir lourdement.
Pour la première fois, Georges Siboun avait un concurrent s'avançant sur son carré. La
famille Hoffmann, concessionnaire du Casino des Sports, se mettait sur son chemin tout en
se préparant à rénover son propre établissement pour en faire l'actuel Casino des
Pins. A l'heure du choix, les élus locaux furent partagés : certains militaient pour un
seul concessionnaire sur les deux établissements de jeux de la station touristique, les
autres au contraire voulaient maintenir la dualité existante.
En 1995, Georges Siboun, finalement reconduit, s'engageait à aménager à ses frais
"les quatre murs bruts de décoffrage" que la ville allait lui louer (500 000 F
par an) aux Atlantes.
Une bonne mise pour l'avenir
"J'ai investi 15 MF, j'ai passé des nuits entières à faire des plans pour
pouvoir tout faire entrer au centimètre près." Les surfaces imparties au jeu
sont plus restreintes que par le passé. Il y a quand même placé les différentes salles
de jeux obligatoires, le restaurant tout aussi obligatoire (126 couverts à plein) et bien
sûr 80 machines à sous qui sont la garantie de la prospérité de cet établissement qui
emploie à l'année 40 salariés (effectif augmenté d'une demi-douzaine lors de la saison
estivale).
La vente à Accor n'entraînera pas de conséquences sociales fâcheuses. Le vendeur est
même convaincu que ce sera une chance d'évolution professionnelle pour les employés.
"Certains auront sans doute des possibilités de promotion", allusion
directe aux plans de carrière éventuels dans un groupe nouveau dans le métier des jeux
mais en rapide expansion et plein d'ambition.
Et Georges Siboun de reconnaître que son "enfant lui échappe pour un avenir plus
florissant que celui qu'il aurait pu lui donner".
Mailler l'Europe
Ce groupe compte désormais près d'une quinzaine d'établissements : le Rhul à Nice
(troisième casino de France), Dinant en Belgique, Besançon, Cassis, Saint-Raphaël,
Mandelieu, Chamonix, Perros-Guirec, Bénodet, etc. Et alors que la moitié des quelque 160
casinos en France appartient à des indépendants, Nicolas Ricat annonce la couleur des
ambitions d'Accor : "On est attentif à toutes les opportunités, et notre
objectif est européen." Georges Siboun pourrait témoigner combien Accor le
pressait de signer depuis des mois, et encore combien il a été démarché par tous les
autres groupes : Barrière, Partouche, Emeraude, etc. Il côtoyait les uns et les autres
dans les réunions professionnelles, membre du Syndicat des casinos de petite et moyenne
tailles de France, il y était le "délégué des casinos de France". Il
connaissait personnellement ceux qui ont traité avec lui la vente à Accor.
Les cartes d'Accor
Au plan strictement local, Accor, déjà présent aux Sables-d'Olonne depuis dix ans avec
l'ouverture de l'institut de thalassothérapie couplé à un hôtel Mercure de cent
chambres, renforce ses positions. Il maîtrise désormais tout le fonctionnement
commercial du centre des Atlantes dont la gestion lui avait été confiée fin 97, avant
même la fin du chantier. Accor était le seul candidat en lice par le truchement de sa
société Atria et ne s'était engagé qu'avec l'assurance d'une participation financière
conséquente de la collectivité en cas de déficit d'exploitation. C'est aussi à une
société d'Accor qu'a été confié le parking souterrain des Atlantes. Avec la fonction
Casino entre ses mains, on s'attend à une circulation plus harmonieuse à l'intérieur du
bâtiment unique. Jusqu'à présent, le casino et le centre des congrès possédaient
chacun son entrée. Ce qui signifie qu'un congressiste ou un spectateur venu à un concert
doit d'abord sortir dehors et faire quelques pas dans la rue avant de trouver la porte du
hall du casino s'il lui vient l'envie d'aller boire un verre ou de jouer quelques pièces.
Il y a bien pourtant une porte de communication intérieure, mais jusqu'à présent elle
fait plus fonction de frontière que de passerelle. Cela ne devrait plus durer. Nicolas
Ricat explique en effet : "Il y aura des synergies à créer entre les structures,
on ne manquera pas de le faire."
H. Front
Georges Siboun va tirer sa révérence d'ici la fin de l'année après avoir vendu
ses parts de la SA Casino de la Plage.
L'HÔTELLERIE n° 2639 Hebdo 11 Novembre 1999