Après avoir assaini leurs
comptes ces dernières années, renégociant leurs emprunts et rationalisant leur
organisation, puis conquis de nouveaux marchés pour consolider leurs chiffres d'affaires,
les professionnels se trouvent aujourd'hui confrontés à la très dure réalité de la
gestion des ressources humaines. Une gestion d'autant plus difficile à maîtriser qu'elle
ne connaît pas de réels marqueurs et qu'elle se mesure très mal tant sur les bilans que
sur les comptes de résultats. Le problème est réel, la pénurie de main-d'uvre se
confirme chaque jour dans le secteur et face à une demande de la clientèle de plus en
plus forte, les employeurs, hôteliers, cafetiers comme restaurateurs, sont démunis pour
assurer, dans de bonnes conditions, les prestations attendues. Une réalité que ces
employeurs vivent avec une certaine fatalité et un réel accablement, souvent persuadés
qu'ils ne peuvent que subir cette situation. Ils évoquent facilement ceux qui, à leurs
yeux, porteraient la responsabilité des difficultés qu'ils rencontrent : la société en
général, les parents, la loi Aubry et bien sûr l'Education nationale. Ce qui est sûr
c'est que la société évoluant - et c'est une constante - les jeunes ont aujourd'hui un
autre rapport avec l'entreprise, avec le monde du travail et comme c'est avec eux qu'il
faut envisager l'avenir, il est plus sage de s'adapter que de désigner d'hypothétiques
responsables. Faute de quoi, cette situation n'ira qu'en s'accentuant pour tous ceux qui
continueront à vouloir nier l'importance des relations humaines au sein de leurs
équipes. La reprise aidant, les autres secteurs recrutent en nombre et la mobilité des
salariés s'accentuera d'autant plus que la surenchère salariale se fera sentir.
Au-delà de la rémunération, les salariés attendront de plus en plus autre chose de
l'entreprise : une réelle reconnaissance de la qualité de leur travail, mais aussi un
niveau d'exigence justifié par un esprit d'équipe et d'entreprise valorisant,
volontaire. Evoluer techniquement mais aussi se réaliser humainement au sein d'une
équipe, auprès d'un chef d'entreprise motivant et fédérateur, telle sera l'exigence
qu'auront de plus en plus les salariés à l'approche du plein emploi. Un plein emploi que
l'on nous promet justement pour demain !...
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2641 Hebdo 25 Novembre 1999