Stratégie
Robert Zolade, cofondateur du
groupe Elior, le concède : "On a la taille et la présence à l'international qui
nous permettraient de faire appel au marché." Une date pour l'entrée en Bourse
? "C'est une question à laquelle on ne peut pas répondre aujourd'hui. On y
réfléchit activement", complète son alter ego Francis Markus.
Dans les mois qui viennent, le N° 1 de la restauration concédée en France, également
N° 3 de la restauration collective en Europe, devrait faire ses premiers pas dans le
monde impitoyable des analystes financiers, investisseurs et spéculateurs en tout genre.
Une décision quasi inéluctable pour un groupe qui souhaite trouver de nouveaux capitaux
pour booster sa croissance tout en limitant les dettes. Pour l'instant, "l'essentiel
du financement des investissements est assuré par nos actionnaires-partenaires. Notre
niveau d'endettement (3,5 milliards de francs au 30 septembre 1998) n'a pas évolué en
1998 et 1999", explique le directeur financier du groupe.
"Nous voulons renforcer notre leadership en France et accélérer la mise en place
de partenariats à l'international avec des acteurs locaux", explique Robert
Zolade. Une stratégie qui a déjà porté ses fruits. En France, Avenance, la branche
restauration collective d'Elior, peut se féliciter d'avoir remporté l'été dernier la
gestion de 104 restaurants de France Télécom, soit 40 % de l'ensemble mis en appel
d'offres. Le chiffre d'affaires escompté est supérieur à 200 MF. Avenance a également
signé un accord de partenariat avec la Compagnie Générale de Santé, premier groupe de
cliniques privées en France, en vue de la création d'un pôle multiservice (cafétéria,
télévision...) pour le secteur de la santé. De son côté, Eliance, filiale de
restauration commerciale d'Elior, a remporté la concession de la restauration du parc des
Princes.
Le CA à l'international multiplié par 3
A l'étranger, les acquisitions, prises de participations et accords de partenariat se
sont multipliés. En Espagne, grâce à un partenariat avec Recyg, Elior devient le N° 1
de la restauration d'aéroports. En octobre dernier, le groupe français s'est offert 45 %
de Ristochef, la filiale de restauration collective du groupe Chef Italia. En
Grande-Bretagne, le groupe s'attaque à la restauration d'autoroutes par l'intermédiaire
d'un accord passé avec la société britannique Swayfields tout en remportant l'appel
d'offres pour assurer la restauration du personnel de la Lloyd's à Londres (50 MF de CA
annuel prévu). Les exemples ne manquent pas et les chiffres avancés par Elior
témoignent de cette volonté expansionniste : le chiffre d'affaires à l'international,
qui était de 950 MF (au 30 septembre 1998), devrait dépasser les 3 milliards de francs
en l'an 2000 (sur une base de 12 mois pro forma consolidés à 100 %), soit un triplement
de l'activité hors France en deux ans. "On entame avec 3 à 4 ans de retard notre
développement à l'international", dit Robert Zolade. Quatre ans de retard par
rapport aux deux concurrents directs, Sodexho et Compass, qui ont posé leurs jalons
depuis quelques années déjà.
Chez Elior, on affiche une grande sérénité. Le chiffre d'affaires du groupe est passé
de 9,6 milliards de francs (exercice clos au 30 septembre 1998) à 10,5 milliards de
francs (au 30 septembre 1999). Le nombre des restaurants gérés ou possédés s'est
également accrû : de 6 776 à 7 250. Le groupe emploie désormais 29 500 personnes.
Quant à l'entrée en Bourse, Robert Zolade s'empresse de préciser que le statut d'Elior,
société en commandite par actions, assure aux deux présidents le "contrôle
managérial opérationnel" quel que soit le pourcentage d'actions détenues.
Robert Zolade et Francis Markus, qui détiennent aujourd'hui via HBM (Holding Bercy
management) 42,4 % du capital, resteront les patrons.
N. Lemoine
Francis Markus et Robert Zolade, coprésidents d'Elior.
L'HÔTELLERIE n° 2641 Hebdo 25 Novembre 1999